De façon générale, autant quand on regarde leur fiche que lorsque l’on décortique leurs matchs, on se doit de constater que les Raptors de Toronto sont relativement décevants depuis le début de la saison. En remportant seulement deux de leurs dix premiers matchs, le doute s’est clairement installé. Dans la tête des joueurs d’une part. Et dans l’esprit des partisans également. La barre avait été levée si haute en 2019. Puis maintenue en altitude contre toutes attentes en 2020. Comment concevoir donc qu’une troupe dirigée par Nick Nurse pourrait se situer en milieu de peloton du jour au lendemain ? La culture d’équipe est trop forte disaient-ils. Le système de jeu collectif trop établi. Etc…..

Mais en toute franchise, rares sont les clubs qui perdent des gladiateurs comme Kawhi, Ibaka et Gasol en l’espace de deux saisons sans en ressentir les conséquences.

Loin de moi de vous dire que la saison en cours est perdue et que le drapeau blanc devrait être agité par Masai Ujiri. Après avoir perdu une panoplie de matchs serrés au départ, et tout plein de rencontres qu’ils menaient au quatrième quart, les champions en titre ont montré des signes encourageants depuis quelques semaines. Ils ne se font jamais surclasser et tiennent toujours tête aux meilleurs clubs du circuit.

Il y a deux façons bien claires de décortiquer froidement leur statut en date du 1er février.

Le constat pessimiste : leur fiche est de 8 victoires et 12 défaites. Il s’agit du 8e pire rang dans la NBA. Et ils entament mardi un périlleux périple de 6 rencontres en 11 jours qui ne sera pas simple à naviguer.

Le constat optimiste : ils ont remporté 6 de leurs 10 derniers matchs. Leur différentiel de points de +1,0 les place 13e sur 30 (un bon indicateur). Et ils ne sont qu’à un petit match des séries.

Mais peu importe le point de vue qui vous allume le plus, une évidence devient impossible à ignorer : le club actuel ne peut pas réellement aspirer aux grands honneurs en 2021. Soir après soir, la marge de manœuvre des Raptors est très petite. Trop petite. Avec quelques contre-performances individuelles, les chances de s’en tirer quand même avec la victoire deviennent très minces.

Siakam et Anunoby ont connu quelques explosions, mais manquent de constance. Baynes et Boucher se débrouillent mais ne sont pas au même niveau que les centres de premier plan de la ligue. Lowry a autant de cœur qu’avant, mais il vieillit et n’a jamais été le marqueur le plus naturel. Et VanVleet s’avère une excellente deuxième ou troisième option, mais pas une première sur un club à tout casser. Son physique l’empêche souvent de dominer et créer un panier automatique quand la situation l’exige.

En bref, il manque un joueur dominant, explosif et fiable qui permettrait ensuite de placer tous les autres acteurs de soutien dans une case à leur mesure. C’est ce que Kawhi offrait en 2019.

Ce qui me ramène au titre de mon article : que faire avec le reste de la saison en cours ? L’option facile serait de garder tous les morceaux en place. Espérer que la santé demeure au rendez-vous, que la chimie continue de se développer, que tous les joueurs progressent dans le bon sens. Si tout ceci se produit, le scénario le plus optimiste serait de remonter au sixième rang environ. Un duel au premier tour avec les Bucks, Celtics ou Sixers les attendraient. Pas une mince tache.

Il faut ensuite se demander ceci : est-ce que ce scénario en vaut vraiment la peine? À court, moyen ou long terme?

Dans la NBA, tu es mieux d’être en haut ou en bas de classement. Le milieu, c’est un peu la mort. Terminer 8e de son association signifie généralement une défaite en première ronde. De plus, tu ne participes jamais à la loterie et tu repêches généralement autour du 17e rang. Parlez-en aux Spurs de San Antonio depuis les départs de Duncan/Parker/Ginobili/Kawhi. Trop bien dirigés pour sombrer dans les bas-fonds... mais pas assez talentueux pour aspirer aux plus hauts sommets.

Les Raptors doivent à tout prix éviter d’obtenir cette étiquette selon moi.

Rares sont les joueurs sélectionnés en milieu de première ronde qui ont ensuite le talent de changer le cours des choses pour une équipe. Il y a évidemment des exceptions à cette règle, comme Mitchell, Adebayo, Booker et Giannis. Mais ce sont, à mon avis, des exceptions qui confirment la règle.

Et soyons francs : les chances d’attirer un agent libre de premier plan à Toronto sont plutôt faibles. Le ‘fan base’ est solide, puis la ville et l’organisation sont respectées. Mais des marchés comme Los Angeles, New York, Miami, Boston, Philadelphie ont encore la cote. Le mirage Giannis était excitant, mais pensiez-vous vraiment que le Greek Freak allait quitter le Wisconsin pour l’Ontario quand toutes les autres destinations ‘glamour’ cognaient à la porte ?

C’est donc par la voie du repêchage et des transactions que les Raptors peuvent espérer se démarquer.

Le noyau actuel qui leur sert de fondation est assez facile à énumérer : VanVleet, Anunoby, Siakam, Boucher et Malachi Flynn.

Pour le reste, c’est plus nébuleux. Et les cas les plus intéressants sont ceux de Kyle Lowry et Norman Powell.

Dans les deux situations, l’autonomie complète se manifestera dans quelques mois à peine. Lowry a 34 ans mais demeure un guerrier et un leader incontesté qui pourrait aider n’importe quel club à chasser le trophée ultime. Quant à Powell, il n’a que 27 ans, joue du basket solide cette saison et voudra frapper le gros lot très bientôt.

Masai Ujiri, dont le contrat de président viendra également à échéance cet été, est ainsi confronté à un dilemme clair et simple. Échanger K-Lo et Powell prochainement afin de profiter de leur valeur pour rajeunir son club avec une reconstruction rapide en tête? Ou prolonger leurs contrats et tenter de bonifier le club pour viser le plus haut possible en 2021?

Fans des Raptors, vous ne m’aimerez pas avec le prochain paragraphe, mais je m’assume...

J’échangerais les deux prochainement et je jetterai l'éponge sur la saison en cours. Une campagne, dois-je le rappele, que les hommes de Nick Nurse disputent à 100 % loin de Toronto et de leurs fans. Loin d’être évident à vivre. Je traiterais 2021 comme une anomalie et j’en profiterais pour entamer une mini-reconstruction qui fera moins mal aux partisans dans les circonstances inhabituelles que l’on traverse. Le repêchage de l’été à venir s’annonce très solide et il y a potentiellement moyen d’y mettre la main sur un ou deux gros joueurs pour la suite du projet.

J’aime beaucoup Powell, mais j’aurais peur d’accoter une offre de 20 ou 25 millions par année (faite par un club désespéré) si j’étais dans les souliers de Masai.

Quant à Lowry, il est assurément le joueur qui a accompli le plus dans l’histoire du club. Le deuil pour le mouvement ‘We The North’ serait majeur, mais inévitable. Les chances qu’il soit encore un acteur crucial à Toronto pour un club qui aspire légitimement au titre? Faibles. Il faut parfois couper la corde avant qu’il ne soit trop tard. Même si le volet émotif de la chose nous supplie de résister à la tentation.

Offrir des nouveaux contrats aux deux signifierait brûler tout son capital salarial. Se garantir une place en milieu de peloton. Et devenir tranquillement les Spurs de la côte Est. C’est mon humble d’avis du moins.

En contrepartie, ma proposition garantirait (ou presque) de finir dans la loterie en 2021 mais ne mènerait pas à une reconstruction massive de plusieurs saisons. Leur jeune noyau est solide et leur structure organisationnelle est en haut de la moyenne du circuit. Ce sont des faits à ne pas oublier.

Le but ici serait de rajouter deux bons jeunes et un solide vétéran cet été. Et de repartir en force dans un an sur des bases ultrasolides. Idéalement devant leurs partisans survoltés en sol canadien.

Les dirigeants torontois oseront-ils mettre un tel plan à exécution? Je n’en suis pas certain. Mais je vous garantis qu’ils en discutent plus sérieusement qu’auparavant. 

 

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