Le 28 octobre 2012, le Thunder d’Oklahoma City procédait à une des pires transactions (à mon avis) depuis une dizaine de saisons dans la NBA. N’arrivant pas à s’entendre avec leur sixième homme par excellence, l’émergent James Harden, sur les termes d’un nouveau contrat, ils avaient préféré l’échanger aux Rockets de Houston avant la date limite. Même s’il était encore sous contrat avec le Thunder, au rabais, pour une autre saison complète.

En retour, ils avaient essentiellement obtenu Kevin Martin, Jeremy Lamb et deux choix de première ronde. Les choix au repêchage en question devinrent respectivement Steven Adams en 2013 et Mitch McGary en 2014. Donc parmi les quatre joueurs obtenus, seuls McGary et Adams évoluent encore pour cette équipe du Midwest américain et seul Adams est présentement utile à la cause du club. Bien qu’il apporte de fiers services dans son rôle de mastodonte avec le Thunder, Adams n’est assurément pas un joueur de concession.

Quand je vois une équipe paniquer de la sorte et échanger un joueur vedette contre 3 ou 4 morceaux de rechange, le nom Patrick Roy me vient immanquablement en tête. Mais bon, c’est juste le partisan masochiste et refoulé du Canadien en moi qui remontera toujours à la surface…

Pourquoi avaient-ils jeté l’éponge dans le dossier Harden à l’époque? Nous avions rapidement appris que ce dernier voulait un pacte de 60 millions pour quatre ans alors que le Thunder ne souhaitait pas excéder 55,5 millions pour la même période.

On parle ici de montants obscènes, j’en conviens, mais imaginons pour deux minutes qu’il s’agissait en fait d’argent Monopoly. Si vous êtes prêts à payer 14 dollars pour une propriété convoitée, vous êtes probablement prêts à bonifier votre offre à 15 dollars pour vous assurer de l’acquérir, non? L’état-major du Thunder avait ensuite tenté de calmer les partisans frustrés et de justifier l’échange en prétextant des contraintes de plafond salarial et de taxes potentielles à payer à la ligue. Un petit marché comme le nôtre se doit d’être prudent et de faire des sacrifices à l’occasion… tel fut le discours officiel.

En fait, c’était de la foutaise comme argument. Ils avaient tout simplement fait les mauvais choix en octroyant, par exemple, un an auparavant, 8 millions par année pour quatre ans à Kendrick Perkins. Un joueur tout à fait remplaçable par beaucoup moins cher que lui. Et trois ans plus tard, ils accepteront de verser 17,5 millions par saison au gentil géant Enes Kanter. Des sommes d’argent qui auraient dû servir à garder Harden dans son uniforme bleu d’origine.

Donc, un an après avoir perdu la finale de l’Ouest de 2011 et quelques mois seulement après s’être inclinés en grande finale face au Heat, le Thunder démantelait volontairement son trio de l’avenir (Kevin Durant, Russell Westbrook et Harden) tout juste avant d’avoir la chance de franchir le pas ultime. En entrevue avec le réseau ESPN en avril dernier, on a constaté que Harden n’a toujours pas digéré son départ du Thunder et sa séparation de ses deux acolytes. Et ce, même s’il est devenu un joueur étoile ainsi que le premier violon avec les Rockets. Il sait pertinemment qu’on lui a peut-être arraché des mains sa meilleure chance d’être sacré champion du monde et sa seule occasion aux côtés de ses deux grands amis.

Depuis ce temps, je suis de l’avis que le Thunder ne sera jamais tout à fait assez bon pour déloger les Warriors de Golden State ou les Spurs de San Antonio au sommet de l’Ouest. Que Harden a été le morceau manquant à cette quête inachevée et que le duo Durant/Westbrook ne peut tout faire seul. Sans oublier que Durant devient joueur autonome sans compensation cet été et qu’il sera potentiellement tenté par un marché plus attrayant. Et bien voilà que les hommes de Billy Donovan sont en train de me faire mentir depuis un mois. Ils ont d’abord anéanti les Mavericks de Dallas en cinq matchs avant de surprendre tout le monde en venant à bout des vénérables Spurs en six duels. Leur confiance grandit chaque soir et ce sont potentiellement les Warriors qui paieront prochainement la note.

Le premier match de la série finale de l’Ouest, lundi soir en Californie, représente l’exemple parfait d’une équipe qui arrive à maturité au bon moment. Ils perdaient par 13 à la demie contre un club ayant remporté 72 de ses 76 derniers matchs à domicile. Et ils n’avaient pas l’air inquiet au début du troisième quart. Westbrook est redevenu lui-même, survolant le terrain comme un athlète d’une classe à part. Durant a réussi quelques gros tirs malgré une soirée moyenne dans l’ensemble. Et le Thunder a lancé un message fort aux champions en titre en soutirant la première bataille. Golden State a paru vulnérable pour une rare fois alors que Steve Kerr ne savait plus vers qui se tourner pour ralentir le monstre à deux têtes d’OKC.

Mercredi soir, lors du second acte, on a obtenu la confirmation que ce combat pour poids lourds allait potentiellement nécessiter chacun des sept rounds afin de couronner un champion. Steph Curry a tenu à rappeler aux détracteurs qu’il n’était pas deux fois joueur le plus utile en titre de la NBA pour rien. Avec 28 points, sur seulement 15 tirs du périmètre, il a montré que son genou semblait en santé et qu’il ne serait pas surclassé de si tôt par Russell Westbrook. Ce sont ses 17 points en moins de cinq minutes au troisième quart qui auront cloué le cercueil du Thunder.

Marque finale : 118-91.

Alors que l’on croyait les acteurs de soutien du Thunder en mesure de tenir tête à ceux de Golden State, le retour à la réalité fut plus brutal que prévu. Après Durant et Westbrook, aucun de leurs coéquipiers n’aura marqué plus de neuf points mercredi. Pendant ce temps, Steve Kerr aura pu compter sur sept marqueurs dans les deux chiffres. Gros contraste.

Les deux clubs auront maintenant amplement le temps de se reposer puisqu’ils se retrouveront seulement dimanche à Oklahoma City pour le troisième match. Au cas où vous l’auriez oublié, la plus récente visite des Warriors au Cheasapeake Arena a été décidée sur cette séquence.

Une fin de série qui promet…

La loterie de mardi

Avant de boucler cet article, je m’en voudrais de ne pas glisser un mot au sujet de la loterie de la NBA qui s’est déroulée mardi soir. Les Sixers de Philadelphie, qui présentent une pitoyable fiche de 47 victoires et 199 défaites (19% de réussite!!!) depuis trois saisons, ont hérité du premier choix pour la première fois depuis leur savante sélection d’Allen Iverson en 1996. Les probabilités sont fortes qu’ils se tournent vingt ans plus tard vers un prodige australien du nom de Ben Simmons. Né à Melbourne exactement 24 jours après la sélection d’Iverson à l’époque, le jeune ailier semble avoir tous les atouts requis. Haut de 6 pieds 10 pouces, capable de manier le ballon comme le faisait jadis Magic Johnson, doté d’une vision du jeu hors pair, il en a impressionné plus d’un lors de son unique saison avec les Tigers de LSU dans la NCAA.

S’il arrive à développer un tir du périmètre plus fiable et constant, il deviendra assurément un joueur étoile.

Les pathétiques Lakers de Los Angeles, choisissant deuxième au total pour la deuxième saison de suite, se tourneraient alors vers le seul autre athlète de cette cuvée qui semble faire l’unanimité comme future vedette (et qui aidera à faire oublier Kobe Bryant ) : Brandon Ingram, issu de l’Université Duke.

Je vous invite ensuite à surveiller le nom de Jamal Murray (Kentucky) le soir de cet encan amateur. Le jeune homme originaire de Kitchener représente le plus récent basketteur ontarien voué à un grand avenir, tant chez les pros qu’avec l’équipe nationale canadienne. Il devrait entendre son nom entre les rangs trois et sept.

Et finalement, mention honorable aux Raptors. Bien qu’ils aient atteint le carré d’as en 2016, ils parleront tout de même dès le 9e rang en raison de cette astucieuse transaction avec les Knicks de New York en 2013 alors qu’ils s’étaient débarrassés du décevant Andrea Bargnani. Ils ne pourront pas sélectionner une valeur sûre à ce moment, mais auront l’embarras du choix sur des joueurs à haut risque avec fort potentiel.