Le RDS.ca est heureux de compter sur son nouveau collaborateur, le joueur des Raptors de Toronto Chris Boucher. D'ici la fin de la saison, vous pourrez lire régulièrement ses chroniques. Voici sa première... 

Cet été, je ne savais pas ce qui allait se passer. Quand j’ai été libéré par les Warriors de Golden State, je me suis vraiment concentré sur mon entrainement estival dans le but d'être prêt pour l’appel d’une équipe de la NBA pour évoluer en Summer League.

C’est là que Toronto s’est manifesté pour me donner un essai estival, dans l’espoir que je pourrais évoluer avec eux. C’est vraiment là que tout a commencé.

J’ai passé tout l’été à évoluer dans différents camps avec l’organisation. De mai à août, j’ai passé mon temps avec eux avant de recevoir une invitation au camp d’entraînement.

Ça m’a fait bien du bien de rentrer au Canada et d’être proche de ma famille. Durant tout mon parcours comme joueur de basketball, j’ai dû m’éloigner de ma famille. De New Mexico au Wyoming à l’Oregon, le chemin a été long. Revenir au Canada, près de mes racines, ça a fait une grosse différence. Tout ça a vraiment pris forme avec ce match préparatoire, présenté à Montréal devant les miens, dans les couleurs de la seule équipe canadienne de la NBA.

Apprendre des expériences du passé

Le fait d’avoir perdu mon opportunité à Golden State m’a vraiment ouvert les yeux. J’ai réalisé beaucoup de choses après cette première année chez les professionnels.

La vie est vraiment différente de l’université, où il faut jongler avec les réalités de la vie d’étudiant-athlète. Ça rend les choses beaucoup plus structurées.

La NBA, c’est la vie d’adulte. Tu es responsable de tout.

C’est là que j’ai réalisé que je devais prendre les choses plus au sérieux. Il faut être prêt – toujours être prêt – pour toutes les situations qui se présentent. Il y a un aspect mental tellement important dans tout ça. En abordant ma deuxième année, j’ai réalisé ce que je voulais, ce que je devais travailler, autant mes points forts que mes faiblesses.

Une évolution qui se transmet sur le terrain

Mon travail sur l'aspect mental du jeu m'a vraiment de grandir comme joueur et tout ça a transpiré sur mes performances sur le parquet. Avec la formation du 905, l’équipe-école des Raptors dans la G-League, mon niveau de performance a vraiment évolué (moyennes de 27,4 points, 11,1 rebonds et 4,4 blocs depuis le début de la saison).

Le jeu est devenu un peu plus lent pour moi, je commence à vraiment réaliser l’étendue des choses que je peux accomplir sur le terrain. Avant tout, je veux montrer aux gens que j’appartiens à la NBA.

Pour moi, jouer dans la G-League, c’est une occasion de devenir un meilleur athlète, mais aussi de prouver que je peux évoluer à un autre niveau. Chaque fois que j’enfile le maillot du 905, je joue pour montrer que je suis le meilleur et que je travaille pour être un joueur de la grande ligue. Chaque opportunité qui se présente à moi, je la prends comme si c’était la dernière. Je fais ce que j’ai à faire et je tente toujours de démontrer ma passion pour le sport.

Mes performances récentes dans la G-League m’ont certainement donné un petit boost de confiance. Ça fait longtemps que je m’imaginais atteindre ce niveau et finalement j’y arrive. Quand je regarde derrière moi, je réalise tout le chemin parcouru et quand je regarde vers l’avenir, je suis rempli de confiance.

Je sais que je peux toujours faire mieux. Je me demande toujours ce que je peux améliorer, même après une bonne journée. Quand je me suis blessé, j’ai réalisé que la chance de jouer au basketball peut disparaître à tout moment, alors il faut savoir saisir chaque opportunité qui se présente à nous.

De bons exemples à suivre

Je suis quelqu’un de très calme dans la vie et j’adopte cette attitude quand je suis appelé à évoluer avec les Raptors. C’est dur de ne pas apprécier quelqu’un qui est calme. Les gens me parlent, je réponds aux questions, je fais ce que j’ai à faire, c'est ma personnalité.

J’essaie d’observer et d’apprendre des joueurs qui sont là depuis longtemps comme Kawhi Leonard et Serge Ibaka. Ces gars-là savent ce qu’ils font, ils jouent plus de 30 minutes par matchs tous les soirs.  Je tente d’observer leurs habitudes et ce qu’ils appliquent pour pouvoir demeurer aussi constants, aussi performants.

Évidemment, j’ai pu observer les grands à Golden State – de multiples champions de la NBA comme Stephen Curry, Kevin Durant et Draymond Green – et je fais la même chose à Toronto. Un gars comme Ibaka, avec son parcours, sa longévité, le fait d’écouter ses conseils et comment il a fait pour arriver jusque-là, ça m’aide beaucoup. Il y a beaucoup d’aspects de son jeu que je peux reproduire aussi.

J’ai la chance de pouvoir évoluer avec un joueur de la trempe de Kawhi Leonard. Malgré son statut de supervedette, Kawhi est un gars ordinaire. Même s’il est un peu plus fermé et que c’est dur pour le public de voir sa personnalité, c’est vraiment une personne comme une autre. Quand on est ensemble, on discute et on rigole. Même si les médias peinent à s’en approcher et à le découvrir, on réalise que c'est un homme très simple quand on le côtoie et on a la chance de passer du temps avec lui.

On parle même un peu le français dans le vestiaire. Avec la présence de Serge, de Pascal Siakam et de quelques entraîneurs francophones, ça fait toujours du bien de sortir un : « Allo, ça va bien? » ou une petite joke. Ça fait du bien d’entendre parler ma langue dans la NBA.

Continuer de bâtir pour l’avenir

Le fait de faire constamment la navette avec le 905 et les Raptors, ça demande beaucoup d’efforts, mais ça accélère clairement mon développement.

Dans la G-League, je suis un leader et je tente de prendre le contrôle, alors que dans la NBA, je suis là pour aider et pour prendre les opportunités qu’on me donne. Ça me donne deux visions du sport et ça me permet de comprendre ce que je fais de bien.  C’est très positif de pouvoir apprendre dans deux environnements distincts. C’est beaucoup de basketball, mais en prenant bien soin de mon corps, je suis capable de gérer cette charge de travail.

En ce moment, je fais ce qu’on me dit de faire. Je continue mon évolution, je prends mes opportunités quand je peux évoluer dans la NBA – ce qui est déjà bien mieux que l’année passée.

J’utilise chaque jour pour apprendre le plus possible. Je me concentre pour finir l’année en force et voir ce qui se passera pour l’année prochaine. Je pense m’être mis dans une bonne situation en prouvant aux gens ce que je suis capable d'accomplir. L’année prochaine, ce sera une autre situation.  Si je continue de faire ce que je réalise dernièrement, le temps va bien faire les choses. Je fais ce que j’ai à faire, je suis là à l’heure, je fais du temps supplémentaire, je m’entraîne au gymnase – je suis partout où je suis censé être - et quand on me donne mes minutes, j’en profite.

À un moment donné, ma chance arrivera. Toute ma vie ce fut le cas. J’ai toujours dû travailler fort et faire mes preuves, mais quand on me donne ma chance, je la saisis. Il faut simplement laisser le temps faire son œuvre.

Propos recueillis par Jérémie Asselin