SAITAMA (AFP) - Avec la Grèce et l'Espagne qui s'affrontent dimanche en finale du Championnat du monde, le basket-ball, phagocyté depuis quarante ans par trois nations, entre dans une nouvelle ère.

Ce sera la première fois depuis 1963 que le champion ne viendra ni de Russie, ni de Serbie-Monténégro ni des Etats-Unis. Auparavant, le Brésil, par deux fois, et l'Argentine, vainqueur de la première édition en 1950, avaient été les seuls autres champions du monde.

Ce monopole est encore plus flagrant aux jeux
Olympiques, où seule l'Argentine, en 2004, est parvenue à briser l'hégémonie du triptyque.

C'est donc un monde nouveau qui va naître dimanche au pays du Soleil Levant, lorsque la Grèce ou l'Espagne deviendra le sixième champion du monde de l'histoire.

Pour la troisième fois de suite, une nation européenne va l'emporter, ce qui récompense la domination croissante du Vieux Continent qui a placé six équipes en quarts de finale au Japon.

Cette sixième finale 100% européenne, la première n'opposant pas la Russie (ou URSS) à la Serbie-Monténégro (ou Yougoslavie), est également complètement inédite pour ses deux participants.

Grèce et Espagne n'ont en effet jamais fait mieux qu'une quatrième place (1998 pour la première, 1982 pour la seconde) dans un Championnat du monde et monteront pour la première fois de leur histoire sur le podium.

Sans Gasol

Si les Grecs ont déjà gagné deux Championnats d'Europe (1987 et 2005), les Espagnols sont, eux, toujours à la recherche de leur premier titre dans une grande compétition internationale.

A plusieurs reprises, ils ont été proches du but, avant d'échouer en finale (J0-1984, Euro-1999, Euro-2003), s'attirant ainsi une réputation de "loser".

Au moment où tout semblait enfin réuni pour mettre fin à la malédiction, un nouveau malheur a frappé l'Espagne, avec la perte de son meilleur joueur, Pau Gasol, victime d'une fracture au pied gauche lors de la demi-finale face à l'Argentine vendredi.

Cette blessure est un coup dur pour les Espagnols, tant Gasol a éclaboussé de sa classe un tournoi, dont il est le troisième meilleur marqueur (21,3) et rebondeur (9,4).

Alors que la finale s'annonçait plutôt équilibrée, l'absence du pivot des Memphis Grizzlies fait mécaniquement glisser la Grèce dans le rôle de grand favori de la rencontre.

Sans lui, les Espagnols se retrouvent dans la même configuration qu'à l'Euro-2005, où ils avaient fini à la quatrième place du tournoi remporté par les Hellènes.

La Grèce pour le doublé

Dimanche, ils seront sans doute amenés à jouer différemment sans leur principal point d'ancrage (2,13 m), en privilégiant notamment la défense de zone dans l'espoir que leurs shooteurs comme Juan Carlos "la bomba" Navarro trouvent la cible de loin.

"Pau est un joueur très important pour nous, mais nous sommes habitués à jouer sans lui, tout en gardant quand même un bon niveau de jeu", estime le sélectionneur Pepu Hernandez.

Cela risque néanmoins d'être un peu juste pour contrer l'impressionnante muraille grecque. Le principal danger pour les Hellènes est de décompresser après leur victoire sensationnelle sur les Etats-Unis vendredi.

C'est d'ailleurs ce que redoute un peu le sélectionneur Panagiotis Yannakis lorsqu'il dit: "Une grande victoire peut faire changer votre attitude. J'espère que cette victoire (contre les Américains) va au contraire nous unir encore plus. Je pense qu'on a le caractère pour."

Si son équipe se montre à la hauteur de la confiance de son entraîneur, la Grèce ne sera pas très d'un loin d'un formidable doublé Euro-Mondial, que seules l'URSS et la Yougoslavie ont réussi par le passé.