Je suis honoré d'avoir travaillé avec Serge Savard, dont le numéro sera hissé dans les hauteurs du Centre Bell samedi soir. Serge est l'un des grands dans l'histoire de la Ligue nationale de hockey et tout ce qui lui arrive présentement est pleinement mérité.

Sur la glace, c'est un joueur qui pouvait apporter tellement de choses à une équipe. Défensivement, on ne pouvait lui faire aucun reproche. Il savait s'imposer physiquement et ajouter sa touche en attaque. Mais le plus important, c'est qu'on savait à quoi s'attendre de lui à tous les soirs. Ses coéquipiers savaient que c'était quelqu'un sur qui ils pouvaient se fier. Serge Savard n'a jamais été reconnu pour prendre des congés.

J'ai été impressionné par le directeur général qu'était Serge dès le premier contact que j'ai eu avec lui. J'arrive devant lui, un gars qui est déjà au Temple de la renommée, qui a gagné huit coupes Stanley comme joueur et déjà une comme dg. Il y a de quoi être impressionné! Devant un homme d'une telle prestance, tu n'as pas un mot à dire… tu écoutes! C'est ce que j'ai fait et il m'a appris bien des choses.

Il a été l'architecte de l'équipe qui m'a procuré une bague de la coupe Stanley en 1993. N'eut été de l'acquisition de Vincent Damphousse et Brian Bellows, je suis convaincu que notre parcours n'aurait pas été le même.

Un de mes plus beaux souvenirs avec lui, c'est après notre deuxième défaite contre les Nordiques, dans les séries de 93. Après le match, il était entré dans la chambre et m'avait dit qu'il était convaincu qu'on allait revenir dans la série. Il l'a dit tellement fort que tous les joueurs l'ont entendu. Il était tellement respecté de tout le monde. Il nous a fait sentir qu'il croyait en nous.

Quand nous avons été victimes du grand ménage de l'organisation du Canadien en 1995, je me dirige vers le bureau de M. Corey pour apprendre la nouvelle quand je croise Serge au septième étage du Centre Molson. Il me regarde et me dit tout bonnement, comme ça, que je m'en va me faire congédier. Il travaillait pour le Canadien depuis 30 ans et semblait avoir encaissé la nouvelle avec un calme déconcertant. Je n'en revenais pas.

En véritable paquet de nerfs que je suis, ça m'a pris environ 30 secondes à franchir la distance qui me séparait du bureau de M. Corey et le cœur me débattait à 200 milles à l'heure. Lui est allé s'asseoir et a commencé à vider son bureau tranquillement. C'est le genre d'homme qu'il est. Si tu lui dis qu'une bombe va exploser dans cinq minutes, il va partir à 4:45. Je n'ai jamais vu un homme comme ça de ma vie!

Je ne suis pas surpris qu'on ne l'ait pas revu dans les mêmes fonctions après son congédiement par le Canadien, tout simplement parce que c'était son choix. Les Sénateurs d'Ottawa l'avaient approché, mais il n'était pas vraiment intéressé. S'il avait voulu revenir dans le hockey, on l'aurait revu, pas de doute là-dessus.

Quelqu'un pour transporter l'équipe

Parlant du match de samedi, le Canadien sera de retour à la maison après son plus long voyage de la saison au cours duquel il a récolté quatre points sur une possibilité de huit.

Est-ce que Guy Carbonneau doit être satisfait du rendement de son équipe au cours de son plus récent séjour à l'étranger ? Je crois qu'oui, mais je sais qu'il n'a pas digéré la façon dont son équipe a perdu à Toronto et contre les Panthers.

Contre Toronto, on peut certainement parler d'un manque d'effort. Toutefois, sans vouloir trouver mille et une excuses, la défaite contre les Panthers est un peu plus compréhensible étant donné qu'il s'agissait d'un quatrième match en six soirs.

Tout de même, je suis persuadé que Guy Carbonneau réalise qu'il y a encore beaucoup de travail à faire avec cette équipe. Sans vouloir rien enlever à l'attaque qui apporte une production convenable, il faut que cette équipe apprenne à travailler et produire à cinq contre cinq.

Devant le filet, ça ne prenait qu'une ou deux contre-performances de David Aebischer pour relancer le début sur l'identité du gardien numéro 1 de l'équipe. Une chose est sûre, au moment où on se parle, Cristobal Huet a une longueur d'avance. Il connaît une bonne séquence, a très bien fait lors de ses derniers départs et même quand il a dû s'amener en relève d'Aebischer.

Personnellement, je crois qu'il est temps pour Carbo de laisser de côté son système d'alternance tel qu'on le connaît depuis le début de la saison. À savoir s'il va le faire, je crois qu'il va se donner encore un peu de temps avant de prendre une telle décision.

Si Huet fait très bien contre les Thrashers d'Atlanta samedi, on le reverra à coup sûr mercredi contre le Wild. S'il y va d'une autre bonne performance, je crois qu'on le verra de plus en plus devant le filet…

Le Canadien se cherche, et a besoin, d'un gars qui peut transporter l'équipe. Il faudra toutefois faire attention pour ne pas éliminer Aebischer de l'équation, parce qu'on ne sait toujours pas ce que Huet peut faire au cours d'une saison complète.

Propos recueillis par RDS.ca