MONTREAL - Mieux vaut tard que jamais, diront certains, mais Alex Kovalev a finalement décidé de battre la mesure. Le virtuose russe, qui a trop souvent alimenté la controverse dernièrement, fait parler de lui pour les bonnes raisons, au moment où le Canadien a grandement besoin de ses services.

Kovalev vient de signer des doublés dans les victoires contre les Capitals de Washington et les Rangers de New York. Il n'avait pas souvent fourni aux partisans du Tricolore deux solides prestations d'affilée cette saison. Avec 18 filets à sa fiche, on ne peut plus dire que le jeune Guillaume Latendresse (16) le devance à ce chapitre.

Le talentueux numéro 27 a beau dire qu'il "ne fait rien d'extra, qu'il n'a pas modifié son style", il est plus combatif, son implication est plus remarquable. Le dénominateur commun d'ailleurs des quatre derniers buts qu'il a obtenus, c'est qu'il se trouvait dans un rayon de quelques pieds du filet adverse. Il accepte de payer le prix et il en récolte les dividendes.

Il en porte des marques, ayant été coupé près de l'oeil gauche sur la séquence de son premier but, mardi. "Il n'y a rien de mieux que de jouer du hockey des séries éliminatoires, a affirmé Kovalev, mercredi. C'est une séquence stressante qu'on traverse, chacun des matchs revêt une grande importance. C'est le type de situation que j'affectionne au plus haut point.

"C'est sûr qu'on préférerait être assuré de notre place et se préparer en vue des séries, a ajouté le patineur de Togliatti, mais on s'est nous-mêmes mis dans cette position."

Impliqué dans une controverse au début du mois au sujet d'une entrevue qu'il a accordée en Russie et victime d'étourdissements par la suite, Kovalev a dit que c'est un concours de circonstances s'il obtient plus de succès actuellement.

"Je marquais moins de buts en début de saison, mais l'équipe en comptait beaucoup, a-t-il avancé. Maintenant, j'en marque plus et ce sont d'autres joueurs qui en comptent moins. C'est pour ça que le hockey est un sport d'équipe.

"Actuellement, je suis au bon endroit au bon moment, ce qui n'était pas le cas en début de saison. Le mot d'ordre est d'envoyer la rondelle vers le filet et d'aller récupérer les retours. C'est clair, je sais ce que mes coéquipiers vont faire."

Comme Fedorov

Kovalev peut dire ce qu'il veut, ses coéquipiers ont remarqué qu'il a élevé son niveau de jeu d'un cran. Il rappelle au défenseur Mathieu Dandenault un ancien coéquipier chez les Red Wings de Detroit, Sergei Fedorov.

"Alex est comme Sergei Fedorov. Il n'était pas à son mieux en saison régulière et Scotty Bowman (l'entraîneur) le savait. Mais il se mettait en marche à l'approche des séries. Il a été le meilleur joueur de l'équipe dans les trois conquêtes de la coupe Stanley qu'on a eues. Il était aussi le meilleur marqueur des séries, sauf erreur.

"Alex est également à son mieux quand l'enjeu est important, a relevé Dandenault. Il a pris l'équipe sur ses épaules et il veut l'amener jusqu'en séries. Il avait fait la même chose la saison dernière."

Le vétéran défenseur a fait remarquer qu'on est souvent plus exigeant à l'endroit des joueurs talentueux, que par rapport aux joueurs de soutien.

"Les entraîneurs apprécient les joueurs de soutien parce qu'ils se défoncent. Ce sont des travailleurs infatigables, ils ont un rôle à jouer dans les succès d'une équipe. Mais pour connaître du succès, on a surtout besoin de la contribution des joueurs vedettes.

"Alex est un joueur dominant et c'est un gagnant". Il répond présent dans les matchs importants. C'est à ce moment qu'il est à son sommet, comme Fedorov l'était à Detroit."