La partie entre les anciens Canadiens et les anciens Bruins vendredi dernier au Centre Bell s'est soldée par une autre victoire de notre équipe. Nos adversaires avaient l'impression de revivre de nouveau les années 1970 alors que l'on gagnait tout le temps contre eux. La soirée a été très agréable mais je me suis rendu compte que j'avais vieilli.

En réalité, affronter les anciens Bruins, ce n'était plus comme avant tellement y avait des jeunes retraités sur la glace comme Stéphane Richer, Claude Lemieux, Stéphane Quintal, Vincent Damphousse, Éric Desjardins et Raymond Bourque notamment. Le jeu est devenu trop rapide. Heureusement, les jeunes nous laissent aller mais c'est parfois rendu difficile de suivre. Ce sont des joueurs professionnels et ce n'est pas comme jouer avec les légendes contre des clubs amateurs.

De ma génération, on retrouvait moi, Guy Lafleur et Guy Lapointe. Les autres étaient plus jeunes et quand on parle de 10 à 15 ans de différence entre les joueurs, c'est tout un fossé. Je vais essayer de continuer à jouer avec les légendes l'an prochain mais pour les anciens Canadiens, je pense que ça achève.

C'est comme lorsque tu prends ta retraite comme joueur. Tu arrives à 34 ans, tu penses que tu es encore de jouer une autre saison et de rivaliser contre les jeunes de 22 ans. Dans le fond, c'est la même chose mais 20 ans plus tard. Moi, j'ai 56 ans et je joue contre des gars de 40 ou 42 ans. C'est impossible de rivaliser contre eux parce qu'ils sont trop solides. En plus, ils bougent la rondelle beaucoup plus vite.

Les anciens Bruins n'ont pas oublié les défaites à répétions à nos dépens en séries dans les années 70. D'ailleurs, ils nous en parlent encore. Vendredi dernier, ils ont de nouveau subi la défaite. Comme à l'époque, ils avaient l'avance pendant deux périodes avant de nous voir revenir de l'arrière pour l'emporter. Quand on s'est rencontré après la partie, les joueurs des Bruins disaient qu'ils avaient l'impression de "Déjà vu". C'était comme une habitude.

Cette belle journée m'a permis de renouer avec plusieurs de mes anciens coéquipiers et adversaires. J'ai eu l'occasion de me remémorer des beaux souvenirs avec Terry O'Reilly et Steve Kasper. On a d'ailleurs pris un verre ensemble après la partie. On en a profité pour se remémorer quelques anecdotes mais on ne parlait pas que de hockey. On se parlait surtout de notre famille et de notre situation actuelle.

J'ai jasé avec Derek Sanderson qui était l'entraîneur des Bruins. J'ai revu plusieurs anciens du Tricolore que je ne vois pas souvent. Lemieux, par exemple, habite maintenant en Arizona. Rod Langway était venu de la Virginie. Puis, j'ai eu la chance de jouer en même temps que Larry Robinson, et c'est toujours un plaisir. Ça faisait si longtemps.


Les séries éliminatoires

Les séries éliminatoires commencent la semaine prochaine dans la LNH. J'espère que le Canadien y sera. À mon époque, l'équipe nous amenait en retraite fermée dans le Nord où l'on s'entraînait. On se rendait à Montréal que pour disputer nos matchs. Après les parties, on retournait généralement à la maison puis le lendemain, après l'entraînement, on retournait en retraite fermée.

En retraite fermée, c'était l'équivalent de jouer à l'extérieur. On s'entraînait, on mangeait ensemble et en soirée, nous étions libres de sortir. On avait un couvre-feu. Je peux vous dire que tout le monde respectait le couvre-feu en séries. On voulait tellement gagner que tous les joueurs faisaient les sacrifices qu'il fallait.

Plusieurs années après avoir pris ma retraite, je pense toujours que la retraite fermée valait le coup. Les gars passaient du temps ensemble et ne pensaient qu'au hockey. C'était très bien pour l'esprit d'équipe.

Comme bien des joueurs, mon caractère était différent en séries qu'en saison régulière. Je peux vous dire qu'après une défaite, c'était difficile à accepter.

En espérant que le Canadien, version 2006-07, puisse mériter une place pour accéder aux séries éliminatoires.

*propos recueillis par RDS.ca