MONTREAL - Saku Koivu répond qu'il n'est "pas parfait" quand on lui demande pourquoi il ne s'adresse pas aux amateurs de hockey en français, après une douzaine d'années passées au Québec.

Le sujet ressurgit invariablement depuis quelques années pendant la saison du Canadien et Koivu s'y est résigné. Le capitaine finlandais demeure de glace lorsqu'on l'aborde.

Cette fois, c'est l'avocat Guy Bertrand, de Québec, qui a reparti le bal, mardi, dans le cadre de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a renchéri, en affirmant que le Canadien devrait favoriser l'apprentissage du français pour ses joueurs.

Koivu savait ce qui l'attendait en voyant la horde de journalistes qui l'entouraient dans le vestiaire de l'équipe, au terme de la séance d'entraînement.

"Il n'y a rien qu'on puisse faire quand des politiciens émettent des opinions à l'endroit de l'équipe ou à mon endroit. Ça m'affecte parfois, jamais démesurément ou longtemps. Je sais d'où ça vient", a commenté le Finlandais.

Koivu, très au fait de la situation linguistique au Québec, s'est dit sensible aux efforts de sauvegarde de la langue française qu'on fait ici, étant lui-même natif d'un pays bilingue.

Selon lui toutefois, la politique et le sport ne font pas bon ménage. Il a rappelé qu'il y avait plusieurs joueurs étrangers quand il jouait en Finlande, et qu'on ne faisait pas de cas s'ils ne parlaient pas le finnois.

Admettant ne pas être parfait, il estime apporter une contribution appréciable à l'équipe et à la communauté, en s'impliquant notamment auprès des enfants malades.

On lui a rapporté les propos du directeur général Bob Gainey qui a déjà souligné l'importance pour le capitaine du Canadien de parler le français.

"Bob Gainey a été un modèle à l'époque où il a été capitaine. Il a fait des efforts pour apprendre le français, et le mérite lui revient, a-t-il louangé. A mon arrivée ici, j'ai dû apprendre l'anglais et j'ai mis du temps avant de le maîtriser. Dans un monde idéal, je devrais également parler le français. Je ne suis pas parfait en ce sens."

Koivu a souligné que ses deux enfants fréquentent une garderie francophone et que son épouse parle couramment le français.

"Dans peu de temps, mes enfants vont sans doute mieux maîtriser le français que le finlandais. Peut-être qu'ils vont m'enseigner..."

Koivu peut s'exprimer dans un français acceptable, a argué l'entraîneur Guy Carbonneau, mais il est réticent à le faire avec les médias. Joe Sakic était comme ça à ses débuts avec les Nordiques de Québec, au début des années 1990.

"Il est plus facile de jaser en français avec les enfants que je rencontre à l'hôpital qu'avec vous les journalistes, a répondu Koivu. Je parle à mon épouse en français quand l'atmosphère s'y prête bien, si vous voyez ce que je veux dire", a-t-il conclu, en faisant un clin d'oeil.

Carbonneau a établi un lien entre Koivu et Steve Shutt, avec lequel il a évolué à ses débuts chez le Tricolore.

"Saku parle le français, mais il n'est pas à l'aise de le faire avec vous. C'est comme Steve Shutt. Il n'a jamais accordé d'entrevues en français, mais on parlait en français ensemble dans le vestiaire", a souligné Carbonneau.

Le gardien Cristobal Huet a avancé que les incursions de politiciens dans le sport ne sont pas toujours à-propos.

"Le principal rôle des sportifs est de s'impliquer dans la communauté et d'être un modèle pour la jeunesse. Et Saku fait très bien ça. Nous, on serait bien mal vu de commenter le travail des politiciens. On ne doit pas tomber dans le piège."