J'ai une primeur pour vous. Saku Koivu est incapable de s'exprimer en français quand il s'adresse aux journalistes affectés à la couverture du Canadien.

Quoi? Vous étiez déjà au courant?

Sérieusement, tout ce débat entourant l'usage de la langue française par le capitaine du Canadien de Montréal a pris des proportions exagérées cette semaine et je crois qu'il est grand temps de tourner la page.

Koivu est-il à blâmer pour son manque d'ouverture? Le capitaine d'un symbole aussi grand que l'organisation du Canadien devrait-il obligatoirement pouvoir s'exprimer dans la langue du peuple? Personnellement, je crois que oui, il serait préférable que Koivu parle français et je crois qu'il aurait dû faire un effort pour essayer de communiquer en français avec ses partisans. Faut-il l'accuser de tous les maux et le crucifier sur la place publique parce qu'il ne le fait pas? Jamais de la vie.

Faites le calcul. Saku Koivu a fait beaucoup plus de bonnes choses que de mauvaises pour sa ville d'adoption depuis son arrivée au Canada. Tout le monde est au courant de son implication auprès des jeunes enfants et de la fondation qu'il a créée avec l'Hôpital Général de Montréal. Il a démontré beaucoup de courage comme athlète, mais surtout comme homme quand il a été confronté à la maladie.

S'il se traînait les pieds sur la patinoire et semblait se foutre éperdument du milieu dans lequel il vit depuis près de 15 ans, ce serait une autre histoire, mais ce n'est pas le cas. J'ai brièvement été l'entraîneur de Koivu et je peux vous dire que c'est un jeune homme fier de porter l'uniforme bleu-blanc-rouge et qu'il a toujours démontré beaucoup de respect envers les Québécois francophones, alors qu'on en finisse une fois pour toutes avec tout ça.

Quand j'étais entraîneur du Canadien, il avait fallu trouver un remplaçant à Guy Carbonneau quand il avait été échangé à St. Louis. Serge Savard et moi, qui en passant sommes de fiers Québécois qui ont le plus grand respect pour leur langue maternelle, avions opté pour Mike Keane. Il ne parlait pas un traître mot de français, mais on était convaincus qu'il était le meilleur gars disponible et il a en effet été un très bon capitaine.

Je ne faisais pas de politique, j'étais un entraîneur. Mon travail était de remporter des matchs de hockey et si je ne le faisais pas, j'avais des comptes à rendre à mes patrons et à des milliers de partisans. Tout ce que ces gens demandent, c'est que tout le monde fasse son travail et que l'équipe connaisse du succès.

Malgré tout, je crois que tout le monde a appris une leçon de cette histoire. Je suis prêt à parier que le successeur de Koivu - ça pourrait fort bien être Chris Higgins ou Mike Komisarek - saura s'exprimer dans la langue de Molière.

Et pour en revenir aux politiciens - je pense surtout à Pauline Marois - et à Guy Bertrand, qu'ils se mêlent de leurs oignons. Qu'ils s'occupent de mener le Québec et de nous donner l'opportunité de grossir comme province.

Sous les huées, Brière a su conserver sa classe

Je ne crois pas qu'il faille blâmer les partisans du Canadien pour l'accueil qu'ils ont réservé à Daniel Brière jeudi soir au Centre Bell. En huant le petit attaquant des Flyers chaque fois qu'il touchait à la rondelle, ils n'ont pas voulu être mesquins. Ils voulaient simplement lui faire savoir qu'ils étaient déçus qu'il n'ait pas choisi de poursuivre sa carrière avec leur équipe.

Rien n'a été lancé sur la glace, aucune insulte n'a été criée. Je crois que c'est de bonne guerre venant d'amateurs qui ont payé le gros prix pour assister à un spectacle.

Dans toute cette histoire, Brière a réagi comme un chef. Je connais bien la famille Brière et je peux vous dire que c'est du bon monde. Daniel mène une vie impeccable en dehors de la patinoire, c'est un bon père de famille et un mari exemplaire. Il a compris qu'il n'y avait rien de personnel dans ces huées et on a tous pu être témoin de sa grande classe. Il l'a démontré à son arrivée et à son départ. Chapeau!

Brière a été pris dans un tourbillon médiatique qui ne méritait pas cette ampleur. Les médias, et je m'inclus là-dedans, vont trop loin parfois. On a tous un travail à faire, mais il faut avouer que parfois, on dépasse les bornes et on essaie d'en mettre plus que le client en demande.

Ryder va débloquer

Michael Ryder a habitué les partisans du Canadien à une production d'une trentaine de buts par saison depuis qu'il a percé l'alignement de l'équipe. Depuis le début de la saison, toutefois, c'est zéro. Le jeune a beau essayer, rien ne fonctionne pour lui.

À ceux qui ne pensent qu'à appuyer sur le bouton de panique, je dis d'attendre un instant. Ce n'est qu'une question de temps avant que Ryder ne débloque et je peux vous garantir qu'à la fin de la saison, il montrera les statistiques auxquelles on s'attend de sa part.

Guy Carbonneau sait fort bien que Ryder est son seul marqueur naturel. Il voit que Ryder travaille fort et a ses chances. Il fait bien de rester de son côté et de ne pas perdre espoir. De toute façon, vouloir le punir en le descendant sur le troisième ou le quatrième trio ne servirait absolument à rien.

Ryder est en quelque sorte pris dans un petit cercle vicieux. La rondelle ne rentre pas et il sait qu'il n'a pas de contrat pour l'an prochain. Il commence à serrer son bâton un peu plus, ce qui ne l'aide pas à trouver le fond du filet. Toutefois, quand ça va débloquer, tout va rentrer dans l'ordre. Ryder est le genre de joueur qu'on ne voit pas trop pendant un bout de temps et puis avant même qu'on s'en rende compte, il a marqué cinq buts à ses cinq derniers matchs.

*Propos recueillis par RDS.ca.