Il fut un temps où le Tricolore se laissait manger la laine sur le dos face à des équipes robustes comme les Flyers de Philadelphie. Avec deux grosses victoires acquises en fin de semaine, les joueurs du Canadien ont montré qu'ils forment maintenant une équipe qui sait se tenir debout.

Guy Carbonneau a appris à ses joueurs à se serrer les coudes, à veiller les uns sur les autres et les a tous ralliés à la même cause. Mangez des coups, donnez-en, on va à la guerre ensemble! Ce n'est pas quelque chose qui s'enseigne, mais plutôt une philosophie que tu dois vendre à tes joueurs. À ce niveau, Carbo a fait un travail exceptionnel.

Plus ça va, plus le Canadien fait mentir ceux qui clament qu'ils ont besoin d'un dur à cuir. Personnellement, je n'ai jamais embrassé cette théorie. J'ai toujours été d'avis, et je le suis toujours, que le Canadien doit se munir d'un genre de joueur gros format qui commande le respect, mais qui sait jouer au hockey. Souvent, un joueur qui n'est bon qu'à jeter les gants va te mettre dans l'embarras en écopant de mauvaises punitions et ne pourra pas se reprendre avec un gros point de temps en temps. Le Canadien n'a pas besoin de ça! L'idéal serait un joueur de la trempe de Chris Neil mais évidemment, il n'en pleut pas…

Devant les filets, Carey Price a été vraiment bon contre les Flyers. Il a fait les arrêts aux moments opportuns et s'est comporté comme un vrai vétéran. Je ne sais pas quelle utilisation compte en faire Carbo dans les trois matchs de la semaine prochaine, mais je serais prêt à parier ma cravate que c'est lui qui affrontera les Rangers mardi.

À ceux qui pensent que l'on voit poindre une autre controverse des gardiens de but à Montréal, je suggère d'observer attentivement le comportement de Cristobal Huet. Cette supposée controverse n'existera jamais parce que le vétéran se comporte en véritable professionnel dans cette histoire. Son attitude vis-à-vis son jeune coéquipier est exemplaire.

On l'a vu en fin de semaine, il est toujours le premier à aller féliciter Price après une victoire. Je suis persuadé que Huet se réjouit d'abord des succès de l'équipe. Évidemment, il doit être déçu de ne pas jouer, mais on sent qu'il appuie son coéquipier.

Un autre qui a été impressionnant lors des deux derniers matchs, c'est le défenseur Francis Bouillon. Le genre de hockey qu'ont offert les Flyers semble fait sur mesure pour celui qui, pour moi, est le petit guerrier du Canadien. Bouillon est un joueur fiable sur qui on peut toujours se fier. Malgré son gabarit, il est surtout reconnu pour l'aspect physique de son jeu. Courageux, il ne recule devant personne. On parle souvent des Komisarek, Markov et Hamrlik à la ligne bleue du CH, mais Bouillon est un rouage très important de cette brigade défensive.

Les choses peuvent changer très vite dans la Ligue nationale de hockey. Mercredi, le Canadien était à quelques petites minutes de perdre un deuxième match en deux soirs en Floride et d'ainsi subir un quatrième revers consécutif. Aujourd'hui, il se retrouve à égalité avec les Sénateurs d'Ottawa au premier rang de sa division. Le Canadien est une équipe tenace, qui ne lâche pas, une équipe que peu de gens ont vu venir.

Si quelqu'un se lève demain matin et vous dit qu'il leur avait prédit une pareille position au classement à la mi-février, je vous permets de remettre en doute son honnêteté.

Quelque chose cloche à Philadelphie

Surprenants au début de la saison, les Flyers ne vont nulle part depuis quelques semaines.

Il ne fait pas de doute que l'absence de Simon Gagné y est pour beaucoup, mais ce n'est pas tout. Pour les avoir observés attentivement en fin de semaine, les Flyers me semblent une équipe complètement désorganisée. Elle n'est clairement pas dépourvue de talent, mais tout le monde fait sa petite affaire sans se rallier derrière un concept d'équipe. Une équipe ne va jamais bien loin avec un paquet de bons joueurs individualistes.

L'entraîneur John Stevens mérite certainement une partie du blâme pour les insuccès de son équipe. C'est un homme calme, tranquille, peut-être trop justement. Parfois, ce n'est pas mauvais de piquer une crise, de démontrer de l'émotion et de la passion et de transmettre ça à tes joueurs.

Daniel Brière est un joueur méconnaissable. Je suis certain d'une chose, c'est qu'il est meilleur que ce qu'il nous a montré en fin de semaine. Le Daniel Brière qu'on connaît pouvait contrôler l'allure d'un match à lui seul, il s'amusait sur la patinoire. Avez-vous vu un joueur qui avait du fun, vous? Peut-être est-il blessé, je ne sais pas, mais il y a quelque chose qui cloche dans son cas.

*Propos recueillis par Nicolas Landry