Le Canadien a dû puiser au plus profond de ses ressources pour vaincre un adversaire à qui les observateurs ne concédaient pas la moindre chance, mais il peut maintenant - finalement - se concentrer sur la deuxième ronde des séries éliminatoires.

Mark Streit et Andrei Kostitsyn ont marqué des buts de toute beauté à moins de cinq minutes d'intervalle en deuxième période et Carey Price a été tout à fait sublime, stoppant les 25 lancers des Bruins pour réaliser son deuxième jeu blanc des éliminatoires et mener le Canadien à une victoire de 5-0 sur Boston, lundi soir dans le septième et ultime match de la série que se livraient les deux formations.

Le Canadien affrontera maintenant les Rangers de New York ou les Flyers de Philadelphie, dépendamment de l'issue de la série entre ces derniers et les Capitals de Washington.

"Cette série s'est terminée de la bonne façon. Mais ce ne fut pas facile, a commenté Saku Koivu. On n'a pas bien joué dans les cinquième et sixième matchs. Les Bruins se sont bien battus pour prolonger la série jusqu'à la limite."

Price, qui avait accordé dix buts lors des deux derniers matchs, a été sans faille au moment où la pression était plus lourde que jamais sur ses épaules. Il a conservé ses plus beaux arrêts pour Phil Kessel, David Krejci et Marco Sturm, ses victimes favorites depuis le tout début de la série.

Le gardien recrue s'est mis au travail après le but de Mike Komisarek, un filet chanceux qui brisait la glace à la quatrième minute du match. Il a bloqué 11 lancers en première période, six en deuxième et huit en troisième pour enregistrer son cinquième blanchissage dans la LNH.

On a tous bien joué, a déclaré le jeune gardien de 20 ans. C'est de cette façon qu'on espérait gagner.

"Je suis évidemment satisfait de ce jeu blanc. Surtout après avoir concédé 10 buts en deux matchs. Je pense que ce match a démontré le caractère de cette équipe", a-t-il ajouté.

Andrei et Sergei Kostitsyn ont marqué les deux derniers buts du match en fin de troisième période. Pivoté par Tomas Plekanec, le trio des deux frères a amassé six points dans le match.

Steve Bégin, Bryan Smolinski et Tom Kostopoulos ont connu un autre fort match. Le Québécois a appliqué sept des 15 mises en échec données par le trio défensif du Canadien en plus de bloquer deux lancers.

Malgré leur élimination, les Bruins n'ont pas démérité dans cette série dont ils étaient les grands négligés. Claude Julien a fait la preuve qu'il a l'étoffe d'un grand entraîneur. Il a su retirer le meilleur de ses hommes en employant les bonnes stratégies.

"Je suis déçu du résultat, a admis Julien. Mais je suis très fier de mes joueurs. C'est ce que je leur ai dit après la rencontre. Ils n'ont jamais abandonné.

"On a toujours cru en nos chances dans cette série. Même lorsqu'on se trouvait en déficit de 3-1, a-t-il poursuivi. Mais il faut donner crédit au Canadien. Montréal a disputé une excellente série."

Un peu de chance, et puis boum!

On dit souvent que c'est la chance qui décide de l'issue d'un match décisif. En première période, c'est au Canadien qu'elle a souri quand Komisarek a inscrit le premier but de sa carrière en séries.

Le défenseur a accepté une passe soulevée de Kovalev, qui venait de se débarrasser de Zdeno Chara dans le coin de la patinoire. Son tir a bifurqué sur le bâton de Petteri Nokelainen avant d'aboutir dans le filet.

Saku Koivu a récolté une troisième mention d'aide en quatre périodes sur le jeu.

Price a permis au Canadien de conserver son avance avant la fin de la période. Il a d'abord fermé la porte devant Kessel, qui a encore une fois été le meilleur joueur des Bruins, avant de voler Krejci à deux reprises. Price a aussi réservé un de ses beaux arrêts pour Marc Savard, qui a eu la chance de décocher un lancer frappé à bout portant.

Le Canadien s'accrochait à son avance d'un but quand Streit a fait lever de leur siège les 21 273 spectateurs du Centre Bell. Il faudra parler à nos espions en Suisse avant de vous le confirmer, mais il y a de fortes chances que l'hybride helvète a réussi lundi soir le plus beau et le plus important but de sa carrière professionnelle.

Le Canadien venait d'en souffler un coup pendant une punition à Sergei Kostitsyn et était embouteillé dans sa zone par l'agressivité des Bruins quand Komisarek a profité d'un changement chez l'adversaire pour amorcer une contre-attaque. Il a repéré Alex Kovalev en zone centrale et ce dernier a immédiatement remis le disque à Maxime Lapierre, qui est entré en zone ennemie.

Face à un défenseur, Lapierre a laissé le disque derrière pour Streit, qui se préparait à se faire pardonner toutes les petites erreurs qu'il a pu commettre depuis le début des séries. Il a d'abord placé Zdeno Chara dans sa petite poche grâce à une feinte bien déguisée et s'est présenté seul devant Thomas, qu'il a forcé à poser le premier geste avant de le battre entre les jambières.

L'aîné des frères Kostitsyn en a rajouté 4:28 plus tard. Alors que Chara venait tout juste de sortir du banc des punitions, il a accepté une passe de son frère et, même s'il était menotté par la présence d'un défenseur des Bruins, a réussi à décocher un tir du poignet éclair que Thomas n'a jamais vu.

Les jambes des Bruins étaient sciées. Andrei Kostitsyn a marqué son deuxième but du match, le troisième du Canadien en avantage numérique depuis le début des séries, avec à peine plus de deux minutes à faire au match. Sergei a marqué le cinquième but du match avec huit secondes au cadran.