Le sentiment d'urgence, voilà ce que j'ai remarqué en premier chez les joueurs du Canadien lors du septième match face aux Bruins. C'était facile à percevoir et ils ont utilisé cet élément d'une façon positive.

Dans ce match ultime, tout le succès du Canadien s'est orchestré grâce à la belle performance de Carey Price. Il a réussi à freiner l'excellent début de match des Bruins.

Les joueurs du Tricolore ont rapidement constaté que leur gardien était « dans sa zone » et cela a permis de générer beaucoup de confiance au sein de l'équipe.

Après quelques coups d'éclat de Price, tous les joueurs se sont mis à travailler ensemble avec un échec-avant intense et beaucoup de vitesse.

Le système du Canadien fonctionnait très bien. En fait, quand le Canadien patine de cette façon, tout se déroule mieux. Même leurs unités spéciales en profitent.

Autant les leaders de l'équipe que les joueurs de soutien ont senti qu'ils devaient ajouter du sentiment d'urgence à leur jeu. Le travail combiné à leur talent a finalement eu raison de la troupe de Claude Julien.

L'entraîneur doit calmer son équipe

Avant un septième match, le rôle premier de l'entraîneur est de calmer ses joueurs. Ensuite, il est primordial de rien compliquer dans la stratégie de jeu.

Au cours de ma carrière au Colorado, j'ai vécu une situation identique à celle du Canadien à deux occasions et à chaque fois face aux Kings de Los Angeles. En 2001 et 2002, nous avions pris les devants 3 à 1 face aux Kings avant de les laisser forcer la présentation d'un septième match. Tout comme le Canadien, nous avons réussi à gagner ces deux matchs 7 de manière convaincante. En 2001, nous avons gagné 5 à 1 et en 2002 4 à 0.

Avant un match d'une telle importance, l'entraîneur peut discuter individuellement avec plusieurs joueurs afin de corriger certaines lacunes, mais ce n'est pas le temps d'y aller d'un monologue…

Guy Carbonneau a sans doute fait un discours précis afin de rendre ses joueurs à l'aise avant de sauter sur la glace.

Il faut éviter que l'atmosphère soit trop tendue.

C'est évident que Carbo appréhendait le début de la partie. Il se posait probablement plusieurs questions comme : « Comment mon équipe va réagir si les Bruins comptent le premier but? », « Qu'est-ce qu'il faut éviter si c'est notre équipe qui marque le premier but?» et ainsi de suite…

Tout se déroule à une vitesse extrême dans un match si important, il y a tellement d'impondérables.

Mais je rends crédit au Canadien qui a excellé en ne donnant aucune chance aux Bruins de revenir dans la partie.

Price me fait penser à Joe Sakic

Certes, on ne peut pas nier les similitudes entre les débuts de Carey Price dans la LNH et ceux de Patrick Roy.

Par contre, leur comportement est complètement différent. Patrick avait de nombreux tics, il bougeait constamment et il carburait à l'émotion.

Quant à Price, il est tellement calme que je demande parfois s'il va encore tenir debout à la fin du match (rires).

Le gardien recrue du Canadien m'impressionne au plus haut niveau avant tout parce que rien ne semble le déconcentrer.

Il possède une force de concentration remarquable. Une chose est certaine, s'il affronte les Rangers et Sean Avery en deuxième ronde, ce sera le test ultime à ce chapitre.

En fait, je suis certain qu'Avery a déjà affiché la photo de Price dans son casier!

Lorsque je regarde Price, je trouve qu'il ressemble beaucoup à un athlète hors-pair que j'ai eu la chance de diriger : Joe Sakic.

Son tempérament ne grimpe jamais trop haut et ne descend jamais trop bas.

Sakic agit exactement de la même façon. Il reste le même homme après une défaite ou une victoire. Ces deux joueurs sont dotés d'une concentration extraordinaire.

Ce sont des gens qui se préparent à leur façon sans faire trop de bruit et il laisse parler leur énorme talent sur la patinoire.

La belle tenue des jeunes du CH

C'est évident que les retours de Saku Koivu et Francis Bouillon ont grandement aidé. Le retour du capitaine a procuré davantage d'options à Carbo, dont celle essentielle de remanier ses trios.

Depuis le début de la série, on a pu constater que Zdeno Chara avait dérangé les jeunes attaquants du Canadien. Ils n'ont pas beaucoup d'expérience et Chara ne les a pas ménagés.

Comme on le dit au hockey : « Chara joue dans la face des joueurs »!

Les frères Kostitsyn ont besoin d'espace pour s'exprimer et l'entraîneur du Tricolore a trouvé la solution pour que ça se produise. En jumelant Alex Kovalev à Koivu, Claude Julien était forcé d'opposer Chara à ce trio et cette situation a favorisé le trio de Tomas Plekanec et des frères Kostitsyn. Ces derniers ont vraiment sorti de leur torpeur lors du dernier match.

Souvent on parle des joueurs avec qui tu évolues, mais c'est aussi très important de penser contre qui tu dois jouer. Les affrontements des trios et des défenseurs s'avèrent un aspect crucial et surtout en série.

La foule était magique

À titre d'entraîneur de l'Avalanche du Colorado et des Thrashers d'Atlanta, j'ai vécu l'impact de la foule du Centre Bell en saison régulière.

Même si c'était toujours spécial de venir jouer au Centre Bell, ces deux équipes n'avaient pas d'énormes rivalités avec le Canadien.

Chez l'Avalanche, ces parties avaient un cachet particulier pour des joueurs comme Joe Sakic, Alex Tanguay, Éric Messier, Marc Denis, Adam Foote et Stéphane Yelle.

Lundi soir, je regardais le 7e match à la télévision et on entendait très bien la foule à travers les paroles de Pierre Houde et Yvon Pedneault, c'était magique!

À Montréal, les spectateurs connaissent tellement le hockey. Je peux vous confirmer que c'est bien différent à Atlanta alors qu'il faut encore expliquer certains arrêts de jeu.

Au Québec, le Canadien évolue avec un public très exigeant, mais quand l'équipe performe, ce public est très valorisant.

La préparation en vue de la deuxième ronde

Au moment d'écrire cette chronique, le Canadien ignore toujours l'identité de son adversaire en deuxième ronde.

Mais la première chose à faire pour Guy Carbonneau et ses adjoints demeure de ranger dans une boîte tous les vidéos et toutes les analyses de la série face aux Bruins. Ces informations seront utiles l'an prochain.

Je suis convaincu que les joueurs du Canadien seront des téléspectateurs assidus pour le septième match de la série entre les Flyers de Philadelphie et les Capitals de Washington. Ils ont hâte de connaître l'identité de leur prochain adversaire.

Du côté des entraîneurs du CH, il n'y a pas de temps à perdre. Probablement qu'ils ont commencé dès mardi à regarder les matchs de leurs deux adversaires potentiels.

Quand une situation semblable se produisait au Colorado, on attitrait deux entraîneurs à une équipe et deux autres à l'autre équipe.

La prochaine série commence jeudi et mercredi sera une journée de réunion pour le Canadien alors les entraîneurs ont beaucoup de travail à accomplir.

D'après moi, dès que les joueurs du Canadien se présenteront au Centre Bell mercredi, les entraîneurs auront établi la stratégie en vue de la deuxième ronde.

Attendons de connaître l'adversaire avant d'analyser l'affrontement de la deuxième ronde, mais les Flyers et les Rangers forment deux équipes totalement différentes.

Mon école de hockey

En terminant, c'est avec plaisir que je vous annonce que j'organise une fois de plus mon école de hockey cet été, en juillet, à York en Pennsylvanie.

Cette école de hockey est un excellent contexte pour une immersion anglaise. Je vous invite à visiter mon site internet à l'adresse www.hartleyhockey.com pour obtenir tous les details.

*Propos recueillis par Éric Leblanc