EDMONTON - Le Canadien profite du fait qu'il est à l'extérieur de Montréal pour vivre en retraite fermée à Edmonton. C'est de cette façon que les dirigeants ont décidé de gérer la crise qui secoue l'équipe, mardi. On a annulé la séance d'entraînement qui était prévue à 12h30, heure d'Edmonton, dans un aréna de banlieue.

Les joueurs sont tout de même montés à bord d'un autobus à l'heure de départ. Pour aller où? Ou faire quoi? Une sortie au cinoche? Une visite au "West Edmonton Mall"? Rien de tout ça. Ils sont plutôt allés jouer aux quilles. Pendant ce temps, les journalistes montréalais faisaient le pied de grue à l'hôtel où loge le Tricolore. L'entraîneur Guy Carbonneau a répondu à leurs questions en fin d'après-midi, comme on l'avait planifié.

En pleine tourmente après avoir subi huit défaites dans ses 10 derniers matchs, le Canadien est en mode "nous contre le monde entier", en repli sur lui-même comme une tortue se sentant menacée.

La cuisante défaite de 6-2 encaissée face aux Flames de Calgary, lundi, a fait sauter la marmite. Les joueurs ont pris l'initiative de se parler dans le blanc des yeux pendant une trentaine de minutes, 32 pour être précis. Ils ont fait fi de la règlementation de la LNH selon laquelle l'ouverture des vestiaires doit se faire au plus tard 10 minutes après la conclusion des matchs. Le CH va défrayer le coût de l'amende que la ligue va lui transmettre.

Le directeur général Bob Gainey accompagne l'équipe. Au cours de la longue attente, lundi soir, on l'a vu effectuer quelques aller-retours entre le bureau des entraîneurs et le vestiaire. Mais ni Carbo ni lui n'a pris part à la brassée de linge sale des joueurs.

À l'ouverture du vestiaire, tous les joueurs étaient présents, les patins aux pieds, avec comme seule trame sonore le bruit strident du ruban qu'on dérubanne. À voir la mine déconfite des jeunes Matt D'Agostini et Max Pacioretty, les discussions ont dû être houleuses. Visiblement, ils venaient de vivre une première.

On a abordé le joueur de centre Maxim Lapierre qui nous a lancés un "pas de commentaires" bien senti.

Le vétéran Alex Kovalev a tenté d'alléger l'atmosphère pour la moins tendue, en soutenant que tous les clubs doivent composer avec des situations semblables au cours d'une saison.

"Toutes les équipes traversent des périodes où rien ne fonctionne. Elles tiennent des réunions, tentent de changer des choses. Mais au lieu d'améliorer leur sort, elles continuent de s'enliser. C'est comme si on s'enfonçait dans du sable mouvant. C'est désagréable et frustrant à la longue. Personnellement, j'en ai ras le bol."

Comme le capitaine Saku Koivu, Kovalev a ajouté qu'il a confiance au groupe "parce qu'il a déjà prouvé sa valeur".

"Chacun d'entre nous doit accepter de s'acquitter de sa tâche au lieu d'essayer de faire la tâche de tout le monde", a-t-il mentionné.

Pour la deuxième fois de la saison, Kovalev a soulevé qu'il y a trop de distractions dans l'entourage de l'équipe en évoquant la panoplie d'activités qui se déroulent en marge du centenaire du club.

Il n'a peut-être pas tort. Le Russe ainsi que ses trois coéquipiers qui ont pris part au match des étoiles - Carey Price, Mike Komisarek et Andrei Markov - ne sont pas l'ombre d'eux mêmes depuis la présentation de la classique à Montréal.