EDMONTON - On ne fouette pas un cheval mort, dit l'expression. Guy Carbonneau a jugé préférable que les joueurs décrochent du hockey, mardi, au lieu de subir une autre séance d'entraînement punitive, au moment où rien ne va plus pour le Canadien.

"J'avais deux choix : leur taper sur la tête ou casser la routine. On a choisi la seconde option", a affirmé l'entraîneur, qui a rencontré la presse au retour du Tricolore du salon de quilles, où il venait de passer l'après-midi.

Les quilles? Il y a du Bob Gainey là-dessous. Il y a quelques saisons, Gainey avait emmené l'équipe au cinéma à Philaldelphie. À l'époque, le directeur général s'acquittait également des tâches d'entraîneur, en remplacement de Claude Julien.

Carbonneau a dit avoir commencé à mûrir la décision, à l'issue de la cuisante défaite de lundi.

"La réunion que les joueurs ont eue derrière des portes closes, lundi soir, m'a incité à modifier les plans, a précisé Carbo. J'aurais pu les faire suer pendant trois quarts d'heure, mais je ne crois pas qu'ils avaient la tête au hockey. Parfois, c'est mieux de se retrouver ensemble pour faire autre chose. On a passé une très belle journée. On a ri pendant trois heures, les joueurs ont eu du plaisir. On s'est taquiné. J'estime que c'était préférable de faire ça plutôt que d'aller sur la patinoire."

Il n'a absolument pas été question de hockey. Même que Carbonneau a fait éteindre un téléviseur qui montrait les reprises du "film d'horreur de Calgary".

Le capitaine Saku Koivu a trouvé l'idée bonne de briser la routine au plus fort de la tempête.

"Peu importe ce que vous faites, l'important est de faire quelque chose de différent, a commenté Koivu, en évoquant la sortie au cinéma, il y a quelques saisons. L'objectif était de faire le vide. On a passé quelques heures avec le personnel d'entraîneurs. On a eu beaucoup de plaisir ensemble, a-t-il commenté. On a tenu une longue réunion lundi soir. On ne reparlera de hockey que mercredi, avant la rencontre contre les Oilers."

Koivu a minimisé l'importance de la réunion de lundi qu'on devine qu'elle a été houleuse, en soulignant que les équipes procèdent à des mises à jour semblables plus souvent qu'on le pense.

"Ç'a été plus remarquable lundi parce qu'on a décidé de tenir la réunion immédiatement après le match. On ne fait jamais ça de gaieté de coeur."

Groupe uni?

Carbonneau a soutenu que l'initiative des joueurs n'affectera pas la bonne entente au sein du groupe, qui est mis à rude épreuve en période de crise.

"L'esprit de camaraderie n'a jamais été un problème. Je ne dirais pas qu'on est dysfonctionnel sur la patinoire, mais on tente des fois de trop en faire. On voudrait que ça fonctionne mieux dans certains aspects.

"Malgré tout, je regardais le classement et on est encore cinquième dans notre association, a-t-il poursuivi. C'est serré, pour tout le monde. C'est à nous de nous replacer au plus tôt."

Carbonneau a admis que la pression liée au centenaire du club peut affecter des joueurs, comme le laisse entendre Alex Kovalev.

"J'aimerais dire que ce n'est pas le cas, mais ç'a sûrement à voir. Jusqu'à quel point? Je ne sais pas. On a quand même connu une bonne première moitié de saison. Et plusieurs activités ont eu lieu à ce moment. C'est sûr qu'en raison de tout ce qui se passe et la popularité du Canadien, pas uniquement au Québec mais partout au Canada, il y a des joueurs qui se pensent peut-être meilleurs qu'ils le sont. Mais j'ose croire que ce n'est pas la principale raison de nos problèmes."

Il a aussi reconnu que l'absence prolongée de plusieurs vétérans, blessés, rattrape finalement l'équipe. Les deux principales acquisitions de Gainey, l'été dernier, Alex Tanguay et Robert Lang, sont à l'écart du jeu.

"Les jeunes ont bien fait en décembre et en janvier, quand il nous manquait plusieurs joueurs. Ils connaissent actuellement des problèmes. Ils ressentent davantage la pression, ils sont plus connus des équipes adverses, plus surveillés étroitement", a affirmé Carbonneau, en prenant son parti qu'il devra composer avec les éléments à sa disposition, parce qu'il y a peu de mouvements de personnel dans la LNH.

"On a prouvé qu'on pouvait avoir du succès, je ne verrais pas pourquoi on ne pourrait pas le prouver encore. On a été une des meilleures équipes de la ligue en première moitié de saison. Et si on avait gagné nos deux derniers matchs, on serait cinquième ou sixième au classement général. Ce n'est pas mauvais.

"Je préfère être dans cette position en ayant de la difficulté que d'être en dernière place et de bien jouer", a-t-il conclu.