BROSSARD - Si le 'contenu francophone' a chuté au sein de l'organisation du Canadien au chapitre des joueurs, ces derniers mois, il a considérablement augmenté chez les entraîneurs.

Outre l'embauche de Jacques Martin, qui comble la place occupée l'an dernier par Guy Carbonneau, on retrouve un trio entièrement francophone chez les Bulldogs de Hamilton, alors que Guy Boucher sera secondé par Martin Raymond et Daniel Lacroix.

Raymond a dirigé les Redmen de McGill au cours des 14 dernières années, tandis que Lacroix a été entraîneur-adjoint chez les Islanders de New York ces trois dernières saisons.

Boucher a joué pour les Redmen, ce qui fait qu'il n'avait pas le même préjugé à l'égard du hockey universitaire qu'ont peut-être bien des habitués de la LNH.

"Guy et moi, on s'est beaucoup aidés à distance ces dernières années, mais là, on pourra le faire dans le même bureau", a commenté Raymond, mercredi, entre deux séances d'entraînement du camp des recrues du Canadien.

Lacroix, lui, ne connaissait Boucher que de réputation, mais ce dernier l'a contacté pour une entrevue et la chimie s'est installée tout de suite. Lacroix a accepté l'offre avec enthousiasme, même s'il s'agissait en apparence d'une démotion pour lui. C'était là une belle occasion pour lui, dit-il, de se ressourcer.

"La prochaine étape que je visais, c'était un retour dans la Ligue américaine, a affirmé Lacroix. J'envisageais même d'aller diriger une équipe junior."

Raymond sera surtout responsable des attaquants et du désavantage numérique chez les Bulldogs, tandis que Lacroix sera responsable des défenseurs, en plus d'avoir la responsabilité de partager son vécu de la LNH avec les espoirs de l'organisation du Canadien.

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Guy Boucher a fait l'objet d'un bon lot de rumeurs au printemps, jusqu'à ce que le Canadien l'embauche. Il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour qu'on lance les discussions au sujet de son éventuel passage à la LNH, que ce soit à Montréal ou ailleurs. Mais le principal intéressé a dit ne pas y penser pour l'instant.

"Mon attitude dans ce genre de choses, c'est qu'il faut se concentrer sur son travail en se disant que le reste va tomber en place naturellement", a dit Boucher.

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Souvent présenté comme un entraîneur de la nouvelle génération, Guy Boucher se dit plutôt un "hybride" entre la vieille et la nouvelle école.

"Les joueurs ont changé, c'est certain, a-t-il noté. Mais on apprend tellement de ceux qui sont passés avant nous, et tout autant des nouvelles façons de faire. Alors, si on peut faire un bon mélange des deux, c'est évident que ça va nous aider."

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Même si plusieurs joueurs sont déjà destinés à jouer pour les Bulldogs, Guy Boucher fait un effort conscient pour ne pas 's'accaparer' ces joueurs avant qu'ils ne se retrouvent officiellement sous sa direction, au moment où le camp du club-école du CH s'amorcera en Ecosse. D'ici là, il fera comme s'ils avaient tous des chances légitimes - et égales - d'être retenus par le Canadien.

"C'est certain qu'on sait, dans l'ensemble, quels joueurs sont sous contrat, a-t-il reconnu. Mais ce n'est pas l'approche que je veux avoir. Quand les joueurs participent à un camp et qu'ils visent la LNH, il faut avoir assez de respect pour eux pour leur laisser le loisir de penser qu'ils sont capables de réussir. Donc, je ne ne veux pas les aborder comme s'ils étaient déjà mes joueurs.

"Chaque année nous réserve des surprises et des déceptions, et j'espère pour chacun de ces joueurs-là qu'ils vont se tailler une place le plus vite possible dans la Ligue nationale. C'est pour cette raison que je ne veux pas commencer à composer mes trios tout de suite, ou à décider que l'un a plus de chances que l'autre."

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Si Guy Boucher a décidé de s'en tenir à ses principes et d'attendre l'offre d'une équipe qui lui permettrait de demeurer lui-même, c'est parce qu'ils sont plusieurs vétérans du "coaching' à lui avoir conseillé de le faire.

"Le meilleur conseil qu'on m'a donné, et celui qui revenait le plus fréquemment auprès d'entraîneurs de la Ligue nationale et de la Ligue américaine, c'est: ne change pas, a affirmé Boucher, mercredi. Souvent, on veut changer parce qu'on se dit qu'ils ont plus d'expérience (dans la LNH), que ce n'est pas la même ligue, et on fait cette erreur-là pendant quelques années, pour ensuite revenir à ce qu'on faisait auparavant.

"Je ne veux pas faire cette erreur-là. Si je suis ici, c'est pour une raison. J'ai ma façon de faire et quand on m'a embauché, on a été très clair: on ne voulait pas que je change ma façon de faire, c'était justement là la raison pour laquelle j'étais ici."