Le Canadien de Montréal a remporté deux fois la coupe Stanley au cours du règne de plus de 17 ans de Ronald Corey à la présidence de l'équipe. Le principal intéressé constate que la réalité d'hier est bien différente de celle d'aujourd'hui et que les choses ont bien changé dans la LNH depuis son départ en 1999.

L'ancien président a du mal à suivre la tangente des salaires ces dernières années. "Quand j'ai quitté, notre masse salariale était d'un peu plus de 30 millions. Certaines saisons, nous avons été obligés de laisser partir des joueurs parce qu'on n'arrivait pas à équilibrer notre budget. Quand je vois les salaires d'aujourd'hui, je n'en reviens pas."

Pour faire face aux défis contemporains, Corey a eu le flair à l'époque de doter le Canadien d'un domicile moderne devant l'impossibilité d'agrandir le vénérable de Forum. La décision de quitter a été déchirante à prendre. Se détacher de tant d'histoire n'a pas été facile mais c'était nécessaire pour assurer l'avenir de l'équipe.

"Les revenus possibles dans l'ancien Forum étaient limités. L'amphithéâtre était plein d'histoire mais je ne voyais pas de grandes possibilités. J'avais fait une étude pour regarder la possibilité d'agrandir pour en faire un édifice moderne mais ce n'était pas une bonne option."

Il se souvient qu'il avait même consulté les légendes du Canadien avant d'officialiser son choix. Maurice Richard lui avait implicitement donné son appui en lui disant que l'histoire du Canadien n'était pas dans la brigue mais dans les joueurs qui ont fait naître les légendes.

La décision du président du Canadien de déménager au Centre Molson n'était pas partagée par les autres équipes du circuit qui se sont toutefois très vites ralliées. Quelques années après l'ouverture du nouveau domicile montréalais, on a vu pousser aux quatre coins de l'Amérique des nouveaux amphithéâtres pour les équipes de la Ligue nationale de hockey.

Se rapprocher des gens

À son arrivée en fonction au début des années 80, Ronald Corey voulait rapprocher le Canadien du peuple. C'est pourquoi, il s'est donné les moyens d'aller voir les gens en province avec les joueurs. Il aimerait bien voir plus de francophones avec le Canadien mais il estime que les dirigeants d'aujourd'hui ont plus de difficulté à faire le bon choix parce que le bassin de jeunes joueurs disponibles est beaucoup plus grand qu'avant.

À l'époque, il épousait la philosophie du directeur général Serge Savard, qui disait qu'à talent égal, il choisirait un francophone autant que possible.

Pour regagner le coeur des amateurs de hockey, Corey jugeait essentiel également que les anciens joueurs demeurent près de l'équipe. "Je disais à mes collègues gouverneurs qu'il fallait encourager l'implication des anciens joueurs. Les gens veulent les voir près de nous et les résultats ont été extraordinaires ici à Montréal."

Pour faciliter l'implication des anciennes gloires, il a pris un moyen qui a fait des jaloux à travers la LNH en mettant sur pied, l'Association des Anciens Canadiens, une première. "Les anciens voulaient avoir un coin à eux au Forum. Après beaucoup d'efforts, on avait établi un salon à leur intention dans le lobby sur la rue Atwater. L'effet a été instantané.

"Dickie Moore m'avait dit qu'il était plus populaire qu'au moment où il jouait," a dit Corey en souriant.