De retour au Québec après avoir encaissé deux défaites en Floride, les joueurs du Canadien étaient très surpris de voir l'ampleur que les médias réservaient à la petite prise de bec survenue entre Andrei Markov et Carey Price, la semaine dernière.

À la fin de l'entraînement, les deux hommes se sont même fait l'accolade pour signaler à toutes les personnes présentes que cette histoire dépasse peut-être les bornes.

"Nous sommes une grande famille et nous nous aimons tous", a souligné Markov.

Si Price était absent dans le vestiaire, Markov s'est transformé en apôtre de l'amour fraternel, allant même jusqu'à souhaiter que les journalistes supportent l'équipe quand ça va mal."

"Si vous recherchez une histoire croustillante, vous êtes tombés sur le mauvais gars" a lancé le numéro 79. "Vous êtes censés nous aider présentement parce que nous vivons des moments difficiles. Ce qui survient dans le vestiaire, demeure dans le vestiaire."

En réalité, une altercation verbale entre deux joueurs fait pratiquement partie de la routine d'une équipe de hockey de la LNH. On est bien loin des menaces à la pointe d'un revolver comme c'est arrivé, il y a un mois dans le vestiaire des Wizards de Washington dans la NBA.

« On me dit souvent de me réveiller et je ne le prends pas mal, avoue Josh Gorges. Mes coéquipiers tentent de me secouer et ça fonctionne. »

« C'est pas la première fois que je le dis. C'est comme une famille, répète Maxim Lapierre. Parfois, il y a des chicanes. Ça ne veut pas dire que la famille va mal. Tout s'arrange sur l'heure du souper. »

Par contre, ces petits gestes s'accumulent depuis quelques semaines et on ne voyait pas ça au début de l'année."

« ll faut toujours faire attention lorsqu'on fait des commentaires, car tout le monde prend la critique différemment, philosophe Gorges. Au début de l'année, on ne savait pas toujours comment se parler. On cherche à motiver nos coéquipiers. Il n'y a rien de mal là-dedans. »

Rayé de la formation mercredi à Tampa en raison d'un rhume, Jaroslav Spacek ne s'est pas entraîné avec ses coéquipiers et son compatriote Roman Hamrlik a aussi profité d'une journée de congé pour soigner des petits bobos.

Les hommes de Jacques Martin disputeront leur prochaine partie samedi après-midi contre les Sénateurs, à Ottawa. La rencontre débutera à 14h.

Loin d'être rare

Brian Gionta a nié avoir assisté à une dispute entre Markov et Price, mais il reconnaît que c'est fréquent chez des athlètes professionnels qui se côtoient pendant une longue saison.

"Ces choses-là arrivent dans toutes les équipes, a noté l'ancien des Devils du New Jersey. Des histoires vont sortir à propos de choses qui se passent - ou ne se passent pas - dans le vestiaire. Vous aurez remarqué que cette histoire-là (l'incident Markov-Price) est sortie après deux défaites, et non pas après nos deux victoires (contre les Devils et les Rangers)."

Josh Gorges, lui, a dit comprendre jusqu'à un certain point pourquoi ce genre d'histoires prend autant d'ampleur.

"Les gens veulent savoir ce qui se passe dans l'équipe sur une base quotidienne, a noté le défenseur. Ils veulent savoir comment ça se vit à l'intérieur du vestiaire, quels genres de personnalités ont les joueurs, ils veulent se sentir partie intégrante de l'équipe.

"De notre côté, nous, les joueurs, devons comprendre que tout ce qui se passe dans l'équipe doit rester à l'interne, et qu'il y a des choses qui vont être dites à notre sujet. Ainsi va la vie à Montréal et ça ne va pas changer. Nous avons un travail à faire et nous devons nous protéger les uns les autres et rester une famille unie."

Quant à savoir si Price sera affecté mentalement par tout le bruit généré par l'incident, Gorges est d'avis que non.

"Je ne sais pas si tu t'habitues à ce genre de chose, mais je dirais plutôt que tu apprends à composer avec ça, a nuancé le défenseur. Au fil des ans, il s'est dit et écrit tellement de choses à son sujet que Carey a appris comment réagir aux propos négatifs, tout comme aux commentaires positifs, et comment garder ça dans une juste perspective. A savoir si ça la dérange, je ne sais pas, je ne suis pas dans sa tête...

"Il est vrai que parfois, même si tu ne te laisses pas toucher jusqu'à un certain point, il arrive d'en avoir assez, a ajouté Gorges. Mais je pense que Carey a assez d'expérience maintenant pour garder la tête froide."

Une seule constante: l'inconstance

L'autre sujet du jour, jeudi, était le manque de constance du Canadien, qui semble incapable d'aligner plus de deux bonnes performances de suite.

"Il faut commencer à faire les bonnes choses, jouer notre match, a commenté Markov. Peut-être que la concentration n'est pas là, que des joueurs relâchent un peu trop après des victoires. Mais reste que maintenant, tous les matchs ont un enjeu pour nous, et nous devons être à notre meilleur à chaque fois."

"J'aime penser que nous avons une meilleure équipe que ce que nous avons montré en Floride, a affirmé Gionta. Ce qui rend ça encore plus frustrant, c'est que nous avons montré que nous pouvons rivaliser avec de bonnes équipes, pour ensuite revenir avec des efforts sans lustre contre des équipes de moindre calibre. Nous savons que nous sommes assez bons, c'est juste une question de le montrer avec constance.

"Si nous savions pourquoi nous manquons autant de constance, nous cesserions de le faire j'imagine, a ajouté Gionta. Nous devrons trouver des solutions et vite, parce le dernier droit s'en vient vite."

Trois défenseurs ont raté l'entraînement de jeudi, deux jours avant d'affronter les Sénateurs à Ottawa: Jaroslav Spacek à cause de la grippe qui lui avait fait rater le match de la veille contre le Lightning à Tampa, Roman Hamrlik, qui a plutôt eu droit à des traitements, et Paul Mara, toujours blessé.

D'après un reportage de Luc Gélinas et la Presse Canadienne