MONTRÉAL - Jacques Martin est généreux de ses congés par le temps qui court, l'entraîneur du Canadien en ayant décrété un troisième en l'espace de 10 jours, mercredi, au lendemain de la victoire de 3-1 face aux Rangers, à New York. Il faut dire que ses troupiers le lui rendent bien en accumulant les victoires depuis la pause olympique : six en succession et sept en huit rencontres, incluant quatre à l'étranger.

L'excellente séquence du Tricolore - sa meilleure depuis qu'on a collé huit victoires en mars-avril 2006 - l'a propulsé dans le peloton des équipes qui luttent pour un rang plus avantageux au classement de l'Association Est, au lieu d'une simple place en séries éliminatoires.

Les séries, ce n'est toujours pas acquis. Mais il faudrait tout un revirement de situation pour que le CH n'en fasse pas partie. Il s'est confectionné un coussin confortable de sept points aux dépens des Rangers, qui sont neuvièmes.

À l'autre bout de la lorgnette, s'il termine la saison à ce train d'enfer, il n'est pas impensable que le Canadien puisse devancer les Sabres de Buffalo au sommet de la section Nord-Est, avec comme résultat qu'il se hisserait fort possiblement en troisième position, pas plus loin en tout cas à titre de champion de section. Mais ça aussi, c'est loin d'être dans le sac.

Les Sabres ont beau connaître une baisse de régime depuis la reprise des activités (3-4-1), ils détiennent toujours une avance de quatre points (82-78), tout en ayant joué trois matchs de moins. Le Canadien devra remporter les deux affrontements au calendrier contre eux, et espérer.

Évaluons les chances plus légitimes du bleu-blanc-rouge de finir sixième, voire cinquième.

À brève échéance, les Sénateurs d'Ottawa sont dans sa mire. Les Sénateurs ne sont plus l'ombre d'eux-mêmes depuis les Jeux olympiques, montrant un piètre rendement de 1-5-1. Ils ont subi un troisième revers d'affilée, mardi, contre les Maple Leafs de Toronto, devant leurs partisans de surcroît.

Le Canadien n'accuse qu'un retard d'un point, mais les Sénateurs ont un précieux match en mains. Les deux équipes vont croiser le fer au Centre Bell, lundi. Il ne reste aux Sens que quatre rencontres à domicile à jouer d'ici à la fin de la saison.

Le CH a doublé d'un point les Flyers de Philadelphie en sixième position, mardi, mais ces derniers possèdent un atout dans leur manche, soit leurs deux matchs en mains. Leur fin de calendrier est peu commode toutefois, avec des duels contre les Penguins de Pittsburgh, les Devils du New Jersey et les Red Wings de Detroit. Et les Flyers (4-3-2 depuis la reprise des activités) viennent peut-être de perdre les services du gardien Michael Leighton pour une longue période. Leighton a subi une entorse à une cheville dans la défaite de 4-3 aux tirs de barrage face aux Predators de Nashville, mardi.

Le Canadien en découdra une fois avec les Flyers, le 2 avril, à Philadelphie.

On ne doit pas écarter trop vite les Bruins de Boston qui ne sont pas loin derrière, avec 74 points. Les Bruins ont un calendrier plus difficile sur les bras, avec une paire d'affrontements contre les champions de l'Est, les Capitals de Washington, dans leur dernière semaine d'activités.

Cinq en huit!

Les joueurs du Canadien doivent profiter pleinement du congé qu'on leur accorde, avant de reprendre l'entraînement jeudi, parce qu'ils ne chômeront pas à leur retour à l'action, samedi, à Toronto.

La rencontre face aux Maple Leafs marquera le début d'une série de cinq matchs en l'espace de huit jours. Après les Leafs, l'équipe va recevoir les Sénateurs, lundi, se rendre à Buffalo mercredi, revenir à Montréal affronter les Panthers de la Floride jeudi, avant d'accueillir Martin Brodeur et les Devils, le samedi 27 mars.

Il n'y a évidemment aucune urgence, mais il y a tout de même du renfort en vue. L'ailier Michael Cammalleri et le défenseur Marc-André Bergeron, qui récupèrent tous deux d'une blessure à un genou, piaffent d'impatience de retrouver leurs coéquipiers à l'entraînement. Est-ce que ça se produira dès jeudi? On peut en douter.

Déjà, Martin a indiqué que les deux éléments ne seraient pas de la partie à Toronto, samedi. L'entraîneur est peu enclin à effectuer des changements dans le contexte actuel, on le comprend facilement. On ne répare pas ce qui n'est pas brisé, dit l'adage. Dans le moment, tout va comme sur des roulettes pour le Canadien.

Et la chance lui sourit à pleines dents, comme on l'a encore constaté, mardi. Glen Metropolit qui marque le premier but en voyant la rondelle frapper la lame de son bâton à la suite du tir d'Andrei Markov. Et Sergei Kostitsyn qui marque le but gagnant en voyant la passe qu'il a tentée devant le filet être déviée par un rival. Samedi, Sergei a réussi le but victorieux à la suite d'une maladresse du gardien des Bruins de Boston, Tuukka Rask, derrière son filet.

Mais on ne fait pas sa chance sans effort. Le Tricolore a du mérite. Il travaille fort et bien. Les quatre trios exercent un échec-avant efficace et soutenu. La contribution à l'attaque des troisième et quatrième unités s'avère inespérée. Qui l'eût cru? Metropolit est même rendu à 16 buts, incluant 10 en supériorité numérique! Les trois duos de défenseurs affichent aussi un bel équilibre. Depuis quelques matchs, le gardien Jaroslav Halak est confronté à beaucoup moins de lancers. Les unités spéciales continuent de bien fonctionner.

Martin a souvent en bouche l'expression "victoire d'équipe" au terme des matchs depuis la pause olympique.

La "pole" à Jaro

Halak, mine de rien, est en voie de décrocher le poste de gardien de confiance en vue des séries éliminatoires. Un entraîneur souhaite utiliser en masse le gardien qu'il enverra dans la mêlée en séries dans le dernier droit de la saison, et le jeune Slovaque détient la "pole" actuellement. À lui de la garder dans les 11 derniers matchs.

En attendant, Carey Price ronge son frein en étrennant de nouvelles pièces d'équipement à l'entraînement, comme des jambières toutes blanches.

L'entraîneur, lui, continue de répéter qu'il a sous la main deux jeunes gardiens talentueux en développement. Selon lui, la situation actuelle n'est pas différente de celle qui prévalait chez le Wild du Minnesota, il y a quelques années, quand on faisait confiance presque équitablement à Dwayne Roloson et à Emmanuel Fernandez.

"Vous verrez. Nous aurons besoin de nos deux gardiens, la semaine prochaine", a souligné Martin, lundi.