Le commentaire le plus souvent entendu depuis la défaite cruelle de samedi concernait le fait qu'on se serait facilement contenté du résultat si on avait su avant le début de la série que le Canadien se serait retrouvé à égalité avec les champions de la saison régulière après les deux premiers matchs.

Dans le coeur des plus chauds supporters du Canadien, peut-être que le raisonnement tient toujours après cette deuxième défaite consécutive. Somme toute, c'est un peu comme si les Capitals avaient gagné les deux premiers affrontements sur leur glace et que le Canadien avait répliqué avec une première victoire à domicile.

Non, justement. Ce n'est pas ça du tout. Ce n'est pas comme si on assistait à une série de homers. On est plutôt de retour à la case départ quand à peu près tout le monde reconnaissait qu'il s'agissait d'une guerre entre David et Goliath. Et bien, Goliath est venu rétablir l'ordre en plein Centre Bell. Il a démontré qu'il était le plus fort. Il n'a pas encore gagné la bataille, mais on sent que cela ne saurait tarder, malgré la bonne volonté de leurs vaillants, mais trop petits adversaires.

Trois buts en un peu plus de sept minutes au début de la seconde période ont même forcé la main de Jacques Martin qui a remplacé son homme de confiance, Jaroslav Halak, par celui qui était venu à bout de sa confiance, Carey Price. C'était la troisième fois que Halak était victime du crochet de son entraîneur depuis octobre dernier.

Si le facteur chance a aidé les Capitals à briser la glace, quand Jaroslav Spacek, dans une mauvaise glissade, a repoussé Halak dans le fond de son filet avec ses grosses fesses, les autres buts des visiteurs n'ont laissé aucun doute quant à leur supériorité et à leur talent.

Même si le plus illustre et le plus glorieux de tous les fantômes, Jean Béliveau, a repris sa place à quelques pas du banc des joueurs après une longue absence attribuable à un malaise cardiaque, ce ne fut pas suffisant pour inspirer une équipe qui avait été accueillie par une pétarade d'applaudissements et un défilé au flambeau autour de la patinoire. Ce flambeau, on aurait bien voulu qu'ils le saisissent pour se redonner les devants dans la série, mais c'est arrivé si peu souvent qu'ils l'aient fait au cours des dernières années. Ce n'était pas une question de vouloir comme de talent, très souvent.

«J'aurais bien aimé que l'équipe continue à jouer comme elle l'avait fait en première période, mais vous savez, la profondeur d'une équipe finit toujours par se manifester. La crème finit éventuellement par remonter sur le dessus», a fait remarquer le plus grand capitaine d'une équipe aujourd'hui sans capitaine.

Parlant de talent, ils sont beaux à voir les Capitals quand ils retrouvent tous leurs moyens. Ils sont rapides et ils s'échangent la rondelle avec précision. À la longue, ils finissent par frustrer l'adversaire qui en perd son sang-froid, comme on l'a vu durant la débandade de la seconde période.

«C'est une situation étrange, a expliqué Mike Cammalleri. Nous voulons jouer avec émotion et nos perdons le contrôle de nos émotions.»

Un joueur jouissant d'une vaste expérience comme Scott Gomez a même écopé d'une pénalité d'inconduite. Sa présence aurait été utile pour alimenter l'espoir après que Tomas Plekanec (encore lui) eut déjoué le gardien Semyon Varlamov pour réduire la marque à 4-1 en début de troisième période.

«Nous avons connu une mauvaise période et cela nous a coûté le match», a résumé Cammalleri.

Ça, c'était une explication plutôt simpliste pour la galerie. Il était sans doute le premier à reconnaître que l'équipe avait subi une bonne correction qui était davantage en accord avec les 33 points de différence au classement entre les deux équipes cette saison. Il fallait bien que ça finisse par paraître.

La dernière période s'est éteinte au même rythme que les encouragements d'une foule qui avait tout fait pour soulever les miraculés de Washington qui n'ont pu reprendre là où ils avaient laissé, surtout parce que les Capitals n'ont jamais permis qu'ils le fassent.

Après la prochaine séance d'entraînement, la ritournelle de l'hiver sera reprise à l'unisson: Price ou Halak pour le quatrième match? Cette fois, c'est une question de perception pour Jacques Martin. Ira-t-il avec Price, qui n'a pas paru rouillé malgré les deux buts marqués contre lui, ou avec Halak qui a amené l'organisation là où elle est en ce moment.

Pariez sur la seconde option, même si ça ne risque pas de faire une grosse différence. Les joueurs des Capitals, après une grande frousse, ont repris confiance en eux. Elle est là, la mauvaise nouvelle.