Même après avoir vu le Canadien surprendre les Capitals de Washington, la meilleure équipe de la LNH au cours du calendrier régulier, ils seront sans doute peu nombreux à parier de fortes sommes sur les chances de la formation montréalaise de venir à bout des champions en titre de la coupe Stanley, les Penguins de Pittsburgh.

Gageons tout de même qu'ils seront beaucoup plus qu'il y a deux semaines, au Québec du moins, à avoir la foi qu'un autre miracle est possible.

"Dans les séries, il n'y a que les meilleures équipes. Il faut affronter les meilleurs, il faut battre les meilleurs", a déclaré l'ancien des Penguins Hal Gill, jeudi, après avoir effectué le trajet Washington-Pittsburgh en avion avec ses coéquipiers du Canadien.

De la façon dont les hommes de Jacques Martin jouent présentement, il ne faut pas se fier à leur fiche de la saison régulière pour jauger leur réelle valeur. Jaroslav Halak a rehaussé son niveau de jeu, déjà excellent, d'un autre cran. Devant lui, ses coéquipiers jouent avec une cohésion, une confiance et une constance qui leur ont fait défaut tout au long du calendrier régulier.

Par ailleurs, les Scott Gomez, Brian Gionta, Michael Cammalleri et compagnie ont tendance à bien paraître contre les équipes qui leur laissent de l'espace pour patiner. Des équipes comme les Caps... et les Penguins.

Bill Guerin, le vétéran des Penguins, s'est dit peu surpris, jeudi, du triomphe du Canadien au premier tour.

"Ils ont davantage joué en équipe que Washington. Ils ne se fiaient pas à trois ou quatre gars, mais à tout le monde, a-t-il déclaré à Pittsburgh, après l'entraînement des siens. Ils ont adopté une approche d'équipe très complète.

"On pouvait voir comment ils jouaient avec un sens du désespoir, sans effectuer des jeux risqués, a ajouté Guerin. Nous savons que ce sera un défi."

Comme on le souligne dans le camp du Canadien, il ne faut pas se fier à la fiche de 1-3 du club tricolore contre Sidney Crosby cet hiver, puisque certains de ces matchs ont été disputés pendant les absences d'Andrei Markov et Gionta.

Les Pens, pas comme les Caps

Mais la grande différence entre les Capitals et les Penguins, c'est que ces derniers comptent plusieurs joueurs qui ont "l'instinct du tueur" dans les moments-clés. À commencer par Sidney Crosby, auteur de 14 points (5-9) dans la série du premier tour contre les Sénateurs d'Ottawa.

Et si le Canadien parvient à freiner la première unité de Crosby, Guerin et Chris Kunitz, qui a récolté 16 points à ses dépens en saison régulière, il aura à composer avec le trio pivoté par Evgeni Malkin. Il serait étonnant que le lauréat du dernier trophée Conn-Smythe, qui a récolté quatre buts et quatre aides au premier tour éliminatoire, ne puisse trouver le fond du filet pendant une série complète, comme l'a fait l'attaquant Alexander Semin chez les Capitals.

Et il y a en d'autres. Ce n'est pas un hasard si cette équipe a atteint la grande finale ces deux dernières années.

"L'expérience est la principale différence (entre les Capitals et les Penguins), a souligné Josh Gorges. Ces gars-là savent comment gagner et ils l'ont prouvé dans les séries. Ils savent ce qu'il faut faire pour gagner. Le spectacle n'est pas toujours leur priorité. Mais nous avons aussi des joueurs qui sont passés par là."

Crosby a prévenu que ses coéquipiers ne prendront pas le Tricolore à la légère comme les Capitals l'ont peut-être fait.

"Je pensais bien que (les Capitals) allaient finir par les avoir. Mais ils ont manqué de temps. Il faut donner crédit (au Canadien). Ils ont bloqué des tirs, ils ont joué avec un sens du désespoir pendant trois matchs, a dit le capitaine des Penguins. C'est là quelque chose dont nous devons être conscients. Ils croient en eux. Nous devons nous assurer d'être prêts à cela dès le début de la série."

Halak et l'attaque massive

Reste que les mêmes éléments qui ont fait le succès du Canadien face aux Caps pourraient s'avérer encore la clé devant les Penguins: le gardien et les unités spéciales.

Halak a présenté une fiche de 1-1 dans les matchs contre Pittsburgh cet hiver. Ses statistiques générales sont supérieures à celle de Marc-André Fleury: 2,40 contre 2,65 pour la moyenne, et ,924 comparé à ,905 au chapitre du taux d'arrêts.

Même si Fleury a signé 37 victoires cet hiver, le huitième total dans la ligue, Halak a été plus efficace que le gardien des Penguins puisqu'il a décroché 26 gains en 45 matchs disputés, pour un pourcentage de victoires de ,578. Avec ses 67 rencontres jouées, Fleury a quant à lui un taux de succès de ,552.

Dans les quatre rencontres entre les deux équipes cet hiver, le jeu de puissance montréalais a montré un pourcentage d'efficacité de 23,1 pour cent (3-en-13), tandis que celui des Penguins a été limité à un taux de succès de 13,3 pour cent (2-en-15). C'est en-deçà des 17,2 pour cent qu'ils ont affiché sur l'ensemble de la saison.

S'ils ont tenu la meilleure attaque massive du circuit en échec pendant le premier tour - les Caps ont été limités, on le sait, à un but en 33 occasions après avoir présenté le meilleur taux de la LNH - les joueurs du Canadien peuvent certes mater celle des joueurs de Dan Bylsma. Et ce, même si les Penguins ont converti le quart de leurs chances dans la série contre Ottawa.