BROSSARD - Le Canadien table sur son retour à la maison dans l'espoir de refourbir ses armes à l'attaque dès jeudi et du coup rétrécir l'écart dans la finale de l'Est, que les Flyers de Philadelphie mènent 2-0.

"La foule peut faire un monde de différences, a souligné l'ailier Michael Cammalleri, mercredi. Il y a eu quelques matchs dans les tours précédents au cours desquels on a commencé à jouer avec entrain et la foule a embarqué en nous motivant davantage. C'est comme si elle vous pousse dans le dos quand vous patinez."

Le Tricolore aura besoin de cette poussée additionnelle s'il veut revenir dans la série, lui qui est à la recherche d'un premier but après avoir été blanchi 6-0 et 3-0 dans les deux confrontations disputées au Wachovia Center.

L'entraîneur Jacques Martin a tenu une bonne séance de brassage d'idées "constructive" avec ses troupiers pendant environ 45 minutes, avant de rencontrer la presse au Complexe sportif Bell de Brossard. Il s'agit du plus long exercice du genre de l'équipe depuis l'ouverture des séries.

"Nous avons joué nos trois derniers matchs à l'étranger, a relevé Martin. Nous avons gagné le premier qui nous a permis de participer à la finale de l'Est. D'être de retour devant nos partisans, avec une énergie renouvelée, j'estime que ça peut nous aider à obtenir de meilleurs résultats."

Soulignant que l'équipe avait fait fi de l'adversité déjà plusieurs fois cette saison, Martin s'est dit confiant de la voir de nouveau confondre les sceptiques.

"Nous comprenons parfaitement la situation problèmatique à laquelle nous sommes confrontés et nous sommes confiants d'être capables de la surmonter, a-t-il affirmé. Nous méritons d'être en finale et nous savons que ce ne sera pas facile. J'ai confiance en la force de caractère et la grande détermination des joueurs.

"Après le match numéro quatre contre les Capitals de Washington, peu d'entre vous dans la salle croyaient en nos chances de l'emporter, a-t-il repris. Ce groupe de joueurs vous a fait mentir. C'est un autre défi que nous avons à relever. C'est dans ce temps-là que nous sommes à notre mieux."

En retard 1-3 dans la série de premier tour face aux Caps, le CH a orchestré toute une remontée avant d'enlever les honneurs de la septième rencontre. Dans la série contre les Penguins de Pittsburgh, le Canadien a effacé un retard de 2-3. Cette fois, il a intérêt à ne pas attendre d'être en recul de 0-3 avant de se mettre en marche.

Pas de panique

Au sortir de la réunion, les joueurs disponibles ont assuré que le moral des troupes demeure bon. Martin a admis qu'on a dû repeaufiner l'aspect psychologique. Questionné à savoir si la "panique" s'était installée, Martin a répondu qu'il ne peut pas dire s'il s'agit de panique, tout en rappelant l'importance pour les joueurs de ne pas tenter de trop en faire individuellement.

"Le lien de confiance qui unissait les joueurs est ce qui nous a permis de connaître du succès dans les deux premières rondes, a-t-il avancé. Chacun faisait son travail. Chacun apportait sa contribution. C'est important de retrouver ça. Ce n'est pas un seul joueur qui va faire la différence. C'est le noyau de l'équipe qui va le faire."

Le message de l'entraîneur a été entendu, les joueurs l'ayant repris en choeur dans le vestiaire.

Les ajustements qu'on a apportés au terme du premier match n'ont pas été suffisantes. On va donc en apporter d'autres, principalement au chapitre des unités spécialisées. Blanchi en huit occasions en supériorité numérique, le Canadien a cédé quatre fois en infériorité. On va également s'efforcer de résoudre l'énigme Michael Leighton en cherchant à embêter davantage le gardien des Flyers.

Ça reste des pistes de solutions vagues que ni Martin, ni les joueurs n'ont pas voulu décortiquer en présence des médias. Il faudra donc voir sur la glace du Centre Bell, jeudi.

"Les Flyers ont fait ce qu'ils devaient faire chez eux, a souligné le défenseur Hal Gill. À nous maintenant de faire ce que nous devons faire, et égaler la série chez nous. On ne peut pas s'attendre à ce que ça arrive en criant ciseau. Nous devrons trouver une façon de faire tourner le vent de notre côté."

Un premier but dans la série serait sûrement un pas dans la bonne voie.

"Peut-être tout ce qu'on aurait besoin pour se relancer", a résumé l'attaquant Maxim Lapierre.

En bref

Jacques Martin s'est porté à la défense de Jaroslav Halak, mercredi. Le gardien slovaque a montré des signes de ralentissement depuis le début de la finale de l'Est. A-t-il perdu ses repères?

"Non pas du tout, a répondu Martin. La performance de notre gardien a été un gros facteur dans les deux premières rondes des séries. Contre les Flyers, il n'est pas pire que le reste de l'équipe. Il doit être plus solide comme ses coéquipiers doivent l'être devant lui."

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Scott Gomez a écopé deux mauvaises pénalités qui ont pavé la voie au premier but des Flyers dans chacun des deux premiers matchs de la série. Le vétéran joueur de centre a péché au moment où le Canadien était lui-même en supériorité numérique, en début de rencontre.

"Scott réalise les conséquences de ses gestes, a argué Martin. Il a gagné la coupe Stanley, c'est un joueur expérimenté et un leader. Il reconnaît que ce sont des choses qu'il doit éviter."

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Jacques Martin a pris un pari audacieux en réintégrant Sergei Kostitsyn dans la formation, mardi, après avoir écarté le jeune bélarusse de l'entourage de l'équipe dernièrement en raison de sa mauvaise attitude.

L'entraîneur du Canadien a expliqué mercredi que "Serge K" fait toujours partie de l'équipe et qu'il a besoin de tout son monde rendu à ce stade des séries.

"Comme entraîneur, vous procédez parfois à des changements et vous espérez avoir une réponse favorable des joueurs envoyés dans la mêlée."

Le cadet des frères Kostitsyn, appelé à remplacer Benoit Pouliot, n'a pas dû l'impressionner puisqu'il ne l'a utilisé que dans cinq minutes de temps de jeu.

Kostitsyn a expliqué que c'est difficile pour lui de se mettre en évidence en jouant peu. Il a admis qu'il a trouvé la situation difficile sur le plan personnel au cours des dernières semaines. Il a peut-être voulu faire taire les rumeurs selon lesquelles il irait jouer en Russie, la saison prochaine, en mentionnant qu'il souhaite porter les couleurs du Canadien pendant plusieurs saisons.

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Benoit Pouliot essaie de garder la tête haute même s'il dit traverser une séquence fort difficile sur le plan personnel.

"J'ai mon sort entre les mains, a commenté le jeune ailier. C'est à moi de montrer que je peux aider l'équipe en élevant mon niveau de jeu. Je comprends l'entraîneur parce que ça va plutôt mal pour moi depuis quelque temps. Il a voulu me fouetter. La situation n'est pas facile. Ma confiance n'est pas forte dans le moment."