Il y a une multitude de facettes qui explique pourquoi le Canadien a offert du jeu erratique samedi, comparativement au troisième match, où de mon humble avis, il a disputé une rencontre sans failles.

De prime abord, ce que les gens doivent comprendre, c'est que les hommes de Jacques Martin ne sont pas seuls sur la patinoire. Il y a également un club de l'autre côté et celui-ci s'est fait humilier lors du premier match à Montréal. Or, les joueurs des Flyers voulaient se faire pardonner bien des choses. Ils sont venus à Montréal pour remporter un match sur deux et ils se sont ajustés pour y parvenir.

En quelque part, il faut donner quand même du crédit à l'adversaire qui a su faire preuve de patience et ne pas déroger à son plan de match. En deuxième période, les Flyers n'ont permis qu'un seul tir au but - provenant du bâton de Maxim Lapierre. En termes d'ajustement, c'est difficile de faire mieux.

Ce qui est décevant, c'est que le Canadien avait jusqu'ici été en mesure d'offrir une meilleure prestation plus la série avançait. On aurait été porté à croire que les joueurs allaient encore une fois élever leur jeu d'un cran.

Durant le troisième match, on a senti que le Tricolore se battait avec l'énergie du désespoir, avec un sentiment d'urgence. Je n'ai pas ressenti ça dimanche après-midi. Avait-on retrouvé une certaine zone de confort qui s'est avérée néfaste?

Leighton efficace

Il faut rendre à César ce qui appartient à César; Michael Leighton mérite amplement les trois blanchissages qu'il a obtenus dans cette même série. Même si les défenseurs des Flyers jouent de façon admirable en formant devant lui un véritable périmètre de sécurité, le gardien s'assure que les rondelles le frappent dans l'abdomen, dans le centre du corps. Dans son cas, c'est la clé du succès.

Michael Leighton n'est certainement pas le meilleur gardien au niveau technique, ce n'est pas lui qui possède la plus grande rapidité pour ses déplacements latéraux ou pour le contrôle des retours de lancers; toutefois, il est toujours concentré sur ce qu'il a faire comme travail, c'est-à-dire effectuer le premier arrêt. Il sait très bien que ses coéquipiers feront le travail devant lui, qu'il n'y aura pas de deuxième chance de marquer. C'est précisément ce qui est arrivé dans les trois victoires des Flyers jusqu'ici dans cette série.

Leighton joue à l'intérieur de ses limites et il y existe tout un système autour de lui pour lui faciliter la tâche.

On s'entend pour dire que Ray Emery, Brian Boucher et Michael Leighton ne représentent pas des gardiens de premier plan dans la LNH. Cependant, Ils ont été en mesure de se rendre là où ils sont grâce à ce système qui ne change pas, et ce, peu importe le gardien dans les buts.

Encore au bord du précipice

Je vais ressortir ce fameux cliché : à force de jouer avec le feu, le Canadien pourrait finir par se brûler. Le Canadien aurait certes aimé éviter la situation dans laquelle il se trouve présentement, mais il se retrouve tout de même le dos au mur.

Toutefois, je considère qu'il serait idiot de compter le Canadien pour mort, car à chaque fois qu'on sentait que la fin approchait, le Canadien a montré son vrai visage. On espère que ça arrivera de nouveau, mais il fera face pour une septième fois à l'élimination (si l'on compte le match contre les Leafs en fin de saison).

S'ils désirent se rendre en finale, la troupe de Jacques Martin devra réaliser le coup encore trois fois. Je ne doute aucunement du caractère de cette équipe, mais tout le monde sait qu'il ne faut pas tenter trop souvent le diable par la queue.

Lundi soir, Montréal devra absolument se servir de sa rapidité comme on l'a vu tôt dans le match de dimanche. Le rythme était alors très élevé. Lors des bons moments, on s'est servi de cette rapidité pour s'approcher de Michael Leighton et tenter de le déranger dans son travail.

À prime abord, c'est ce que le Canadien doit faire. En marquant pas de buts, on ne remporte pas de match. Par la suite, il faudra retrouver cette énergie du désespoir. Enfin, le Canadien ne doit pas regarder trop loin, ni trop décortiquer les choses. Il doit se contenter de se bâtir une confiance sur de petits événements, comme une bonne première présence, une bonne mise en échec ou une bonne chance de marquer. En fait, c'est de cette manière que le Canadien est venu à bout des Penguins et des Capitals. Je ne dis pas qu'ils vont le faire, mais on se croise les doigts…

L'impact de Laperrière

Le retour de Ian Laperrière a certainement eu un impact incroyable dans le vestiaire des Flyers. Je connais personnellement Ian et je peux confirmer qu'il représente un guerrier dans tous les sens du terme.

Même s'il ne s'inscrit pas sur la feuille de pointage, il n'en demeure pas moins que c'est un gars de caractère. Si on a vu une faille dans l'armure des Flyers lors du troisième match, c'est qu'ils se sont énervés, ils ont été dérangés l'arrogance, la façon de jouer du Canadien. Dans une telle situation, Laperrière peut venir calmer les troupes. Les Flyers ont fait preuve de beaucoup de patience dimanche et c'est peut-être là que Ian Laperrière a joué un rôle prédominant; on continue dans la même veine et on ne s'en fait pas.

C'est un gars qui a déjà vu l'eau couler sous les ponts et il reconnaît la chance qu'il a présentement. Il dit qu'il a travaillé fort pendant 14 ans pour se rendre ici. Il a sans aucun doute son importance dans le vestiaire et sur le banc des Flyers. Chaque fois qu'il met le pied sur la patinoire, il rappelle à tout le monde qu'il a passé à deux occasions près de voir sa carrière terminée.

Avec sa visière pleine et le cœur gros comme le Wachovia Center, il revient pour aider son équipe à franchir une autre étape. Dans mon esprit, il n'y a pas de doute, Laperrière est une inspiration.

Ça ne devrait pas pour autant déranger le Canadien, mais les joueurs doivent savoir qu'il faudra travailler encore plus fort pour déranger les Flyers quand il est de l'alignement.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont