Pierre Gauthier a fini par me donner raison.

Ça faisait déjà plusieurs mois que je disais à qui voulait bien l'entendre que le Canadien allait conclure une entente de plusieurs saisons avec Tomas Plekanec et c'est exactement ce qui s'est passé.

Mon raisonnement était simple : le Canadien n'avait pas le choix de garder son petit joueur de centre parce qu'il n'y avait personne sur le marché qui pouvait adéquatement le remplacer. Lars Eller deviendra un bon joueur, mais c'est un projet à moyen terme. On fait quoi l'année prochaine?

On aura beau critiquer Plekanec pour toutes sortes de raisons, reste qu'il a livré la marchandise avec des saisons de 69 et 70 points depuis trois ans. C'est sûr qu'on l'aimerait un peu plus gros et un peu plus physique, mais il faut quand même lui donner ce qu'il a!

Pour ce qui est de ses baisses de régime en séries, je crois que ce n'est pas lui, le problème, mais plutôt les gars autour de lui. Je le dis depuis des années : un joueur comme Plekanec doit être entouré de joueurs qui le complémentent. C'est la même chose avec Scott Gomez! Enlevez-lui un marqueur comme Brian Gionta et il devient un gros zéro. Une ligne d'attaque doit être composée de gars qui se complètent. Des gars parfaits qui sont gros, grands, forts, qui marquent des buts et qui en préparent, il n'en pleut pas. Il n'y en a même pas assez pour chaque équipe de la LNH.

C'est ça, selon moi, la prochaine mission du directeur général du Canadien. Il faut donner à Plekanec un ailier qui va l'aider à mieux paraître quand ça commence à brasser.

Price comme numéro un... vous êtes certain?

J'ai un petit feeling à l'approche du repêchage et je vais vous en faire part. Même avec le départ de Jaroslav Halak pour St. Louis, je ne suis pas convaincu que Carey Price sera à Montréal la saison prochaine.

Je vous offre un scénario. Je sais que j'arrive du champ droit avec ça, mais le voici : Price contre Luongo.

Tout est possible! À Vancouver, je ne suis pas sûr que Luongo et Vigneault s'entendent à merveille et je n'ai pas l'impression qu'on dirait non à un tel échange. Et monétairement, ce ne serait pas aussi impossible qu'on pourrait le croire. Luongo touchera 10 M$ la saison prochaine, mais son salaire ne comptera que pour 5,3 M$ sur la masse salariale des Canucks. Si on estime que Price commandera un salaire d'environ 3 M$, vous ne trouvez pas que la différence en vaudrait la chandelle?

Je ne dis pas que Carey Price n'est pas capable de prendre la pression qui l'attend, j'ai toujours dit qu'il était un excellent jeune gardien de but. Mais pourquoi ne pas tendre une perche à Vancouver? Personnellement, je ferais un Brian Burke de moi-même et je tâterais le terrain, à tout le moins.

Au pire, ça ne fonctionne pas et le Canadien a quand même un très bon jeune gardien pour commencer la saison.

Le Canadien au repêchage

En repêchant au 27e rang de la première ronde à l'encan amateur de vendredi, le Canadien n'est pas en position pour réaliser un miracle avec ses sélections. C'est pourquoi, si j'étais le d.g. de cette équipe, j'étudierais le marché pour voir si je pourrais obtenir des valeurs sûres immédiates en échange de mes choix. Ça serait ma philosophie pour cette année.

Sur ma liste d'épicerie : des joueurs robustes. C'est le même constat depuis des années. Les Flyers de Philadelphie ont éliminé le Canadien deux fois en trois ans et on a tiré les mêmes conclusions chaque fois. Tout le monde le sait, tout le monde le dit : cette équipe-là a besoin de gars plus imposants physiquement.

Dans un avenir pas si lointain, ce joueur tant convoité pourrait être Ian Schultz, l'ancien capitaine des Hitmen de Calgary qui a été impliqué dans la même transaction que Halak. Je vois aussi dans ma soupe le jeune Suisse Nino Niederreiter, qui sera repêché en fin de semaine. Il ne sera probablement pas disponible quand le Canadien sera invité au podium pour la première fois, mais ça reste un joueur de sa trempe que ça prend à cette équipe. Un gros bonhomme avec des mains qui fera son chemin assez rapidement vers la LNH.

Je parle souvent de James Neal à Dallas. C'est un joueur comme lui qu'il faut trouver pour compléter Plekanec.

Hall formera tout un trio à Edmonton

Laissons de côté le Canadien et regardons ce que nous réserve ce repêchage dans son ensemble. Depuis presque un an, il y a une question qui revient sans cesse sur les lèvres de tous les amateurs de hockey : Taylor Hall ou Tyler Seguin?

Moi mon homme, c'est Taylor Hall. C'est vrai que je l'ai vu jouer plus souvent en raison de sa présence au championnat du monde des moins de 20 ans, auquel Seguin n'a pas participé, mais selon moi, aucun autre prospect ne possède autant d'attributs que lui.

Hall est un attaquant de puissance avec énormément de talent. Il a un bon gabarit et ne se fie pas uniquement sur ses habiletés pour produire offensivement. Il fonce au filet sans égard pour ce qui se trouve devant lui. Un peu comme Sidney Crosby, il est très fort au niveau du bas du corps. Il a un excellent tir des poignets et, surtout, c'est un gamer. Si son équipe tire de l'arrière, c'est lui qui va être le premier à essayer de faire changer les choses. Il n'accepte pas la défaite.

Il est mon choix numéro un et je ne pense pas que les Oilers d'Edmonton vont passer à côté de l'occasion de le repêcher. C'est ici que vous l'aurez lu en premier : dans deux ans, avec une ligne composée de Hall, Jordan Eberle et Magnus Paajarvi-Svensson, les Oilers seront les nouveaux Blackhawks de Chicago.

Parmi les autres espoirs qui ont piqué ma curiosité avec tous les matchs que j'ai eu la chance de voir cette année, il y a Brett Connoly, des Cougars de Prince George, et John McFarland, des Wolves de Sudbury.

Ce sont exactement le genre de joueurs dont le Canadien aura besoin dans le futur. Ils me font penser à Max Pacioretty, mais qui pourraient éventuellement connaître du succès! Dans le cas de Pacioretty, on le regarde et on se demande pourquoi ça n'a pas encore fonctionné pour lui...

Un autre joueur à surveiller : Ryan Spooner, un joueur de centre format poche avec un bon coup de patin et un talent de marqueur certain.

Pour moi, les deux Québécois qui se sont démarqué dans les matchs que j'ai vus sont Michael Bournival des Cataractes de Shawinigan et Gabriel Desjardins des Mooseheads de Halifax.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.