BROSSARD - Le bonheur d'Andrei Markov, qui reviendra au jeu samedi au Centre Bell contre les Panthers de la Floride, signalera inévitablement le malheur d'un autre défenseur du Canadien.

Reste à savoir qui sera le malheureux élu.

Logiquement, Alexandre Picard devrait être celui qui ira rejoindre Ryan O'Byrne dans les gradins. Comme l'a laissé entendre Jacques Martin, jeudi, celui qui cédera sa place à Markov ne sera pas nécessairement relégué aux mineures. Il pourrait rester dans le giron du Canadien puisque l'équipe compte 22 joueurs pour l'instant et pourrait en garder un 23e.

Sauf qu'à la lumière de l'erratique début de saison de Jaroslav Spacek, certains se demandent si le vétéran tchèque ne risque pas de finir par écoper à son tour.

L'arrière de 36 ans reconnaît d'emblée qu'il ne connaît pas son meilleur début de saison. Sans chercher d'excuses, il a fourni quelques explications, jeudi, après s'être entraîné en gymnase au Complexe sportif Bell de Brossard, en compagnie des autres joueurs établis du Canadien.

"S'il y a quelque chose qui a pu affecter ma préparation, c'est que je n'ai pas joué avec (Roman Hamrlik) pendant le camp", a dit Spacek en faisant allusion à son complice habituel, qui a raté tout le camp d'entraînement et les deux premiers matchs du calendrier régulier à cause d'une blessure au genou.

"La complicité entre nous n'a donc peut-être pas été tout à fait la même (que la saison dernière). Je crois cependant que les récents matchs se sont beaucoup mieux déroulés."

Spacek a aussi relevé le fait que Hamrlik et lui ont souvent été appelés à affronter le meilleur trio offensif de l'équipe adverse jusqu'ici cette saison.

"Cette année, c'est davantage revenu à nous de jouer contre le meilleur trio adverse, alors que ce rôle avait été confié à Josh Gorges et Hal Gill la saison dernière. Mais c'est à nous de nous adapter au rôle qu'on nous confie, a souligné le Tchèque de cinq pieds 11 pouces et 204 livres. Nous savons ce qu'il faut faire dans ce contexte.

"Ce n'est pas juste une responsabilité qui incombe au duo de défenseurs, a par ailleurs fait remarquer Spacek. C'est aussi aux cinq joueurs sur la glace d'y voir. Depuis quelque temps, nous jouons souvent avec Tomas Plekanec, Michael Cammalleri et Andrei Kostitsyn. Ça fonctionne très bien parce que ces joueurs-là nous supportent beaucoup (défensivement) tout en cherchant à axer leur jeu sur l'attaque. Ils mettent beaucoup de pression sur le meilleur trio adverse."

Reste qu'en affrontant les meilleurs attaquants adverses, un défenseur n'a pas souvent le loisir de s'exprimer comme il l'aimerait, a rappelé Spacek.

"Quand tu affrontes le meilleur trio adverse, ta mission première, c'est de ne pas accorder de but, a-t-il affirmé. Tandis que lorsque tu affrontes un troisième ou quatrième trio, tu peux prendre plus de risques à l'attaque, parce que tu sais que les joueurs devant toi n'ont pas autant d'habiletés."

L'équipe d'abord

Même s'il approche la quarantaine, Spacek n'est pas prêt à accepter la théorie voulant que son jeu décline à cause de l'âge. En même temps, il se dit prêt à céder sa place si l'entraîneur juge que cela vaut mieux pour l'équipe.

"Je me sens bien même si j'avance en âge, a-t-il dit. J'ai encore le sentiment de pouvoir jouer à un bon niveau. Si l'entraîneur décide que je n'en suis plus capable et qu'un autre joue mieux que moi, je vais l'accepter. Nous avons huit défenseurs qui sont capables de faire le boulot et si quelqu'un joue mieux que moi, tant mieux pour l'équipe, je lui céderai ma place."

Spacek pourrait, en revanche, retrouver ses repères une fois qu'il retrouvera un rôle moins ingrat, et qu'il reviendra à Markov et à son éventuel partenaire d'affronter les meilleurs joueurs de l'autre équipe.

"Markov est notre meilleur défenseur et quand il reviendra, il aura beaucoup de temps de glace, et nous devrons tous reprendre le rôle qui nous revient", a souligné Spacek, qui n'a rien contre le fait de passer moins de temps sur la patinoire.

"Je n'ai rien contre des présences de 40 secondes sur la glace. Tout doit être fait en fonction des besoins de l'équipe, a-t-il dit. Quand tu ne participes pas à l'avantage ou au désavantage numérique, tu récoltes moins de temps de jeu, mais en revanche, tu es plus reposé lorsque tu embarques sur la glace et ça te permet d'être plus alerte lors des présences que tu obtiens."