Il y a de ces journées où l'on s'ennuie du confort de la maison. Et il y a de ces journées où jouer un match à l'étranger le lendemain de Noël devient une tâche difficile pour un hockeyeur professionnel.

Le Canadien en a fait la pleine démonstration dimanche en subissant un revers de 4-1 aux mains des Islanders à New York.

L'ayant vécu lors de ma carrière de joueur, je peux affirmer qu'on ressent un petit blues lorsqu'on quitte sa famille le 26 décembre au matin pour entreprendre avec ses coéquipiers un long séjour à l'étranger.

Cela signifie-t-il que l'équipe qui évolue à domicile durant le temps des fêtes a un léger avantage sur son adversaire? Pas nécessairement, mais si on porte une attention particulière aux résultats de la Ligue nationale du 21 au 26 décembre dernier, on remarque que 19 des 35 matchs disputés lors de cette période ont été remportés par des équipes qui jouaient devant leurs partisans. On peut donc constater une certaine tendance à partir de ces données.

Si un périple à l'étranger est difficile pour un joueur, il l'est tout autant pour un entraîneur. Celui-ci doit tout mettre en oeuvre afin de trouver la formule idéale qui gardera ses joueurs motivés. Souvent, le coach va avoir tendance à garder l'équipe ensemble le plus souvent possible afin de garder ses joueurs concentrés sur le hockey pour éviter ainsi que la nostalgie et la fatigue s'installent.

Mais le voyage du Canadien à l'étranger n'est pas singulier et les porte-couleurs tricolores devront trouver une façon de retrouver leurs bonnes habitudes qui ont fait leurs succès en début de campagne. Sans quoi cela pourrait avoir des répercussions sur la deuxième moitié du calendrier régulier.

Les occasions de marquer et l'adversité

Le Canadien a échappé la victoire dimanche à Uniondale, mais les hommes de Jacques Martin ont néanmoins bénéficié de bonnes chances de marquer et ont dirigé 39 tirs vers le filet de Dwayne Roloson. Comment un entraîneur réagit-il quand sa formation est incapable de transformer ces occasions en buts? Tout dépend de l'instructeur.

Je me rappelle qu'à l'époque où je portais l'uniforme des Stars de Dallas, Ken Hitchcock ne pouvait pas comprendre le fait qu'on puisse se faire battre de temps à autre par un gardien de but qui était en pleine possession de ses moyens, comme ce fut le cas pour Roloson dimanche. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le vétéran gardien de 41 ans a été nommé la première étoile dans la Ligue nationale lundi.

Ce qui finira par engendrer une certaine frustration dans le clan du Canadien, c'est le fait que les joueurs ne parviennent pas à générer plus d'attaque même s'ils obtiennent le même nombre de chances de marquer qu'en début de saison.

Et cette lacune offensive est soulignée en caractère gras quand le Tricolore évolue sur la route puisque l'équipe locale, bénéficiant du dernier changement, sait exactement quels joueurs envoyer sur la patinoire afin de neutraliser l'attaque montréalaise. Quand les premiers attaquants du Canadien doivent sans cesse composer avec les meilleurs éléments défensifs adverses, cela devient difficile d'orchestrer toute forme d'attaque.

Pour se sortir de cette torpeur, le Canadien devra espérer que les joueurs qui représentent des points d'interrogation depuis le début de la saison (Benoit Pouliot et Andrei Kostitsyn pour ne nommer que ceux-là) finiront tôt ou tard par trouver des réponses qui leur permettront d'enlever de la pression sur les épaules de Tomas Plekanec et de Michael Cammalleri.

Le Canadien devra aussi espérer que P.K. Subban retrouve la forme qu'il a affichée en début de saison parce qu'il est l'un des rares arrières du Tricolore à être en mesure de relancer l'attaque en l'absence d'Andrei Markov. Le défenseur recrue du Canadien a aussi la capacité de transformer un mauvais jeu de l'adversaire en une occasion de marquer et je ne crois pas que de le laisser dans les gradins plus longtemps rapportera des dividendes au Tricolore, encore moins si cela signifie surtaxer Hal Gill, Roman Hamrlik et Jaroslav Spacek.

L'importance des situations de match

Un mot sur Lars Eller pour conclure cette chronique. Même si le jeune attaquant est loin de présenter du mauvais hockey par les temps qui courent, je persiste à croire que l'espoir du Canadien gagnerait à vivre plus de situations de match. Depuis le début de la saison, Eller est souvent utilisé en début de rencontre, mais lorsque la partie devient serrée ou que le Canadien doit surmonter un déficit, ses présences sur la patinoire se font plus rares.

J'ai n'ai jamais cru qu'un jeune joueur pouvait apprendre beaucoup en pratique. Oui, il peut travailler sur certains aspects de son jeu avec les entraîneurs, que ce soit ses lancers ou ses passes, mais il pratique tout cela sans aucune pression. Rien ne vaut la confiance et l'expérience acquises lorsqu'un jeune joueur parvient à jouer aux meilleures de ses capacités au moment opportun.

La direction du Canadien a le loisir de céder Eller à Hamilton sans d'abord devoir le soumettre au ballottage. Les Bulldogs jouent souvent deux, voire trois matchs en trois soirs les fins de semaine. Eller gagnerait peut-être à aller passer un week-end à Hamilton, histoire qu'il puisse vivre des situations de matchs qui diffèrent de celles auxquelles il a pris part jusqu'à présent avec le Tricolore.

Car peu importe les habilités, peu importe le talent, c'est lorsqu'une partie se corse qu'un entraîneur peut voir tout le potentiel d'un joueur.

* Propos recueillis par Guillaume Rivest