Le Canadien s'est permis des petits moments de relâchement avant le temps, mardi soir. À Philadelphie, ce genre de comportement pardonne rarement.

À son dernier match avant la pause du match des étoiles, le Tricolore n'a pas paru très brillant. Cafouillage, indiscipline et manque d'opportunisme ont causé sa perte dans une défaite de 5-2 aux mains des Flyers.

Cafouillage : les visiteurs ont été victimes d'un total de 22 revirements.

Indiscipline : en l'espace de 91 secondes en fin de première période, le Canadien a écopé de trois pénalités mineures consécutives qui ont donné l'occasion aux Flyers de marquer les deux premiers buts du match. Puis en fin de deuxième, alors que David Desharnais venait de réduire l'avance des Flyers à deux buts, son équipe s'est une fois de plus fait prendre pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire. Claude Giroux en a profité pour marquer le quatrième but des siens.

Manque d'opportunisme : la chance de revenir dans le match s'est présentée quand Andreas Nodl et Chris Pronger ont été chassés successivement en début de troisième période, mais le Canadien n'a dirigé aucun tir pendant ses quatre minutes d'avantage numérique. Il a terminé le match 0-en-6 sur le jeu de puissance.

Bref, une combinaison généralement synonyme de désastre contre une formation qui domine le classement général de sa ligue. Les Flyers quittent pour le long congé avec 71 points, 12 de plus que le CH.

C'est la première fois en six matchs que le Canadien ne réussit pas à récolter au moins un point et à sa défense, il s'agit seulement de sa deuxième défaite en temps réglementaire depuis le début du mois de janvier.

Les deux équipes ne se reverront plus d'ici la fin du calendrier régulier. Leur série de duels se termine 3-1 à l'avantage des Flyers.

Quinze bonnes minutes

Le Canadien avait débuté le match de bonne façon, dosant efficacement son intensité pour indiquer aux Flyers qu'il ne se laisserait pas intimider dans l'édifice où il avait été éliminé des séries le printemps dernier.

Scott Gomez a eu maille à partir avec Daniel Carcillo, P.K. Subban a servi le genre de mise en échec qui est en train de devenir sa marque de commerce à Nikolay Zherdev et Mathieu Darche a servi la même médecine à Ville Leino.

Les Flyers, évidemment, ne se sont pas fait prier pour répondre. Parlez-en à Yannick Webber, qui s'est presque retrouvé sur le banc des siens après avoir été happé par Zherdev.

Mais le train du Canadien a commencé à dérailler à la 17e minute du match. En une minute et demie, Andrei Kostitsyn, Jaroslav Spacek et Subban ont écopé de pénalités mineures qui ont ouvert la porte toute grande aux Flyers.

Posté entre Carey Price et Hal Gill au début d'un 5 contre 3, Jeff Carter a d'abord tenté de faire dévier un tir de Mike Richards avant de pousser lui-même le retour derrière la ligne rouge. Son 23e but de la saison était aussi son septième à ses huit derniers matchs.

Carter venait de reprendre sa place dans le champ de vision de Price quand Kimmo Timonen a décoché un violent tir de la pointe, toujours lors d'un avantage de deux joueurs. L'objet noir est allé secouer les cordages à la gauche du gardien, qui ne l'a jamais vu passer.

"Ça a coûté le match, aucun doute, a tranché Jacques Martin. On avait quand même une bonne première période jusqu'à ce qu'on écope de punitions qu'on méritait. Toutes ces punitions étaient inutiles, individualistes. Aucun bon sens. Dernièrement, ça allait mieux, mais ce soir ça nous a coûté deux points."

Les Flyers ont augmenté leur avance dès la 23e seconde du deuxième tiers. Carcillo a hérité d'un disque dirigé faiblement vers le filet par Chris Pronger et est parvenu à le glisser entre les jambières de Price.

Le Canadien a ensuite obtenu un jeu de puissance, mais il a été incapable d'en profiter et au retour des deux équipes à forces égales, il a été embouteillé dans sa zone pendant 90 secondes au cours desquelles il n'a pratiquement pas touché à la rondelle.

Par chance, Price, qui a terminé la partie avec 30 arrêts, veillait au grain. Après s'être servi de son bâton pour voler Mike Richards d'un but certain, le gardien du CH a réalisé de beaux arrêts devant Scott Hartnell et Daniel Brière pendant un avantage numérique des Flyers.

Les meilleurs : Darche et Desharnais

La vigilance de Price s'est avérée précieuse. Avec un peu plus de sept minutes à faire en période, le Canadien a repris espoir quand David Desharnais a inscrit son troisième de la saison sur des aides de Gill et Mathieu Darche.

Le Canadien a même failli rétrécir l'écart à un but quelques instants plus tard. Jaroslav Spacek a décoché un long tir que Sergei Bobrovsky a eu de la difficulté à maîtriser avec sa mitaine. La rondelle a dévié sur le poteau, mais ses défenseurs ont été en mesure de l'empêcher de glisser dans le filet.

Le peu de momentum que le Canadien avait pu s'approprier a toutefois pris le champ quand Gomez a été trop précoce sur un changement de trio.

"Ça démontre un manque de concentration de la part des joueurs", a commenté l'entraîneur.

Brière et Hartnell sont sautés sur l'occasion pour préparer un superbe but de Giroux, son 19e de la campagne. Brière allait éventuellement marquer le dernier but du match dans un filet désert.

Darche serait le premier à dire que son équipe est dans le trouble s'il est l'un de ses meilleurs joueurs sur la glace. C'est lui qui a porté la marque à 4-2 quand, avec un peu moins de cinq minutes à faire au match, il a foncé au filet pour rediriger une passe de Travis Moen derrière Bobrovsky.

Darche a terminé le match à plus-2. "C'est secondaire, relativise Darche. C'est arrivé trop souvent cette année que j'ai marqué dans une défaite. J'échangerais ça contre plus de victoires."

Desharnais a été le quatrième attaquant le plus utilisé par Jacques Martin (15:58) et a passé plus de six minutes sur la glace en avantage numérique. Il a dirigé cinq tirs sur le filet.

"Ça roulait bien ces deux-là. C'est juste plate de dire qu'il y avait seulement un trio qui fonctionnait ce soir. C'est pas avec ça qu'on va gagner des matchs", a constaté Pouliot.

Un repos salutaire

Le Canadien disputera son prochain match mardi prochain contre les Capitals à Washington.

"On part avec un petit goût amer, mais en même temps, je pense que ça va faire du bien à tout le monde, estime Pouliot. On va essayer de ne pas trop penser au hockey pendant quatre ou cinq jours et en revenant, il y a un bon test qui nous attend à Washington."

"C'est à nous de se reposer et d'être intelligent pendant la pause. C'est le sprint final. On a beau être en bonne position pour les séries, mais tu ne sais jamais ce qui peut arriver", prévient Darche.

"Une victoire ce soir nous aurait permis de passer au premier rang de notre division. Ça aurait été bien d'amorcer le dernier droit dans cette position, mais il faut se servir des prochains jours pour s'assurer d'être prêts au retour", prévoit Brian Gionta.