MONTREAL - Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a demandé mercredi aux partisans du Canadien de Montréal, maniaques de hockey, de cesser de lui téléphoner pour porter plainte contre Zdeno Chara.

Le SPVM affirme avoir été inondé d'appels de personnes cherchant à déposer une plainte criminelle contre le joueur de défense des Bruins de Boston.

Les appels afin de porter l'affaire devant les autorités ont commencé mercredi après-midi, peu après que la Ligue nationale de hockey eut annoncé n'avoir imposé aucune sanction - amende ou suspension - à Chara pour le geste brutal posé aux dépens de Max Pacioretty, ailier gauche du Canadien.

La police a affirmé que son service d'appels d'urgence avait commencé à être débordé vers 16h00, une fois connue la décision de la LNH.

Bien que la ligue considère le dossier clos, et que même les joueurs du Canadien demeurent muets à propos de l'incident, plusieurs admirateurs de l'équipe ont demandé que des gestes soient posés.

Le SPVM soupçonne que les appels ont été inspirés par un média local ayant suggéré aux gens de porter plainte, a indiqué un porte-parole, le sergent Ian Lafrenière, qui a qualifié l'initiative d'irresponsable et pressé les Montréalais de n'utiliser le service d'appels d'urgence qu'en cas de vie ou de mort.

Questionné à savoir si la police ferait enquête sur l'incident Chara, le sergent Lafrenière n'a pas voulu se laisser aller à quelque spéculation que ce soit.

M. Lafrenière a ajouté que les plaintes publiques, qui sont confidentielles, ne sont pas nécessaires pour déclencher une enquête policière.

Progresser dans une affaire d'agression sans une plainte de la victime est toutefois très improbable, et, dans ce cas, les individus associés au Canadien se sont montrés bien peu empressés, mercredi, de transformer l'incident en affaire publique.

Le sergent Lafrenière n'a pas voulu dévoiler le nombre d'appels reçus par la police.

Par ailleurs, l'incident a fait parler jusque dans l'arène politique. À la Chambre des communes, le ministre fédéral responsable des Sports, Gary Lunn, a demandé à ce que la LNH agisse.

Des politiciens de différents partis se sont dits outrés. Certains ont même suggéré que le gouvernement fédéral puisse jouer un rôle pour aider à limiter la violence au hockey. Le ministre Lunn, de son côté, a pressé la LNH d'agir.

« Lorsque vous voyez la collision, vous ne pouvez que grimacer », a déclaré le ministre dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

« Je crois qu'il est temps d'envoyer le message que cela est inacceptable. Je ne suggère pas que le gouvernement fédéral veut s'impliquer, mais la LNH doit le faire. »

Au Québec, la violence reliée au hockey s'est récemment transportée dans l'arène judiciaire. La province a vu trois affaires criminelles impliquant des joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec au cours des dernières années. La province a également adopté des règles plus strictes visant à réduire la violence au hockey.

Le Directeur des Poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déclaré mercredi qu'il n'envisageait pas, dans l'immédiat, d'agir dans le dossier.

« Le directeur a le pouvoir de réclamer une enquête s'il considère qu'il s'agit d'une affaire pouvant être approfondie », a indiqué Martine Bérubé, porte-parole de la Couronne.

« Pour l'instant, nous n'avons pas fait de telle demande. »

Tard mercredi, un autre responsable a clarifié que le DPCP prendrait quelques jours pour se pencher sur l'affaire avant de rendre sa décision finale.

Max Pacioretty a subi une sévère commotion cérébrale ainsi qu'une fracture de la quatrième vertèbre cervicale, sans déplacement.