BROSSARD, Qc - Ce n'est pas sans raison que Jacques Martin a privé ses joueurs de leur habituel congé hebdomadaire, dimanche. Il les avait conviés à un entraînement dans le but de leur livrer un message, et il l'a fait de manière claire et nette au Complexe sportif Bell à Brossard.

L'intensité a été le mot d'ordre au cours d'une séance de plus d'une heure, dont les 15 premières minutes et les cinq dernières ont été strictement axées sur le patinage. Les joueurs ont notamment dû se livrer à du bon vieux «ligne à ligne».

Entre les deux, les joueurs ont participé à différents exercices avec la rondelle, mais qui exigeaient là aussi un bon coup de patin. On a notamment demandé aux joueurs d'attaquer à deux le filet jusque dans la zone adverse, avant de se replier en catastrophe afin de tenter de contrer le duo suivant — qui allait lui aussi jusque dans l'autre zone, en direction opposée. Les hommes de Martin ont également dû se livrer à plusieurs exercices à un contre un.

«Parfois c'est ce dont une équipe a besoin, a indiqué Mathieu Darche après la dure séance d'entraînement. Ç'a été une bonne journée de travail et c'est à nous d'en tirer les leçons qui s'imposent.»

«On le mérite, ça fait trois matchs qu'on ne joue pas bien du tout, a affirmé David Desharnais. Il faut remettre nos bottes de travail et aller à la guerre.»

«Notre profession, c'est d'obtenir des résultats et les entraîneurs ont différentes méthodes pour nous amener à cela. Et ils ont tous les droits de le faire, a souligné Michael Cammalleri. Il faut en tirer le positif et se préparer pour la semaine.»

«Le message, c'est qu'on a assez parlé, a lancé P.K. Subban. On a eu des réunions avec les entraîneurs et on a discuté en équipe, mais le temps est maintenant venu de laisser la place aux gestes concrets. On a beau dire ce qu'on veut dans le vestiaire mais au bout du compte, il faut jouer. Notre jeu est analysé en fonction de ce qui se passe sur la glace, pas selon ce qu'on dit aux journalistes.

«Notre travail, c'est de trouver une façon d'être prêts pour le prochain match.»

Après avoir manié le bâton avec générosité, Martin a accordé une carotte à ses joueurs en leur donnant congé, lundi. Le prochain match aura lieu mardi au Centre Bell, contre les Thrashers d'Atlanta.

L'entraînement punitif de dimanche était devenu nécessaire, aux yeux du vétéran pilote du CH, parce que le Canadien a disputé un troisième match d'affilée sans marquer de but, samedi soir, face aux Capitals de Washington. Le Tricolore n'avait pas été victime de trois jeux blancs d'affilée depuis le mois d'octobre 1949.

Qui plus est, les joueurs montréalais n'ont décoché que 18 tirs au but, leur pire performance du genre cette saison.

«Jacques voulait nous faire savoir que l'ardeur au travail qu'on a montrée (dimanche) nous aurait été utile (samedi) soir, a affirmé Cammalleri. C'est habituellement le message que lance un entraîneur quand il dirige un entraînement du genre. Quand les résultats ne sont pas au rendez-vous, il finit par y avoir des conséquences.»

Martin a été patient

Ces conséquences, l'entraîneur du CH a attendu longtemps avant de les imposer à ses joueurs. Il avait livré son message une première fois, verbalement, lors d'une réunion qui a précédé la séance d'entraînement de vendredi. Ses directives n'ont toutefois pas été mises en pratique lors du revers de 2-0 contre les Caps.

Le Canadien s'était auparavant incliné 2-0 contre les Sabres de Buffalo, mardi à Montréal, et 7-0 à Boston contre les Bruins, jeudi.

Après avoir traité ses joueurs en adultes tout au long de la semaine, Martin a donc dû se résigner, dimanche, à agir comme un enseignant d'école primaire qui gronde ses élèves.

«Ça ne devrait pas être nécessaire, a reconnu Darche. Mais je dirais que chacune des 30 équipes dans la ligue ont probablement eu au moins une pratique comme ça à un moment ou l'autre cette saison.

«C'est vrai qu'on dirait que ça prend ça pour qu'on se réveille, a par ailleurs déclaré Darche. Les joueurs le savent que ça ne va pas bien, mais parfois il faut une pratique comme ça pour ramener vraiment tout le monde ensemble. Ça nous fait travailler de la bonne façon.»

«Un entraînement du genre permet aux joueurs de retrouver une concentration de premier niveau et de devenir plus alertes, a noté Jeff Halpern. Quand une équipe connaît une léthargie, il ne faut pas attendre que ça finisse tout seul. Il faut travailler sur certaines choses, et il faut notamment faire preuve de plus d'intensité à l'entraînement. Ensuite, tu espères que cette façon de faire se transposera dans le match suivant.»

Les Sabres s'approchent

«On ne se racontera pas de blagues, les trois derniers matchs ne se sont pas déroulés comme on veut. Surtout si on tient compte du fait que ça survient tard dans la saison, alors qu'on se bat pour une bonne place dans les séries, a noté Darche. On a beau dire que notre place est pas mal assurée... Si on continue comme ça, il y a des équipes qui vont nous chauffer.»

L'équipe montréalaise occupe toujours officiellement le sixième rang dans l'Association Est, sauf que les Rangers de New York, septièmes, ont le même nombre de points et de matchs disputés. Et les Sabres, huitièmes, ne sont plus qu'à deux points.

Les Hurricanes de la Caroline, les Maple Leafs de Toronto et les Thrashers sont également encore en mesure, mathématiquement, de rattraper le CH.

Il reste sept rencontres à disputer au calendrier régulier. Après le duel contre Atlanta, le Tricolore rendra visite aux Hurricanes, mercredi, et aux Devils du New Jersey, samedi.