MONTRÉAL - Le Canadien possède un don inné : celui de compliquer les choses pourtant toutes simples.

Ses récents insuccès sont peut-être annonciateurs d'un début de vacances hâtif. Mais, quand on y regarde de près, ils ne devraient pas représenter une grande source de préoccupation. Pas encore.

Défait dans cinq de ses sept dernières sorties, le Tricolore — en congé d'entraînement jeudi au lendemain de la défaite de 6-2 encaissée en Caroline — refait exactement le même coup qu'il y a un an.

On a la mémoire courte: un petit retour dans le temps nous révèle que les troupiers de l'entraîneur Jacques Martin avaient également peiné dans le dernier droit de la saison régulière. Une fiche de 3-4-4 dans leurs 11 dernières rencontres n'avait rien de bien rassurant en vue des séries éliminatoires, qu'ils ont faites par la peau des dents. Et pourtant, ça ne les a pas empêchés de faire un grand bout de chemin en séries.

Cette année, la participation de l'équipe aux séries n'est pas compromise. Pas encore. Il n'y a pas feu en la demeure, même si le coussin qu'elle s'était gonflée a perdu un peu d'air.

Une récolte de quelques points, deux ou trois, dans ses quatre derniers matchs sera suffisante.

Cette mise en situation faite, il y a tout de même quelque chose d'inquiétant dans la façon que le Canadien perd ses matchs.

Jeu désorganisé, cohésion défaillante, manque d'intensité, défense poreuse, rien ne va plus. Même Carey Price est en voie de perdre ses repères devant le but... ainsi que son latin! Le jeune gardien, qui n'a pas complété les trois derniers matchs de l'équipe à l'étranger, commence à manifester de l'impatience. L'entraîneur Martin a affirmé après le revers de mercredi que la fatigue n'est pas un facteur dans son cas.

Y a-t-il un leader dans la salle? Où sont passés les meilleurs éléments de l'équipe? À commencer par Tomas Plekanec qui est méconnaissable depuis son retour au jeu. Le Tchèque serait-il encore incommodé par la blessure qui lui a fait rater quatre matchs dernièrement? Où sont Scott Gomez et Brian Gionta, qui ne sont plus l'ombre d'eux-mêmes depuis la perte de leur ailier Max Pacioretty? Comment expliquer que tous soient tombés au neutre en même temps?

En défense, les vétérans Paul Mara et Brent Sopel, qu'on a acquis avant la date limite des échanges en février afin d'ajouter de la profondeur, en arrachent ensemble. Au point où on désespère de revoir dans la formation Jaroslav Spacek, qui n'était pas au sommet de sa forme avant de subir une blessure à un genou.

Les vétérans Hal Gill et Roman Hamrlik font bien leur possible, mais ils sont à bout de souffle. Ils ne peuvent pas transporter tout le groupe sur leurs épaules. La recrue P.K. Subban est très sollicitée tandis que James Wisniewski, s'il est doté d'un flair certain à l'attaque, peine parfois dans sa zone.

Pour toutes ces raisons, la relance de l'attaque est trop souvent laborieuse.

On manque cruellement les services des Andrei Markov et Josh Gorges, qui ne reviendront pas cette saison.

Le CH pourra-t-il redresser la barque avant les séries? Il a beaucoup de pain sur la planche, en tout cas. Mais ce n'est pas mission impossible, comme on l'a constaté l'an dernier.

On obtiendra une partie de la réponse, samedi, à l'occasion du match contre les Devils du New Jersey, à Newark. Les Devils sont virtuellement éliminés après avoir connu une irrésistible poussée depuis les Fêtes. Mais on ne doit jamais prendre à la légère une équipe dirigée par Jacques Lemaire, surtout si elle a Martin Brodeur comme gardien.

Le Canadien a remporté un des trois premiers duels, celui disputé au New Jersey en décembre, au compte de 5-1.