Lors de ses trois derniers départs sur les patinoires adverses, Carey Price a été remplacé par Alex Auld à un moment dans le match.

Il y a plusieurs points d'analyses qui pourraient expliquer les performances du gardien du Canadien au cours des dernières semaines. Que l'organisation du Canadien - et particulièrement Jacques Martin - aime ou n'aime pas, on n'a pas le choix de se questionner sur l'utilisation de Price au cours de la saison.

Le Tricolore est arrivé à une étape de la saison où il n'a plus le choix d'utiliser son gardien numéro un parce qu'il est en pleine course pour une place en séries. Pendant la saison, est-ce qu'on aurait dû utiliser Auld plus fréquemment? J'ai une façon un peu différente d'analyser la situation. C'est cocasse puisqu'il y a beaucoup de gens qui s'expriment sur le sujet sans avoir porté les jambières dans la LNH.

J'ai disputé des saisons de 77, 66, 23 derrière Patrick Roy, et une trentaine de matchs derrière Ron Tugnutt, donc j'ai eu plusieurs rôles différents au cours de ma carrière. Je constate qu'il est toujours plus facile de faire appel au gardien auxiliaire lorsque l'équipe va bien. Surtout dans le cas d'Alex Auld.

Contrairement à l'an dernier où Jacques Martin pouvait utiliser Price ou Jaroslav Halak, qui pouvaient connaître du succès à n'importe quel moment, Auld est vraiment étiqueté comme second. Il y a eu des moments dans la saison où l'équipe allait bien et Auld aurait pu défendre la cage du Tricolore. Aujourd'hui, on se rend compte que Price aurait peut-être eu besoin de quelques jours de congé supplémentaire.

Lors de la saison 2002-03, j'ai disputé 77 rencontres avec les Blue Jackets de Columbus, qui ne luttaient pas pour une place en séries. En toute honnêteté, il y a des soirs où je n'aurais pas dû garder les filets. À ce moment, j'étais l'homme de confiance de mon entraîneur, mais ce n'était peut-être pas toujours des situations idéales. On doit offrir de bonnes performances sous différentes conditions, je vous l'accorde. Je sais aussi que Price est jeune, mais historiquement, il y a une tendance à respecter.

Pour ce qui est du reste, Price ne connaît évidemment pas ses meilleurs moments présentement, mais il n'est pas nécessairement à blâmer pour les insuccès de l'équipe. Dans cette situation, cette fois, je suis obligé de me fondre à la masse, il a faussé la donne à plusieurs occasions. Il a tellement été bon qu'il a fait croire que le CH était une équipe de premier plan.

Au début de la saison, les analystes qui couvrent les activités du CH prédisaient une position entre six et neuf; c'est peut-être le rang auquel le CH devait être. Les hommes de Jacques Martin ont joué de façon exceptionnelle à quelques occasions pendant la saison, considérant toutes les blessures à des joueurs clés.

On peut affirmer que Price joue moins bien, mais on peut également dire que c'est mieux d'avoir un passage à vide en ce moment plutôt que dans deux semaines lorsque les séries s'amorceront.

Ce que le cerbère du Canadien vit présentement est excellent pour son futur. Cependant, avec un peuple bipolaire de Montréal, assoiffé de victoires, ce n'est peut-être pas la meilleure situation.

Une saison chargée

Une chose est certaine lorsqu'un gardien disputé un bon nombre de matchs dans une saison, c'est qu'il se pose moins de questions. Dans mon cas, c'était facile de rejeter un mauvais but accordé du revers de la main. Je savais que je faisais partie de la réponse et non de la question. C'est un feeling assez incroyable.

D'un autre côté, c'est certain qu'il y a des situations de deux matchs en deux soirs qui ne sont pas évidentes à gérer. Je me souviens particulièrement de deux matchs, un en Caroline et l'autre à Dallas. On m'avait prévenu que le deuxième gardien allait être utilisé à Dallas. J'ai enregistré un jeu blanc en Caroline donc l'entraîneur m'a envoyé à nouveau dans la mêlée le lendemain. Après deux périodes, tout allait bien, sauf qu'au troisième tiers, je n'ai pas été à la hauteur probablement à cause de la fatigue.

Lorsqu'un gardien dispute autant de matchs, c'est souvent un concours de circonstances. À Columbus, j'étais le gardien de but numéro un. Après une vingtaine de matchs, nous présentions une fiche de près de ,500, alors j'ai été utilisé à profusion. Par la suite, ça commençait à moins bien aller, mais je jouais quand même bien. Dave King a commencé à avoir peur de perdre son poste alors il m'a beaucoup utilisé. Lors de l'arrivée de Doug McLean derrière le banc, nous a avons remporté plusieurs matchs consécutifs, alors j'ai eu le filet plus que régulièrement.

Lorsque nous avons réalisé que nous étions maintenant éliminés, j'étais en route pour battre plusieurs records. Cette saison-là, je n'ai pas été blessé. En toute honnêteté, c'est évident qu'un entraîneur ne veut pas utiliser un gardien pendant 77 matchs, surtout lorsque l'équipe ne se qualifie pas pour les séries. J'ai cependant acquis une expérience incroyable qui m'a servi tout au long de la carrière.

Une situation difficile pour un gardien

Il est difficile pour un gardien d'entamer un match, en sachant qu'il faut faire le même travail même si l'équipe est dans une situation où elle a de la difficulté à marquer des buts.

Tous les gardiens veulent gagner des matchs. Ce n'est pas pour rien qu'un gardien qui gagne 5-4 est plus heureux que lorsqu'il perd 1-0. Price n'est pas différent. Cependant, de façon inconsciente, ça l'effrite de voir que ses coéquipiers ne trouvent pas le fond du filet régulièrement. Chaque but qu'il donne compte. Le gardien du CH ne doit pas penser négativement à cette situation. Il faut être réaliste, le Canadien a beaucoup d'autres problèmes à régler que celui devant le filet. Aucun doute, il sera devant la cage du Tricolore tant et aussi longtemps que l'équipe ne sera pas confirmée dans les séries.

L'émergence de Reimer

Grâce à la recrue du mois de mars dans la LNH, les Maple Leafs de Toronto sont encore mathématiquement en vie dans la course aux séries dans l'Association de l'Est. James Reimer a vraiment injecté une dose positive d'adrénaline depuis qu'il est devant le filet.

Lorsque j'étais dans la Ligue américaine avec les Bulldogs de Hamilton, on jouait souvent contre les Marlies et Reimer évoluait dans la Ligue de la Côte Est.

Il a disputé un match avec les Marlies et on pouvait voir qu'il avait un énorme potentiel. Dans le passé, il était jeune et exagérait souvent ses mouvements et déplacements. Mais quand tu travailles en compagnie de François Allaire, c'était prévisible qu'il connaîtrait du succès. Il fait le travail et il est une des raisons pour lesquelles les Leafs connaissent du succès présentement.

Ce n'est pas le meilleur gardien côté technique, mais il m'impressionne en faisant les gros arrêts qui peuvent faire la différence. Lorsqu'on regarde les faits saillants des matchs des Leafs, on remarque qu'il donne parfois un but douteux. Par contre, il trouve le moyen de garder son équipe dans le match et ce sont dans ces occasions qu'il a été bon depuis son rappel.

Une belle expérience derrière le banc

Lorsque j'ai été embauché pour seconder Guy Carbonneau derrière le banc des Saguenéens, j'ai pris la décision de conserver mes nombreux engagements, dont ceux avec RDS.

Même si je n'étais pas impliqué à toutes les rencontres, j'ai bien aimé ma première expérience derrière le banc.

D'être au côté d'un gars comme Guy Carbonneau, qui a dirigé dans la LNH et qui a remporté des coupes Stanley, j'ai appris énormément. Guy est un passionné de hockey, alors j'ai été cherché beaucoup de millage.

J'ai surtout aimé d'avoir un contact direct avec les jeunes. Évidemment, à la suite de l'élimination de l'équipe, le moral n'est pas très bon. Je pense que nous devons faire une remise en question en tant qu'organisation et nous allons nous rencontrer lundi pour faire le point.

Les Sags, c'est une histoire de cœur avant tout, alors on va regarder comment on peut aller de l'avant avec l'organisation.

En terminant, c'est avec plaisir que je vous invite à visiter le site Internet de ma fondation pour enfants au http://www.fondationmarcdenis.org.

Vous pouvez également suivre la fondation sur Facebook ainsi que sur Twitter.


Propos recueillis par Luc Dansereau