BOSTON - « Celle-là, elle fait vraiment mal. »

Carey Price n'aurait pas pu mieux traduire l'état d'esprit qui régnait chez le Canadien, après que l'équipe se soit inclinée pour un deuxième match de suite en période supplémentaire, cette fois au compte de 2-1, samedi soir au TD Garden de Boston.

C'est un but de Nathan Horton à 9:03 de la deuxième prolongation qui a mis un terme à un grand classique de la rivalité entre les deux clubs, mais qui a surtout permis aux Bruins de Boston de prendre les devants 3-2 dans la série après avoir pourtant perdu les deux premiers matchs.

Après avoir assurément offert leur meilleure prestation depuis le commencement de la « vraie saison », les joueurs des Bruins avaient pourtant cru sceller l'issue de la rencontre en début de troisième période lorsque Brad Marchand a inscrit son premier en carrière en éliminatoires à 4:33. Et quand le trio de Tomas Plekanec a raté une énième chance de marquer par la suite, tout indiquait que le Tricolore regagnerait Montréal sans le sentiment du devoir accompli.

Mais c'était bien mal connaître Mathieu Darche. Après avoir touché le poteau quelques instants seulement à la suite du filet de Marchand, le Québécois a continué d'arrache-pied, si bien que lorsque qu'il ne restait qu'un peu moins de six minutes à jouer à la troisième il a repéré Lars Eller dans le coin de la patinoire qui a ensuite remis le disque à Jeff Halpern, qui a trompé la vigilance de Tim Thomas pour ramener les deux équipes à la case départ.

Ce but a complètement transformé les Glorieux, qui ont exactement repris là où ils avaient laissé lors des quatre premières rencontres. Ils n'ont toutefois jamais été en mesure de capitaliser sur leur erre d'aller, Brian Gionta ratant notamment une occasion en or quelques moments avant le but gagnant de Horton en raison d'un arrêt miraculeux de la jambière gauche de Tim Thomas.

« Nous avons eu nos chances, c'est vraiment dommage », a résumé Michael Cammalleri.

« Ce sont des choses qui arrivent », a ajouté le tout aussi peu loquace Plekanec.

« Les chances de marquer ont été plutôt rares pendant tout le match, alors c'était vraiment frustrant de manquer celle-là », a avoué Gionta. « Mais qu'importe, nous pouvons être fiers ce que nous avons accompli. »

Les joueurs des deux équipes profiteront d'un congé bien mérité, alors que la sixième et peut-être dernière de la série sera présentée mardi soir au Centre Bell.

Un arrêt miraculeux de Ryder

Forts de leurs deux victoires enregistrées lundi et jeudi derniers à Montréal, les Bruins ont continué sur leur lancée en prenant d'assaut le territoire du Canadien dès les premiers instants de la première période. Les hommes de Claude Julien ont largement dominé la première moitié de l'engagement, profitant notamment du jeu erratique du trio piloté par Scott Gomez, qui avait été sur la patinoire pour les quatre derniers buts inscrits par les champions de la division Nord-Est lors de la quatrième rencontre de la série remportée 5-4 en prolongation par ces derniers.

Mais comme cela a été le cas pendant toute la saison, le Tricolore a pu compter sur son gardien, qui a rapidement volé un but certain à Mark Recchi après que ce dernier eut été laissé sans surveillance devant le filet. Price s'est également signalé lorsque les Bruins se sont retrouvés en supériorité numérique en fin de période, frustrant Milan Lucic après qu'il eut réussi à s'échapper en se faisant oublier derrière les deux défenseurs des Glorieux présents sur la surface glacée.

Malgré tout, le Canadien a néanmoins obtenu la meilleure chance de marquer du premier tiers, après que Michael Cammalleri eut savamment rejoint Tomas Plekanec à la suite d'une feinte qui a complètement mystifié Thomas. Mais alors qu'il s'apprêtait à compter le premier but de la partie, Plekanec a vu son ancien coéquipier Michael Ryder apparaître dans son champ de vision avant de réussir un brillant arrêt de la main droite qui a immédiatement trouvé sa place dans les archives déjà bien garnies de la rivalité entre les deux équipes.

Ce rendez-vous manqué n'a pas semblé déranger les membres du trio de Plekanec le moins du monde, bien au contraire. Ils ont été les seuls joueurs du Tricolore à passer du temps de qualité dans le territoire ennemi, se butant tantôt à un Thomas en pleine possession de ses moyens ou encore à leur entêtement à vouloir absolument réaliser le jeu parfait. Les deux clubs n'ont pas été en mesure de profiter de supériorités numériques en fin de période, si bien que la première fois depuis le début de la série, aucun but n'a été inscrit lors des 20 première minutes de jeu.

Les Bruins n'ont ensuite pas été capables de maintenir la cadence en deuxième, en grande partie parce que les arrières du Canadien ont été nettement plus efficaces. Après un premier engagement plutôt exécrable, Roman Harmlik et James Wisniewski ont été nettement mieux paru, le premier empêchant notamment Recchi de marquer son premier but depuis le début des séries éliminatoires en levant son bâton au tout dernier moment.

Les défenseurs des Bruins ont aussi été à la hauteur de la situation, Dennis Seidenberg en tête. L'Allemand a fait avorter quelques mises en scènes qui mettait évidemment en vedette Cammalleri et Plekanec. La frustration a ensuite gagné les joueurs des deux équipes, ceux des Bruins n'hésitant pas à rudoyer Price pour tenter tant bien que mal de le déconcentrer.

En troisième, Marchand et ses compagnons de trios Patrice Bergeron et Mark Recchi ont couronné une soirée de travail exceptionnelle où ils avaient tout fait sauf marquer lorsque le petit attaquant originaire de Halifax a redirigé derrière Carey Price une passe parfaite de Bergeron. Tout le monde était cependant loin de se douter que le match ne faisait que commencer.