Les joueurs du Canadien ont donné ce qu'ils avaient à donner durant cette spectaculaire série contre les Bruins. Voilà un groupe d'athlètes, représentant un mélange de joueurs autonomes, de choix au repêchage et de joueurs acquis par la voie de transactions à qui on a demandé de former un clan tissé serré.

Chacun a son caractère, son ego et ses objectifs personnels. Ce n'est pas toujours évident d'y arriver, mais dans les moments clés de la saison, ils se sont effectivement serrés les coudes.

Il y a eu des périodes chaotiques cette saison, des moments au cours desquels on ne savait trop la direction qu'ils allaient prendre. Parfois, l'effort n'y était pas. À d'autres occasions, quand la victoire était absolument nécessaire, ils se levaient d'une façon étonnante. On en a eu une démonstration assez claire durant cette série quart de finale. Quand le Canadien semblait en difficulté ou quand l'adversité n'en finissait plus de frapper, les joueurs puisaient au fond de leurs ressources pour sauver leur peau tout en nous offrant un grand spectacle.

En raison des blessures, de la fatigue accumulée et du genre d'équipe qu'il représente, le Canadien n'aurait pas pu en offrir davantage. On peut donc conclure que si l'équipe ne subit que des changements mineurs durant l'été, les résultats ne seront pas meilleurs l'hiver prochain. Dans son point de presse, Pierre Gauthier s'est engagé à étudier toutes les options pouvant permettre au Canadien de devenir une meilleure formation. Ça, on s'en doutait un peu. On aura tout le temps de vérifier cela.

Les entraîneurs Jacques Martin, Kirk Muller, Perry Pearn et Pierre Groulx ont préparé et dirigé l'équipe au meilleur de leurs connaissances. Ils ont été efficaces, même si on aurait parfois souhaité que les choses soient faites différemment. En somme, ils ont fait avec ce qu'on leur a donné, eux aussi. Ce qui revient à dire que la suite des choses n'est pas de leur ressort. C'est l'affaire de Gauthier.

Le discret directeur général a pris quelques bonnes décisions cette saison en remplaçant adéquatement quelques blessés. Son erreur la plus regrettable a été de libérer Dominic Moore l'été dernier après avoir cédé un choix de deuxième ronde (en juin prochain) pour l'obtenir. Un choix de deuxième ronde gaspillé qui lui a valu d'obtenir 21 matchs de sa part en saison régulière. Moore aurait été fait sur mesure pour la série qui vient de prendre fin.

Cette équipe n'a pas été construite pour aller loin dans les séries. Trop petite, pas suffisamment agressive et sûrement incapable de dicter le tempo durant quatre séries. Car, c'est de la coupe Stanley dont il est question ici. C'est beau de nous concocter une bonne petite équipe rapide et courageuse et de viser une place en séries dès que l'automne s'annonce, mais je serais très étonné que Geoff Molson se satisfasse de ça pendant très longtemps encore. Il est propriétaire de l'équipe depuis peu, mais il est issu d'une famille qui a déjà beaucoup gagné avec le Canadien. Faudrait pas trop aiguiser sa patience.

Pas de progrès malgré ce qu'on en dit

Le Canadien fait du sur place depuis sa dernière coupe, en 1993. Il l'a fait de différentes façons. C'était tantôt désolant, tantôt encourageant. Parfois, avant l'entrée en scène de Gauthier, ça semblait tenir de l'improvisation
Quand l'équipe de Guy Carbonneau a terminé bonne première dans l'Est avec une récolte de 104 points en 2008, on a cru le Canadien sur la bonne voie. Pourtant, il n'a même pas franchi la deuxième ronde.

Quand le Canadien a éliminé Washington et Pittsburgh le printemps dernier, c'était grâce à une série de miracles que Jaroslav Halak ne pourra plus jamais répéter ailleurs. De Montréal, malgré des séries étonnantes, on ne pouvait même pas apercevoir la coupe Stanley avec des jumelles.

Depuis 1993, l'équipe a été exclue des séries à six occasions. Elle n'a disputé que 17 séries en 17 ans. Elle en a gagné six. Pensez-y un peu. L'organisation la plus titrée du hockey à travers le monde, celle qui s'appuie sur une riche tradition, n'a remporté que six séries en 17 ans, dont deux l'an dernier.

Toutes sortes d'accidents de parcours sont survenus. Des erreurs grossières ont été commises au repêchage. Des transactions se sont avérées futiles. Il y a des joueurs autonomes qu'on a échappés et d'autres qu'on aurait dû ignorer. Notamment Scott Gomez, le cadeau empoisonné de Bob Gainey dont Pierre Gauthier a hérité et sur lequel l'entraîneur a risqué d'y laisser son leadership cette saison. Faudra régler ce problème sans tarder. La première amorce d'un vrai changement, c'est par là qu'elle doit commencer.

Comment s'y prendra-t-on? C'est au directeur général de trouver une solution. Gauthier touche des millions de dollars pour prendre ce genre de décision. Il nous a mentionné qu'il y a plusieurs façons d'aider un athlète en difficulté afin de lui permettre d'être plus utile. On a eu 89 matchs pour travailler là-dessus cette saison. Visiblement, on n'y est pas parvenu avec Gomez.

On répète l'erreur de Koivu

En ce moment, la situation de Gomez ressemble à celle de Saku Koivu. Quand Koivu a ralenti et qu'on n'a jamais osé en faire un deuxième ou un troisième centre, on a empêché certains jeunes de progresser. On a sacrifié des joueurs de centre pour préserver son statut. On a protégé la fierté du petit Finlandais en lui accordant le même temps de jeu dans les attaques massives. On ne lui a jamais fait manquer son tour à égalité numérique. L'équipe a stagné. Exactement comme ça se passe avec Gomez.

Si jamais Martin n'en fait pas son troisième joueur de centre l'an prochain, Gomez constituera un boulet de plus en plus lourd à traîner pour lui et pour l'équipe. Le Canadien, paralysé par le problème chronique que représente un vétéran qui a encore de bonnes jambes mais qui a perdu ses mains, ne sera pas meilleur malgré le rapiéçage qui sera effectué durant l'été. Il faut souhaiter qu'on ne soit pas témoin de changements relativement mineurs qui ne serviront, encore une fois, qu'à nous donner bonne bouche en vue de la prochaine saison.

Le Canadien, on le répète, n'a pas été bâti pour les séries. Pour corriger cette situation, il faudrait apporter des changements majeurs. Cela ne peut pas se faire l'instant d'un été.

Contre Boston, l'attaque a été l'affaire de quatre joueurs: Cammalleri, Gionta, Plekanec et Subban. Trop de joueurs sont tombés en panne dans la dernière phase du calendrier, une léthargie qui s'est dramatiquement poursuivie en série. Le bilan est si pauvre que c'en est gênant: Gomez (aucun but en 36 matchs) Pouliot (0 en 27), Eller (0 en 22), Desharnais (0 en 17), Pyatt (1 en 44), Plekanec (4 en 22), Halpern (2 en 16) et Moen (1 en 17). Cela représente une production de huit buts dans un possibilité de 201 matchs.

Le cas de Pouliot est pathétique dans le sens où un athlète, grand, gros, fort, talentueux, jeune et en santé était sur la touche alors que le Canadien avait désespérément besoin d'un but ou deux durant l'absence de Pacioretty et Desharnais. On ne voit pas comment il pourrait encore porter ce chandail, lui qui a été le seul joueur à refuser de rencontrer les médias dans le cadre du bilan de la saison.

Il n'est pas un cas unique. Pendant combien de temps encore attendra-t-on que le nébuleux Andrei Kostitsyn produise comme il en est capable. En l'absence de Pacioretty, il est l'attaquant qui avait la carrure requise pour se distinguer contre les Bruins. Par sa nonchalance, il a une nouvelle fois fait faux bond à l'équipe.

Pierre Gauthier a mentionné qu'il a un gros été devant lui. Là-dessus, on le croit sur parole.