Les joueurs du Canadien ont beau se retrouver en retraite fermée loin de la folie montréalaise à l'approche des premières foulées du marathon de la saison régulière, ils ne peuvent empêcher cette folie de se manifester.

Les partisans de la Flanelle, demeurés sur leur appétit, croyant qu'il ne manquait qu'un bond favorable au printemps dernier afin que leur équipe ne se rendre, qui sait, jusqu'à une parade estivale sur la rue Sainte-Catherine, ont hâte de voir leurs favoris sauter sur la glace du Air Canada Centre et amorcer, encore, la conquête de la 25e coupe Stanley.

Le calendrier préparatoire n'aura peut-être pas refroidi les ardeurs des plus fervents, mais il nous aura tout de même appris, ou rappelé, certains petits détails.

Commençons par l'évidence. La brigade défensive n'est pas la même sans Markov. Non seulement est-il le meilleur défenseur, mais son absence risque d'exposer, voire même taxer, certains autres éléments. De manière temporaire, le passé nous l'a prouvé, certains prendront la relève et brilleront dans ces circonstances. À long terme, un acteur de soutien, pour des raisons diverses, ne pourra soutenir un premier rôle et le concept collectif en souffrira.

Trêve de paraboles, Subban sera électrisant offensivement et à la hauteur défensivement; Gill sera stable et régulier, mais limité. Gorges se dressera plus souvent qu'autrement, Spacek, n'en déplaise à ses détracteurs, a connu un bon camp, est en meilleure forme physique que l'an dernier et est apprécié de ses coéquipiers. Campoli amène de la profondeur et se débrouillera. Pour ce qui est des autres, Yemelin s'ajustera, mais il n'a pas été convaincant; Diaz est habile, mais inexpérimenté dans le hockey de la LNH et Weber, armé d'un boulet de canon comme tir, pourra s'inscrire à la marque sporadiquement. Quant à Woywitka, le CH sera bien servi s'il occupe le poste de 8e défenseur. Bref, afin de rivaliser avec l'élite, vivement le retour de Markov.

À l'attaque, Jacques Martin aimerait pouvoir compter sur trois trios capables de contribuer au pointage. Pour que cette théorie tienne la route, non seulement Gomez doit-il racheter sa saison de misère, mais tous devront se responsabiliser au niveau de l'effort. La dernière rencontre préparatoire nous a démontré que, malgré la sophistication des systèmes de jeu, l'élément essentiel à la performance demeure le désir de vaincre. Ce désir engendre à son tour la combativité et l'oubli de soi, tous deux nécessaires aux équipes championnes. Je sais que le tricolore ne possède pas les attaquants les plus imposants, mais ce sont les habitudes de travail qui fatigue les adversaires à la longue. Ainsi, Gionta, Cammalleri, Plekanec seront les leaders. Pacioretty, Desharnais, Eller seront en mesure de prendre plus de place. White, Darche et Moen connaissent et joueront leur rôle. Reste Cole et Andrei K. Le premier est rapide et physique, il devra jouer avec constance. L'autre devra démontrer qu'il mérite d'avoir la chance de se faire valoir, car l'entraîneur a démontré lors des matchs préparatoires qu'il considérait certaines pièces de son jeu d'échec comme interchangeables.

Une analyse ne sera jamais complète sans s'attarder aux gardiens. Price fait partie de l'élite. Son éthique ne faisant plus de doutes, il devra rester concentré afin de passer à travers les hauts et les bas de la saison. Pour se faire, Budaj doit obtenir entre quinze et vingt départs. Dès la première fois où on fera appel à ses services, il devra démontrer les raisons pour lesquelles Pierre Gauthier a fait son acquisition. Sinon, on revivra la même situation que la saison dernière où le personnel avait perdu cette si importante confiance en Auld. Somme toute, un Price dans un bon état d'esprit peut permettre à l'équipe d'espérer. L'équipe, que dis-je, tout un peuple