Prisonnier d'un début de saison où la logique semblait depuis longtemps avoir pris le bord, le Canadien réservait une petite surprise à la loi des probabilités mercredi soir sur la glace du Centre Bell.

Soyez honnête, vous ne donniez pas cher de la peau des hommes de Jacques Martin contre les rutilants Flyers de Philadelphie. Ils étaient plus gros, plus forts, plus intimidants...

Et pourtant. Six mois jour pour jour depuis sa dernière victoire devant ses partisans - c'était lors du sixième match de la série contre les Bruins de Boston - le Canadien a secoué la profonde léthargie dans laquelle il était enfoui et a signé une première victoire en sept matchs, celle-là par la marque de 5-1.

On est encore loin du klondike, diront les plus cyniques, mais ça permettra au moins à quelques-uns d'aller au lit sans avoir l'impression d'avoir oublié de dénouer leur nœud de cravate. Surtout qu'avec le congédiement soudain de Perry Pearn dans les heures précédant la rencontre, certains commençaient peut-être à marcher les fesses serrées.

Ça se prend bien, aussi, à la veille d'amorcer une série aller-retour contre les champions en titre de la coupe Stanley.

Max Pacioretty, dont l'état de santé avait soulevé moult questions depuis qu'une blessure à un poignet l'avait forcé à rater la fin du match de lundi face aux Panthers de la Floride, s'y est pris de la bonne façon pour dissiper les doutes. Il a marqué deux buts d'assurance pour chasser le scepticisme de l'amphithéâtre et préparer la foule à célébrer le premier gain de son équipe en six matchs à domicile depuis le début de la saison.

"Je crois que 90% des joueurs dans cette ligue jouent blessés à chaque soir. La différence, c'est que vous avez découvert mon secret", a dit Paccioretty pour minimiser la signification de sa présence dans l'alignement.

Pacioretty a aussi amassé une passe sur le but d'Andrei Kostitsyn et a terminé la rencontre avec un différentiel de plus-3.

"Il est une bête, a résumé Carey Price. Personne n'aime jouer blessé, mais présentement nous avons besoin de tout le monde. Il a montré qu'il avait des couilles."

"Je le connais depuis trois ans, je sais ce qu'il est capable de faire et je pense qu'il n'arrêtera pas de vous impressionner, a prédit David Desharnais. Il est capable de marquer, il travaille fort, c'est un guerrier. Je ne suis pas certains qu'il y a beaucoup de joueurs qui aurait joué en dépit d'une blessure de ce genre, mais lui il était là."

Yannick Weber a parti le bal avec trois secondes à faire en première période, secouant les cordages d'un puissant tir de la pointe pour être crédité de son deuxième filet de la saison. Michael Cammalleri a mis la cerise sur le sundae en fin de match.

Desharnais et Tomas Plekanec ont engraissé leur fiche personnelle avec chacun deux mentions d'aide.

"Nous avons utilisé plusieurs combinaisons différentes en attaque et avons obtenu une bonne contribution de plusieurs joueurs différents. J'ai aimé l'équilibre apporté par nos quatre trios", a disséqué Jacques Martin.

Et vous vous souvenez de la fameuse 100e victoire de Price? Eh bien il a finalement mis la main dessus. Le jeune cerbère a finalement atteint ce plateau à son 214e match dans la Ligue nationale.

Price a réalisé 22 arrêts. Il a été parfait après avoir été déjoué par Jaromir Jagr à mi-chemin en première période.

Cole commence à être hot

Point positif parmi tant d'autres, la tenue d'Erik Cole, qui commence à exhiber les qualités de l'attaquant de puissance qui avait été promis lors de son acquisition au mois de juillet.

Cole a tout fait pour donner au Canadien sa première avance du match en début de deuxième période. On y a cru lorsqu'il a subtilisé le disque à Andreas Lilja à la ligne bleue du Canadien pour initier une descente à trois contre un que Cammalleri a été incapable de compléter.

Puis il en a remis quelques présences plus tard, quand il a facilement débordé Matt Carle sur l'aile droite pour arriver à défier Ilya Bryzgalov.

Après deux aussi belles pièces de jeu, c'est la chance qui a fini par sourire au Canadien. À mi-chemin dans le match, Jaroslav Spacek a complètement raté un tir qui a rebondi devant Kostitsyn. Le Bélarussien a lui aussi fendu l'air, mais la rondelle a donné contre sa jambe et a lentement glissé sous Bryzgalov jusqu'à ce qu'elle franchisse la ligne rouge.

La reprise vidéo a permis de conclure que Kostitstyn n'avait pas intentionnellement dirigé la rondelle dans le filet. Ça allait être le but de la victoire.

Deux minutes et douze secondes plus tard, un tir de la pointe de P.K. Subban a été bloqué par Carle, mais le retour est arrivé directement sur la palette du bâton de Pacioretty, qui l'a balayée dans le filet avant que Bryzgalov n'ait le temps de réagir.

Le Canadien aurait facilement pu céder le momentum au début du dernier tiers, mais Price s'est objecté en frustrant James van Riemsdyk en échappée.

Cole s'est aussi assuré que son équipe continue d'appliquer la pression nécessaire à l'autre bout de la patinoire. Il a cogné à la porte défendue par Bryzgalov à maintes reprises lors d'un jeu de puissance, sans toutefois pouvoir y entrer.

"Il a travaillé fort, il patinait. J'aime beaucoup jouer avec un joueur comme ça. Quand il va au filet, il se sert de sa vitesse. On a eu des chances toute la soirée et on a récompensé en fin de match", a félicité Desharnais.

Cole a terminé sa soirée de travail avec six lancers au but. Il a été le quatrième attaquant le plus utilisé sur l'avantage numérique de son équipe (4:22).

"Il est imposant physiquement et depuis deux matchs, il fonctionne à plein régime, a vanté l'entraîneur. Il transporte la rondelle, fonce au filet de façon convaincante et crée des chances de marquer. C'est exactement le genre de joueur qu'on veut voir."