BROSSARD, Qc - Jacques Martin ne peut pas dire encore précisément quelle identité Lars Eller va avoir comme joueur d'ici quelques saisons. Mais l'entraîneur du Canadien verrait bien le jeune Danois s'établir comme un joueur de centre fiable en défense et capable de contribuer à l'attaque, de la trempe des Jordan Staal, des Penguins de Pittsburgh, ou Dave Bolland, des Blackhawks de Chicago.

«Il ne m'a pas prouvé jusqu'à maintenant qu'il peut amasser des points en masse, a affirmé Martin, mardi. Nous voulons qu'il continue à se concentrer sur son jeu en défense et, s'il s'applique dans sa zone, les occasions vont se présenter à l'attaque.»

Eller n'est âgé que de 22 ans. Choix de premier tour des Blues de St.Louis en 2007 que le CH a obtenu dans l'échange de Jaroslav Halak, il n'en est qu'à sa deuxième véritable saison dans la LNH. La saison dernière, il a récolté 17 points en 77 matchs. Il s'est illustré en séries éliminatoires, même blessé à une épaule. Opéré à la fin de la saison, il a trois points à sa fiche depuis son retour au jeu, il y a neuf matchs.

Depuis quelques matchs, il pivote un troisième trio intéressant, en compagnie d'Andrei Kostitsyn et de Travis Moen. Il a d'ailleurs réussi son premier but de la saison, samedi, dans la victoire de 4-2 face aux Bruins de Boston.

Le patineur natif de Rodovre, qui mesure six pieds et qui pèse 200 livres, ne demande pas mieux que de s'établir comme un joueur complet.

«Je veux être celui que l'entraîneur va utiliser pour protéger une avance d'un but en fin de match ou pour aller chercher le but égalisateur, a-t-il mentionné. Je veux être de toutes les situations.»

Eller ne peut pas avoir de plus bel exemple sous les yeux que son coéquipier Tomas Plekanec. C'est en plein le genre de joueur qu'il veut être.

La principale amélioration dans son jeu que Martin a remarquée cette saison, c'est qu'il est plus difficile de lui soutirer la rondelle parce qu'il est beaucoup plus solide sur ses patins.

«Il a amélioré sa force physique, a-t-il avancé. La saison dernière, il se faisait enlever la rondelle plus facilement. Il a beaucoup travaillé à se renforcer les jambes, tout en récupérant de l'opération à une épaule qu'il a subie, et on voit les résultats. Il est nettement plus solide.»

Confirmant être plus fort physiquement, Eller a ajouté que la confiance que lui manifeste l'entraîneur l'aide à se sentir plus à l'aise sur la glace. Il n'a plus le sentiment qu'on va le clouer sur le banc à la moindre erreur de sa part.

«Il n'y pas de meilleur sentiment quand l'entraîneur vous fait confiance. Vous gagnez vous-même en confiance. La saison dernière, je craignais de commettre des erreurs parce que je savais qu'on me ferait passer des tours sur la glace.

«Je n'aurais pas beaucoup rejoué après avoir commis une erreur comme celle qui a coûté un but samedi, a-t-il relevé. Mais cette saison, la corde de l'entraîneur est plus longue. C'est excellent pour la confiance. Vous verrez davantage le joueur que je veux être.»

Eller est visiblement un meilleur joueur à la position de centre que comme ailier. Il admet volontiers être plus efficace au centre, même s'il précise être prêt à jouer à l'aile.

Eller dit miser sur le réconfort de plusieurs vétérans au sein de l'équipe. Mais il y en a un particulièrement qui l'a pris sous ses ailes: Scott Gomez.

«Tout le monde m'aide, mais si je devais identifier un mentor ce serait Scott, a-t-il dit. Quand je broyais du noir, la saison dernière, il m'avait dit de me regarder dans le miroir et de me retrousser les manches afin de changer des choses, si je n'aimais pas ce que je voyais. C'est ce que j'ai fait. Je ne jouais pas beaucoup et c'était rendu au point où je craignais de faire des erreurs. Je me suis repris en main, en me disant de faire abstraction de mes inquiétudes, de préconiser mon style, et que le vent finirait par tourner.»