Il devient de plus en plus difficile de voir le verre à moitié plein chez le Canadien.

Le Tricolore récolte des points avec constance. Au moins un à chacun de ses quatre derniers matchs, si vous faites le décompte à la maison. Dans un contexte où la parité est reine et où chaque petit pas en avant peut faire la différence, il s'agit d'une récolte non-négligeable.

Mais quand cette équipe fera le bilan de sa saison, un exercice qui pourrait bien être fait plus tôt que tard, combien de points perdus trouvera-t-elle enfouis au fond d'une poubelle?

On pourra penser à ce match de fin novembre, où le Canadien a laissé filer une avance de deux buts face aux Penguins de Pittsburgh pour s'incliner en prolongation. Ou à cet arrêt à San Jose, début décembre, alors que trois avances ont été bousillées et un seul petit point a été grappillé. Il ne faudrait pas non plus oublier cette amère défaite en fusillade contre les Blue Jackets de Columbus, la pire équipe de la Ligue nationale.

Et, éventuellement, on parlera du match de jeudi contre les Canucks de Vancouver. Un match dans lequel le Canadien semblait en plein contrôle, inébranlable avec son avance de trois buts, avant de s'écrouler une fois de plus et de devoir accepter le point des perdants au terme d'un revers de 4-3 subi en tirs de barrage.

"Ce n'était pas un manque d'effort. Ils forment l'une des meilleures équipes de la Ligue, on a été compétitifs. Mais en bout de ligne, ce sont les unités spéciales qui ont fait la différence", a froidement analysé Jacques Martin.

L'entraîneur se répète, mais il faut avouer qu'il met le doigt sur le bobo. Le Canadien a amorcé sa chute quand Mason Raymond a marqué le premier but des Canucks cette saison en désavantage numérique, au milieu de la deuxième période, et a compris qu'il devrait encore faire du temps supplémentaire quand Sami Salo a créé l'égalité lors d'un jeu de puissance avec un peu moins de cinq minutes à faire en troisième.

Entre-temps, Cody Hodgson, le même qui allait inscrire le seul but de la fusillade, a marqué un but sans aide en début de troisième.

Le Canadien a perdu quatre de ses cinq matchs qui ont atteint l'étape des tirs de barrage et montre une fiche cumulative de 3-6 en temps supplémentaire.

"On commence presque à s'habituer, a soupiré Price, piteux devant son casier dans le vestiaire de l'équipe. C'est arrivé trop souvent dernièrement, il faut trouver une façon de fermer les livres."

Au calendrier, la formation montréalaise n'a gagné qu'une seule de ses sept dernières parties.

"On ne cherche pas le bouton de panique, a réitéré Martin. Lorsqu'on compte sur des jeunes joueurs, ce sont des choses qui arrivent. On apprend, on s'améliore et ça va porter fruits à long terme."

Apparemment blessé à un bras, Brian Gionta a dû recevoir des soins au vestiaire en troisième période. Il n'a pas terminé la rencontre.

Le premier de St-Denis

L'agonie de la défaite avait effacé le sourire qui ornait le visage de Frédéric St-Denis quelques heures plus tôt. Le défenseur recrue a marqué son premier but dans la Ligue nationale quand il a déjoué Roberto Luongo en tout début de rencontre.

"C'était vraiment incroyable, a pu raconter St-Denis, qui avait été laissé de côté contre Columbus. Au départ, je ne pensais pas que le but allait me revenir, je me disais que ça avait dévié sur un coéquipier, mais j'étais vraiment content quand j'en ai été crédité. Et l'ovation que j'ai reçue quand le but a été annoncé, c'était vraiment spécial."

Mais le résultat final "est un peu invraisemblable, a ensuite reconnu St-Denis. On se tire dans le pied un peu trop souvent. On ne peut pas connaître de relâchement contre une équipe comme ça. Ils ont tellement de talent, ils travaillent fort aussi. Il va falloir qu'on se regroupe."

Raphaël Diaz, un autre des "jeunes joueurs" à la disposition de Martin, a ajouté à l'avance du Canadien de la même manière que son coéquipier. De la ligne bleue, l'arrière helvète a décoché un lancer balayé que le gardien des Canucks, embêté par Erik Cole, n'a pas vu venir.

Cole a ensuite marqué son neuvième de la saison en début de deuxième, faufilant un tir des poignets entre les jambières du gardien québécois après avoir provoqué un revirement à l'entrée de son territoire.

Une avance de 3-0. Une défaite de 4-3. Le genre de scénario qui se répète un peu trop souvent chez le Canadien dernièrement.

"Ce qui est important, c'est de rester dans le peloton, a souligné Martin, qui tentait d'adhérer au club des optimistes. Éventuellement, certains joueurs seront de retour et ça devrait se traduire par une amélioration de notre équipe."