Dans le vestiaire du Canadien, une mythique citation orne un mur tapissé des portraits des grands joueurs qui ont écrit la légende de l'organisation.

Nos bras meurtris vous tendent le flambeau. À vous toujours de le porter bien haut.

Gravés à jamais dans la glorieuse histoire de la Sainte-Flanelle, ces vers représentent un lien indélébile avec une époque malheureusement révolue. Mais aujourd'hui, un autre célèbre dicton, moins poétique celui-là, serait beaucoup plus approprié à la réalité d'un club qui continue de se surpasser pour trouver des moyens de se mettre des bâtons dans les roues.

Y en n'aura pas de facile, les boys...

Non sans se compliquer l'existence, le Canadien a accompli mardi soir deux tâches qu'il tentait de rayer de sa liste depuis un bon moment. En survivant à une petite frayeur en troisième période pour venir à bout des Islanders de New York au compte de 5-3, il a signé un premier gain au Centre Bell depuis le 19 novembre et a débuté une première série de victoires en un mois.

Le Canadien a échappé - encore - une avance de deux buts en troisième période, mais Petteri Nokelainen a coupé court à la tentative de remontée des Islanders en marquant le but décisif avec un peu plus de six minutes à écouler. Son long lancer frappé a échappé à l'attention d'Al Montoya, qui n'a pas si bien paru sur trois des quatre buts qu'il a accordés.

"Lars m'a servi toute une passe. J'ai simplement fermé les yeux et je me suis élancé de toutes mes forces", a blagué le héros du match devant les nombreux journalistes qui l'ont entouré dans le vestiaire.

Hal Gill a plus tard confirmé le résultat final dans un filet désert.

Avec les points ramenés du New Jersey en fin de semaine, le Canadien a maintenant remporté deux matchs de suite pour la première fois depuis les 10 et 12 novembre.

"On est allé chercher neuf points sur douze dans les six dernières parties. Je trouve qu'on est dans la bonne direction", a préféré souligner Jacques Martin.

Erik Cole avait donné aux locaux une avance qui semblait confortable en début de troisième, mais des buts de Josh Bailey et John Tavares avaient permis aux Islanders de créer l'égalité.

Le pire était encore une fois envisageable pour la formation montréalaise, qui a cette fois été capable de s'en tirer sans conséquence.

"Je crois que c'est une question d'humilité, a estimé Nokelainen, en verve après la rencontre. Peut-être que nous tombons trop vite dans une zone de confort et qu'il faudrait respecter davantage nos adversaires. Les Islanders ont beaucoup de talent et si vous leur laissez trop de liberté, ils vont en profiter."

Andrei Kostitsyn et Mathieu Darche ont été les autres buteurs du CH.

Carey Price a réalisé 29 arrêts et peut expliquer les trois buts des Islanders par l'incohésion qui régnait autour de son filet.

Au chapitre des mauvaises nouvelles, le nom de Travis Moen a été ajouté au registre des nouveaux arrivants à l'infirmerie de l'équipe. Le gros attaquant s'est blessé au « bas du corps », possiblement à un pied, en première période et on ne l'a jamais revu.

Généreux Montoya

S'il avait fallu que les joueurs du Canadien l'échappent, ils n'auraient certainement pas pu mettre leur débandade sur le dos d'un gardien en pleine possession de ses moyens.

En première période, ils ont profité d'un premier élan de générosité de Montoya, qui amorçait un quatrième match de suite devant la cage des Islanders, pour se donner un modeste coussin qui allait éventuellement bien leur servir. En l'espace de 4:13, le gardien américain a été déjoué par un tir d'un angle restreint de Kostitsyn et a littéralement fait cadeau de son deuxième but de la saison à Darche.

Matt Moulson avait à peine fini de célébrer son 15e but de la saison, sur lequel Pierre-Alexandre Parenteau a récolté le premier de ses deux points, quand Kostitsyn a changé l'humeur générale dans le Temple. Le Bélarussien est entré en trombe sur l'aile droite, a récupéré une rondelle qu'il avait lui-même poussé en fond de territoire et a déjoué Montoya d'un tir bas du côté du bloqueur.

Tomas Kaberle a récolté son troisième point dans l'uniforme du Tricolore sur le troisième but en cinq matchs - et neuvième de la saison - de Kostitstyn.

Darche, lui, a joué de chance quand son lancer frappé décoché du haut du cercle de mise en jeu à la gauche de Montoya s'est trouvé un chemin entre les jambières du gardien.

Sur le but de Nokelainen, le portier des Islanders, qui s'était ressaisi pour garder son équipe dans le coup en deuxième, a semblé dérangé par la présence du défenseur Steve Staios dans son champ de vision.

Campoli et Kaberle réunis

À son deuxième match dans l'uniforme bleu, blanc et rouge, son premier à Montréal, Kaberle a été jumelé à un autre nouveau visage, Chris Campoli, qui effectuait un retour au jeu après une absence qui datait du tout premier match de la saison.

Kaberle a passé près de 17 minutes sur la patinoire, dont plus du tiers (5:56) en avantage numérique. Sa présence au point d'appui n'est pas étrangère au fait que le Canadien a décoché 12 de ses 29 lancers avec l'avantage d'un homme.

"Il est un défenseur d'expérience et le jeu de puissance est sa spécialité. Markov est excellent dans ce rôle, mais on attend toujours qu'il puisse disputer son premier match, alors un joueur comme Kaberle nous est d'une grande aide", a constaté Martin au sujet de la récente prise de son patron.

Campoli a été brièvement utilisé sur la deuxième vague de l'attaque à cinq en compagnie de Yannick Weber. Il a passé un total de 16:34 sur la patinoire.

"Je me suis senti assez bien, s'est réjoui Campoli. J'ai été impliqué dans le jeu dès le départ et j'ai pu me débarrasser assez rapidement des fourmis que j'avais dans les jambes. Et j'ai trouvé que Kaberle et moi avons bien fait ensemble, nous avons bien fait circuler la rondelle."

Le nouveau duo a été pris en défaut sur le but égalisateur de Tavares, qui s'est planté dans l'enclave pour pousser une rondelle libre derrière Price autour de qui la confusion régnait la plus totale.

"J'aimerais pouvoir rejouer cette séquence, j'étais un peu anxieux, mais pour ce qui est du reste, je suis satisfait", a réitéré l'ancien choix de septième ronde des Islanders.

"Campoli a été un facteur déterminant sur le but de Kostitsyn. Oui, il y a eu des erreurs par moment, mais on apprend", a défendu l'entraîneur.