MONTRÉAL - La controverse entourant la nomination de l'unilingue anglophone Randy Cunneyworth à titre d'entraîneur-chef du Canadien de Montréal s'est poursuivie dimanche. Divers groupes nationalistes sont montés aux barricades pour dénoncer la décision du club.

L'un de ces groupes, le mouvement Impératif français, a même lancé un appel au boycott des produits Molson afin de démontrer son mécontentement. Selon son président Jean-Paul Perreault, ce geste serait `la pénalité que (les partisans pourraient) imposer à Molson pour sa grossière inconduite et sa mise en échec à l'endroit du Québec'.

Le Canadien de Montréal est la propriété, notamment, des frères Geoff, Andrew et Justin Molson. Les deux premiers siègent même au conseil d'administration de l'important brasseur Molson Coors, Andrew y occupant même le poste de président du conseil.

Impératif français souhaite que les propriétaires de l'équipe reçoivent le message rapidement. M. Perreault se demande si les partisans en ont assez de se faire rire d'eux, ajoutant que `jamais au grand jamais les Maple Leaf de Toronto, les Flames de Calgary ou les Canucks de Vancouver retiendraient les services d'un entraîneur unilingue français.'

De son côté, le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu a durement critiqué l'embauche de l'Ontarien pour tenir les rênes de la seule équipe la Ligue nationale de hockey basée au Québec.

Selon lui, le poids symbolique de l'équipe pour les francophones est très important, ce qui rend la nomination de M. Cunneyworth encore plus insultante.

Mais la direction regrettera sa décision, prédit Mario Beaulieu, parce que de nombreux Québécois se désintéresseront du hockey avec le temps, à mesure que le sport s'éloignera de leur réalité. Il juge que la décision est `inacceptable', faisant aussi remarquer `qu'il y a de moins en moins de joueurs francophones dans l'équipe de Montréal'.

M. Beaulieu a rappelé qu'au début de son existence, le Canadien était `l'équipe des francophones'. Selon lui, `en s'éloignant de sa clientèle francophone et en la délaissant à ce point-là, un moment donné, il va y avoir moins d'intérêt pour le hockey'.

Il ajoute que la maîtrise du français devrait être une condition de base dans l'embauche d'un entraîneur d'une équipe de hockey dans la province.

Du côté politique, seul le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s'est risqué à commenté la nomination de Randy Cunneyworth, tout en demeurant prudent.

Se qualifiant lui-même d'amateur de hockey, le ministre a affirmé que pour sa part, il aurait favorisé un entraîneur qui maîtrise la langue de Molière. Selon lui, il est préférable qu'au Québec, il est préférable d'avoir un entraîneur qui parle français.