Et dire que le Canadien espérait profiter de son éloignement de la jungle montréalaise pour retrouver ses couleurs sous l'ère Cunneyworth.

Inutile de spécifier, au retour d'un voyage désastreux au cours duquel il n'a marqué que trois buts en autant de matchs, qu'il n'a rien fait pour atténuer l'intensité de la tempête qui a déferlé sur la ville pendant son absence.

Dépassé par les événements sur la patinoire où il avait obtenu sa toute première victoire de la saison, le Canadien s'est incliné par la marque de 4-0 jeudi soir devant les Jets de Winnipeg.

Est-ce que c'est ça qu'on appelle un Noël blanc?

"Il n'y a rien à dire après un match comme celui de ce soir, a répondu Josh Gorges, le regard résigné, devant son casier. En fait, les belles paroles n'ont plus leur place depuis longtemps. À partir de maintenant, il faut agir. Parler, ça ne suffit pas."

"Il n'y a absolument rien qui fonctionne dans notre game présentement, c'est aussi simple que ça. Il faut qu'on trouve des solutions. C'est rendu gênant, autant pour l'équipe que pour chacun de nous individuellement, a déploré Mathieu Darche. Ça fait un mois qu'on essaie de trouver du positif ici et là, mais à un moment donné, on est dans une industrie axée sur les résultats et on n'en obtient pas."

"Nous marchons présentement sur une ligne très mince. On veut toujours garder les choses simples et travailler fort, mais il faut aussi provoquer des choses, jouer au hockey, vous savez", a réfléchi Michael Cammalleri.

Sans P.K. Subban et Lars Eller, laissés de côté dans les minutes précédant la rencontre, le Tricolore a subi une cinquième défaite de suite, une quatrième depuis qu'il a été touché par un changement d'entraîneur samedi dernier. Les représentants de la Sainte-Flanelle sont rentrés à la maison après la rencontre, question de passer les Fêtes en famille avant de reprendre la route pour un autre voyage de trois matchs qui débutera le 27 décembre à Ottawa.

"Nous aurions bien aimé débuter ces courtes vacances avec une victoire, mais nous ne la méritions pas ce soir", a franchement évalué Cunneyworth après la rencontre.

"Ça ne sera pas agréable de partir en congé dans des conditions semblables, a concédé Gorges, qui espaçait ses réponses de plusieurs secondes. C'est frustrant parce que ce sont des points qu'on ne pourra jamais récupérer. Il faudra tenter de profiter des vacances pour oublier nos frustrations et revenir comme s'il s'agissait d'une toute nouvelle saison."

Reste à voir s'ils trouveront dans les plats traditionnels du réveillon un apport en vitamines qui se traduira par un entrain renouvelé lors du retour au travail. Parce que présentement, cette équipe ne convainc personne qu'elle a le cœur à la bonne place.

"Personne n'est fier présentement"

À Winnipeg, elle tirait de l'arrière par deux buts après treize minutes et des poussières. Les Jets ont pris les devants à 3:18 en faisant exactement ce que leurs adversaires accomplissent à une fréquence dérisoire depuis le début de la saison : profiter d'un avantage numérique. Blake Wheeler a battu Carey Price de vitesse en redirigeant sur réception une passe vive de Dustin Byfuglien à travers l'enclave.

Price n'a pas eu plus d'aide dix minutes plus tard sur le deuxième but des Jets. Pendant qu'il étudiait les intentions de Nik Antropov qui perçait la zone offensive à sa droite, Tanner Glass échappait à la couverture de Tomas Kaberle et Max Pacioretty et offrait une cible parfaite au joueur russe, pour qui le reste s'est avéré un jeu d'enfant.

Wheeler a marqué son deuxième du match à la 39e seconde du deuxième tiers. L'attaquant format géant a fait mal paraître Hal Gill à la ligne bleue avant de trouver l'ouverture sous le bloqueur de Price. Il a aussi fabriqué de toutes pièces le but de Tim Stapleton en fin de match.

"C'est une période frustrante pour tout le monde, mais il faut se retrousser les manches et retourner au boulot, a sermonné l'entraîneur. Nous ne pouvons pas nous apitoyer sur notre sort. Un joueur de hockey qui s'apitoie sur son sort ne pratique pas le bon métier."

Les Jets, qui montraient le sixième meilleur dossier de la LNH à domicile avant la rencontre, ont signé une douzième victoire au MTS Centre.

"C'est un honneur de joueur pour cette équipe qui possède beaucoup d'histoire. Je pense qu'il faut commencer à penser au logo en avant. Personne n'est fier de ce qu'on fait présentement", n'a pas hésité à dire Louis Leblanc, qui a eu le temps d'obtenir deux tirs et deux mises en échec en douze présences.

Un jeu de puissance étouffé

Ondrej Pavelec a récolté son troisième jeu blanc de la saison. Vous pourrez douter de son honnêteté s'il vous dit qu'il n'a jamais travaillé aussi fort devant son filet.

Le Canadien a obtenu 16 de ses 27 tirs au but en deuxième période, une statistique qui s'explique par les neuf minutes et 16 secondes passées en avantage numérique. Si vous avez bien suivi jusqu'ici, vous aurez compris qu'il a été incapable d'en profiter pour améliorer son sort.

En fait, ce sont les Jets qui ont été les plus menaçants pendant que les visiteurs jouaient avant l'avantage d'un homme. Chris Thorburn venait tout juste de commencer à purger une peine de quatre minutes quand, victime d'une crampe au cerveau, Tomas Kaberle a laissé la rondelle à Tanner Glass à la ligne bleue du Canadien.

Le rapide patineur, qui avait déjà été volé par Price en début de première, a envoyé son tir sur les jambières du gardien, qui s'est ensuite surpassé pour bloquer le retour récupéré par Jim Slater.

Le Canadien n'a marqué que cinq buts en 45 avantages numériques au mois de décembre, un faible taux d'efficacité de 11,1%.

"Notre jeu de puissance en arrache, a été l'évidence soulevée par Cammalleri, qui n'a pas de but depuis le 1er décembre. Nous devons être plus créatifs et apporter quelques changements. Ce serait trop facile de dire que nous avons simplement besoin de lancer plus souvent et de placer des gars devant le filet. En ayant plus de joueurs en mouvement, on créerait plus d'opportunités de marquer."

"À mon avis, un lancer au but devrait être le résultat d'un beau jeu et non pas un objectif à atteindre", a conclu le numéro 13.

Deux jeunes sacrifiés

Subban et Eller ont appris qu'ils ne participeraient pas à la rencontre à leur arrivée à l'aréna. Le premier a été remplacé par Alexei Emelin, qui a été utilisé pendant un peu plus de 20 minutes, tandis que l'autre a cédé sa place à Yannick Weber.

"On savait qu'on prenait un certain risque en retirant une bonne dose de talent de l'alignement, mais il fallait se rendre à l'évidence que ces deux jeunes connaissaient des ennuis dans certaines facettes de leur jeu", a affirmé Cunneyworth pour justifier sa décision.

La nonchalance de Subban a été coûteuse au cours de la dernière semaine. Le joueur de deuxième année montrait un différentiel de moins-5 à ses trois derniers matchs.

"P.K. est encore en période d'apprentissage et nous devons régler quelques petits problèmes. Mais il n'est pas le seul à éprouver des difficultés et d'autres que lui auraient tout aussi bien pu écoper", a précisé l'entraîneur.