Pierre Gauthier n'a pu retenir une grimace lorsque le mot "reconstruction" a été prononcé lors de sa rencontre avec les médias pour discuter des récents mouvements de personnel effectués à l'approche de la date limite des transactions, lundi.

Au cours des dix derniers jours, le directeur général du Canadien a liquidé Hal Gill et Andrei Kostitsyn, deux vétérans pour lesquels il a obtenu des joueurs des ligues mineures et quelques choix au repêchage. Des décisions réfléchies, dit-il, qu'il ne faut pas voir comme un drapeau blanc hissé en vue des prochaines campagnes.

"De nos jours, la reconstruction, ça se fait dans la compétition, a clamé Gauthier. Vous n'êtes pas le premier à me dire qu'on se dirige dans une phase de reconstruction, mais depuis le début de l'ère du plafond salarial, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Tous les clubs peuvent se rétablir très rapidement. C'est d'ailleurs une discussion que nous avons eue de l'intérieur au cours des dernières semaines. On se demande comment on peut se redresser rapidement après une saison difficile."

Visiblement, Kostitsyn ne faisait pas partie des plans d'avenir de la direction du Tricolore. Comme Gill, le Bélarussien devenait joueur autonome le 1er juillet et la décision avait été prise à l'effet que sa carrière avec le Canadien tirait à sa fin.

"Ça n'a pas été facile de laisser aller M. Kostitsyn. Il a été repêché par le Canadien, il n'a jamais joué ailleurs et il aimait beaucoup jouer pour nous. Mais à ce moment-ci de l'année, les directeurs généraux, dépendamment de leur situation au classement, identifient les joueurs avec qui ils vont aller de l'avant. Dans le cas de M. Kostitsyn, si on avait eu l'intention de le garder dans le futur, on ne l'aurait pas échangé."

Gauthier est donc déjà tourné vers le futur, mais il n'est pas prêt pour autant à passer le présent dans le déchiqueteur et croit que son équipe pourrait commencer à montrer un visage différent dans le dernier droit du calendrier.

"On est pratiquement au trois quart de la saison et je crois que l'objectif, à partir de ce soir, c'est de replacer l'équipe, fixe Gauthier. Nous avons tous vu certains signes de frustration et d'insécurité dernièrement, mais à partir du moment où la date limite est passée, nous devrions être capable de relancer l'équipe. Tous les joueurs devraient être capables de performer au niveau qu'ils en sont capables."

"Nous sommes tous des compétiteurs. Je peux vous dire que les joueurs dans le vestiaire sont déçus, mais aussi fâchés. Je crois qu'ils vont se rallier et voir à ce que les choses changent. Ce n'est pas plaisant pour eux ce qui se passe et je crois qu'ils prendront les moyens pour aller de l'avant d'une manière beaucoup plus positive."

Un nouvel équilibre

Gauthier a fait part de sa volonté de « grossir » son équipe lorsqu'il a remplacé Michael Cammalleri par Rene Bourque en janvier. En réclamant Brad Staubitz au ballottage lundi, il a pris un autre pas dans cette direction.

Staubitz est un dur à cuire de 27 ans qui a débuté la saison avec le Wild du Minnesota mais qui évolue présentement dans la Ligue américaine. En 196 matchs dans la Ligue nationale avec le Wild et les Sharks de San Jose, il a passé 432 minutes au cachot et récolté 18 points.

"M. Staubitz est un joueur qui est dans la Ligue depuis longtemps. On connaît son rôle, c'est un rôle bien précis et il le fait assez bien, décrit celui qui en a fait l'acquisition. C'est un élément qui ne faisait pas partie de notre équipe auparavant, alors on va l'accueillir et voir s'il pourra bien s'intégrer."

"Ce n'est pas tant un changement de philosophie qu'un équilibre qu'il faut faire au sein du groupe de joueurs que nous avons, a précisé le DG. Avec l'arrivée de certains jeunes joueurs, on était rendu encore plus petits, il fallait se grossir. Ce n'est pas des choses qu'on fait du jour au lendemain, mai pour le reste de la saison, M. Stubitz pourra sûrement aider."

Staubitz devait rejoindre ses nouveaux coéquipiers à Tampa Bay en soirée.