BROSSARD, Qc - Certains ont beau avoir remis en question la pertinence d'embaucher Randy Cunneyworth pour succéder à Jacques Martin, on ne peut douter du fait que l'entraîneur-chef par intérim du Canadien s'est comporté en bon soldat pour l'organisation. Et même si les supérieurs qui l'ont mis en place ne sont plus là depuis jeudi matin, il continuera d'agir en bon soldat.

C'est donc dire que malgré le fait que Pierre Gauthier et Bob Gainey ne sont plus là et que sa sécurité d'emploi est plus précaire que jamais, Cunneyworth va se concentrer sur les cinq matchs qu'il reste à disputer au calendrier régulier. Et ce, comme si rien n'avait changé.

«Comme Geoff Molson l'a dit, ce sera au nouveau directeur général de décider le sort du personnel d'entraîneurs», a noté Cunneyworth après l'entraînement de jeudi à Brossard, pendant lequel le président et copropriétaire du Canadien a annoncé que Gauthier et Gainey avaient été relevés de leurs fonctions. Mon travail, en ce moment, c'est de m'occuper du reste de la saison. L'avenir, nous allons nous en préoccuper une fois que la saison sera terminée.»

Cunneyworth a indiqué qu'aucun échéancier pour statuer sur son sort n'avait été établi par Molson. Il n'a pas voulu spéculer sur ses chances de revenir l'automne prochain ou non.

«J'ai encore un travail à faire pour cinq autres matchs, et je vais certainement faire de mon mieux avec mon groupe de joueurs. Le message reste le même: nous devons jouer notre meilleur hockey. Et ce, pour toutes les bonnes raisons, personnelles et d'équipe, a-t-il affirmé. Ceci est une équipe qui a énormément d'histoire et tu veux toujours donner ton meilleur effort, peu importe quelles sont les circonstances.

«Il faut finir le travail et bien paraître ce faisant. Nous demandons à nos joueurs de donner le meilleur d'eux-mêmes et, évidemment, le personnel d'entraîneurs va faire la même chose, a ajouté Cunneyworth. Notre travail, c'est de continuer à donner de bonnes performances, de jouer comme nous en sommes capables, en se préoccupant des choses qu'on peut contrôler et en laissant de côté les choses qu'on ne peut contrôler.»

Cunneyworth a dit espérer que le nouveau directeur général tiendra compte de sa candidature. Il a dit espérer être de retour la saison prochaine.

«Absolument, a-t-il souligné. C'est là un euphémisme.»

Même si l'objectif de se faire une place en séries n'a pas été atteint, Cunneyworth a réussi à plaider sa cause quand on lui a demandé ce qu'il avait fait de suffisamment bien pour mériter une reconduction de son mandat.

«Nous avons connu de bons moments, a-t-il dit. L'adversité que nous avons affrontée devrait nous rendre plus forts. Apprendre de nos erreurs et des obstacles qu'il a fallu traverser rend toujours une équipe plus forte. Un revirement de situation rapide n'est pas impossible. On a vu des équipes le faire cette saison.»

Cunneyworth a dit voir d'un bon oeil que Molson accompagne l'équipe à New York et Washington, ce week-end.

«Ça va mettre de la bonne pression sur nous, a-t-il noté. Tout le monde a quelque chose à offrir et tu veux montrer ce que tu as, alors il n'y a pas meilleure situation que d'avoir l'occasion de le montrer au propriétaire en personne.»

Pas de stress indu

Bien que plusieurs aient lancé la pierre à Gauthier pour expliquer une large part des déboires de l'équipe cette saison, Cunneyworth a refusé de faire de même. C'est ainsi qu'il n'a pas blâmé le d.g. pour des décisions qu'il a prises et qui ont été considérées comme bizarres: le congédiement de l'entraîneur adjoint Perry Pearn peu avant un match, par exemple, ou bien l'échange impliquant Michael Cammalleri qui a été complété en pleine rencontre.

Selon Cunneyworth, ces événements n'ont pas provoqué un stress indu chez les joueurs.

«Il y a toujours du stress à tous les niveaux, a-t-il souligné. Ça affecte les joueurs de manières différentes et quant au moment choisi pour effectuer certains changements, je ne vais pas donner mon avis là-dessus, c'est le travail du directeur général. Et c'est ce que Pierre Gauthier a fait, son travail. J'ai tout le respect au monde pour son bagage d'expérience, et je trouve qu'il s'est comporté de manière professionnelle tout au long de la saison.

«Je lui dois beaucoup personnellement. Si je suis ici, c'est grâce à Pierre Gauthier, a ajouté Cunneyworth. Ce sont des choses qui arrivent au cours d'une saison, et tu poses ces gestes parce que tu crois que cela va améliorer l'équipe. Dans plusieurs cas, je crois que ç'a effectivement fait de nous une meilleure équipe.

«Ce n'est pas facile de gagner, ni de perdre, a par ailleurs avancé l'entraîneur du CH. C'est très difficile d'atteindre le nombre de victoires visées au cours d'une saison. Tu travailles fort, tu travailles en équipe, et tu espères que différents joueurs vont jouer les héros d'un match à l'autre. Mais peut-être que nous n'avons pas eu droit à une variété suffisante de héros, certains soirs. Nous avons peut-être vu les mêmes trop souvent.

«Je crois qu'il faut trouver une manière de mieux partager les responsabilités et aller de l'avant de cette manière. La leçon, c'est que nous avons besoin d'une équipe complète pour accomplir le travail qu'il est nécessaire d'accomplir au cours d'une saison.»

Muté au poste d'entraîneur adjoint après le congédiement de Martin, Larry Carrière retrouvera ses fonctions d'adjoint au directeur général, ce qui permettra à Pierre Groulx d'assister aux matchs depuis le banc des joueurs. Jusqu'ici, l'entraîneur adjoint et entraîneur des gardiens du CH regardait les rencontres de la galerie de presse.

«C'est une belle opportunité pour Pierre de voir les choses de plus près, au niveau de la glace, a noté Cunneyworth. Il n'y aura personne pour regarder d'en haut, mais nous aurons l'occasion de bénéficier des conseils d'un homme qui a vu des matchs de ce point de vue-là et qui sera maintenant en mesure de donner son avis de manière instantanée.»