Vraiment, cette semaine, la notion « d'équipe avant tout » dans le sport a eu une présence plus grande que jamais sur la place publique. À Montréal, Nashville et Washington, pour des raisons fort différentes, le thème est revenu à répétition, apprêté de façon variée.

Faut-il s'en étonner? Pas du tout. Au hockey, particulièrement, les succès reposent beaucoup sur l'unité de corps et d'esprit entre les joueurs et plus globalement, sur l'ensemble du personnel. Cela se manifeste sur la patinoire, bien sûr, mais prend son origine à l'extérieur de celle-ci.

Lors de l'annonce de la nomination de Marc Bergevin par Geoff Molson et à de nombreuses reprises lors de l'allocution du nouveau directeur général, le mot « équipe » fut prononcé haut et fort. Et avec raison. De nos jours, la saine gestion d'une entreprise et plus encore celle d'une équipe de hockey ne peut reposer entièrement sur un seul homme et son petit calepin noir. Il faut être ouvert au partage des idées, à l'exposition franche et constructive des opinions, être réceptif aux initiatives et suggestions.

Certes, en bout de ligne, il faut qu'il y ait un chef, celui qui prend et assume les décisions. Mais à la base, chaque individu doit pouvoir trouver de façon claire et précise comment mettre son propre talent au profit de la cause commune. Marc Bergevin a promis de travailler de la sorte car c'est ce en quoi il croit le plus fermement. Et il y a tout lieu de croire que cette approche sera bénéfique, non seulement dans la gestion de l'équipe, mais aussi dans la façon dont elle communique avec ses partisans.

Bergevin a aussi dit qu'il allait choisir un entraîneur qui allait pouvoir s'insérer parfaitement dans cette philosophie. En clair, il devra accepter ce mode de gestion préconisé par ses patrons et il devra aussi savoir le transmettre dans le vestiaire et par extension, sur la patinoire. Là aussi, il y a tout lieu de croire que cette approche apportera un vent de fraîcheur qui était devenu hautement souhaitable chez le Canadien.

Décisions musclées et risquées

À Nashville et dans une moindre mesure à Washington, des décisions musclées et possiblement risquées ont aussi mises en relief le principe de tolérance zéro que les organisations prônent de plus en plus quant au respect des valeurs collectives.

Les suspensions d'Andreï Kostitsyn et d'Alexander Radulov lors du troisième match de la présente série vont directement en ce sens. Ils furent le fruit d'une réflexion commune faite à tous les niveaux pertinents : direction, entraîneurs, joueurs. Le maintien de ladite suspension pour le quatrième match se veut un renforcement de poids qui ne saurait laisser aucune équivoque dans la tête des joueurs des Prédateurs. Cela fait-il l'unanimité? Certainement pas.

Mario Tremblay, qui fut joueur et entraîneur et qui possède donc une expérience doublement importante, aurait ouvert la porte à l'un des deux pour le quatrième match. Mes collègues Marc Denis et Benoit Brunet, qui ont joué pendant plusieurs saisons, croient que le message a été suffisamment humiliant pour que Radulov et Kostitsyn réintègrent les rangs dès maintenant. Personnellement, je pense aussi aux amateurs qui paient leurs billets très cher pour voir à l'œuvre les meilleurs joueurs possibles. Mais chez les Prédateurs, on pense différemment et la victoire de mercredi dernier a probablement pesé lourd dans la balance.

À Washington, Dale Hunter a réduit dramatiquement le temps de jeu d'Alexander Ovechkin lors du deuxième match contre les Rangers de New York. Des employés de soutien comme Matt Hendricks, Brooks Laich et Jay Beagle ont joué deux, quatre et même six minutes de plus que la super vedette des Caps. Hunter a jugé que ces joueurs pouvaient mieux l'aider à atteindre le seul objectif valable pour l'équipe ce soir-là : niveler la série contre les Rangers. Là encore, la victoire lui a donné raison.

Il ne faudrait pas pour autant mettre à la poubelle l'importance du talent individuel au hockey ou dans d'autres sports collectifs. Des surdoués comme Sidney Crosby, Erik Karlsson, Henrik Lundqvist, des joueurs de cœur comme Claude Giroux, Dustin Brown et Ryan Callahan peuvent tous faire la différence à eux seuls dans plusieurs situations. Mais on réalise de plus en plus qu'à talent égal, c'est l'unité et le rendement collectif qui peuvent déplacer des montagnes!