Il arrive parfois que notre métier nous réserve des occasions vraiment spéciales qui contribuent à raviver encore plus notre faculté d'émerveillement, à aiguiser davantage notre curiosité naturelle, à réaffirmer au maximum notre sens du devoir et des responsabilités. Des missions qui vous envoient à la fois sur les chemins de la fierté et de l'humilité, de l'honneur et de la rectitude absolue…

La série « L'Ultime classement », présentée sur les ondes du Réseau des Sports à compter du 14 janvier, se classe certainement dans cette catégorie, non seulement sur mon parcours professionnel, mais sur celui de RDS, aussi. Après presque un quart de siècle d'existence, il est tout à fait légitime pour notre réseau de se tourner vers de telles séries documentaires, au-delà des propriétés sportives que nous diffusons sans cesse avec fierté depuis le 1er septembre 1989.

L'Ultime classement, autant dans sa conception que dans sa production, aura représenté un défi aussi gigantesque qu'exaltant. Pénétrer dans l'histoire plus que centenaire d'une des équipes sportives les plus glorieuses, tous sports confondus, constitue un exercice qui exige doigté et respect. Les exploits des premiers grands pionniers ont beau être documentés par écrit presque aussi bien que ceux des étoiles de l'ère moderne, encore faut-il leur accorder leur juste place lorsque vient le temps d'établir leur importance sous forme de classement. Du point de vue télévisuel, les efforts sont aussi considérables. Près d'un demi-siècle d'histoire du Canadien échappe en effet aux caméras de notre médium.

L'idée originale de rendre hommage aux plus grands, en dix nominations dans onze catégories différentes, s'est avérée un outil de forme extrêmement précieux. Chaque position sur la patinoire y figure, bien sûr, mais le fait de reconnaître également les plus grands capitaines, « policiers », entraîneurs, bâtisseurs, transactions mémorables et événements marquants permet d'ajouter non seulement beaucoup de saveur à la série, mais permet aussi la reconnaissance d'hommes valeureux qui ont contribué à leur façon et au delà des statistiques, à la construction de cette grande dynastie.

Exercice exigeant

Pour en arriver à bâtir le contenu de chaque épisode, les producteurs de la série ont dû d'abord choisir, en quantité et qualité, les experts qui allaient se prêter à l'exercice difficile de classer par ordre croissant les 10 personnes ou événements qui se démarquent, parmi une quantité impressionnante d'autres options hautement valable. En tout, une vingtaine d'observateurs chevronnés ont accepté, avec beaucoup de sérieux, de participer à cet exercice de recherche, difficile et exigeant.

Fait intéressant, on retrouve parmi le groupe, des représentants reconnus des six villes originales qui formaient la Ligue nationale jusqu'à 1966. Ainsi, Michael Farber (Montréal), Bob Verdi (Chicago), Stan Fischler (New York), Robert Duff (Détroit), Mark Mulvoy (Boston) et Bob McKenzie (Toronto) ont apporté une dimension « extérieure » fort intéressante au travail accompli par les experts d'ici. Cet éventail assure à la fois un niveau de connaissance approfondi de l'histoire du Tricolore ainsi qu'un recul très sain, apporté par ceux qui ont surtout évalué l'équipe historiquement comme un adversaire des formations qui évoluent dans leur marché respectif.

Comme vous le découvrirez d'ailleurs en regardant la série, le résultat final de chaque catégorie est très éloquent. Chaque époque y est représentée, comme il se doit. Des joueurs qui ont évolué dans l'ombre de certaines très grandes vedettes ont trouvé leur place parmi les dix premiers de leur groupe, vu l'impact de leur carrière sur les succès du club. L'apport des grands bâtisseurs a été passé au peigne fin. Et les moments marquants ont répertorié dans toutes les sphères possibles.

Évidemment, le processus de sélection s'accompagne d'une certaine frustration. La ligne de démarcation est souvent extrêmement fine entre les 10 premiers choix, comme est l'est pour plusieurs exclusions du « Top 10 ». Vous serez peut-être vous-mêmes très étonnés de la place de l'un ou de l'absence de l'autre. Il s'agit d'une démarche forcément teintée de subjectivité, mais qui fut exécuté avec l'esprit le plus ouvert possible.

Au-delà du classement proprement dit, vous serez conquis, j'en suis sûr, par le très haut niveau de raffinement de chaque épisode. Malgré les nombreuses contraintes liées aux époques plus lointaines, le producteur extérieur Thomas Aziz a brillamment réussi à puiser des images extraordinaires, à partir de plusieurs sources. Nos propres archives, qui comptent maintenant près de 25 ans ont aussi été mises à grande contribution. Bref, L'Ultime classement sera aussi une production très rigoureuse sur le plan esthétique.

J'espère de tout cœur que vous aurez autant de plaisir à suivre ces onze épisodes que nous avons eu à participer à leur production.