J'ai rencontré le ministre responsable de la Faune, à son bureau de Montréal, en quelques occasions ces jours derniers, lui mentionnant en premier lieu toute ma sympathie relativement au drame dont avait été victime son attachée politique à Rivière-Ouelle.

Je me rendais aux bureaux de Claude Béchard, afin d'en apprendre un peu plus sur ses objectifs, mais aussi ses intentions concernant les pêcheurs et les chasseurs, en rapport avec l'utilisation de la forêt.

Comme je déplorais qu'au cours des ans, les exploiteurs de la forêt, c'est-à-dire les compagnies forestières, l'industrie du papier, les transporteurs, leurs sous-traitants, que nous disons « jobbers », se moquaient éperdument des chasseurs, pêcheurs, campeurs et autres, qui utilisent les mêmes territoires à des fins récréatives - le propos du ministre devait m'apporter de l'assurance.

Je lui mentionnais me souvenir de la puissance de l'industrie forestière qui dirigeait complètement la Fédération Québecoise de la Faune, je mentionnerai les Ted Glendening, Leclair et combien d'autres, qui contrôlaient les bureaux de direction, grâce à leur éventail de directeurs, où nous retrouvions des représentants de la plupart des entreprises forestières. Ces dirigeants avaient suffisamment de puissance pour contrôler chasseurs et pêcheurs, tout aussi bien que les représentants du gouvernement.

J'ai pu voir en de nombreuses occasions de quelle façon l'industrie forestière détruisait nos forêts, l'habitat de la faune, sans oublier nos cours d'eau, sans se faire le moindre souci. Je n'effectuerai point un recul jusqu'aux périodes de la drave, par laquelle les lits de nos rivières furent recouverts d'écorces polluantes. Je suis revenu à la charge en d'innombrables occasions, pour souligner la mollesse des règles du gouvernement relativement à cette industrie.

Entre autres, je me souviens très bien, avoir dénoncé, la présence de machinerie lourde, en plein centre de la rivière du Milieu à Saint-Michel-des-Saints, les énormes engins, dont je possède encore les photographies, étaient en plein centre d'une frayère de ouananiches - des saumons ensemencés à ses frais, que le pourvoyeur Julien Picard avait fait venir de la rivière Madeleine. Sans aucun souci, les employés de l'entreprise forestière effectuaient leurs travaux, détruisant ce site de reproduction des couteux salmonidés. J'ai parcouru la province durant plusieurs décennies, quelques journées par semaine en compagnie de mon ami et pilote Paul Richard, les coupes aux abords des lacs et rivières, le non respect de la limite de trois chaînes se pratiquait partout même au sein de nos parcs et réserves. Que de gaspillages éhontés, tout au long des routes. Nous pouvons encore voir d'immenses cordes de bois pourrir, alors que de pauvres gens auraient pu l'utiliser pour amoindrir les froids de l'hiver. Et que dire des lourds camions circulant à des vitesses vertigineuses, qui très souvent semblent vouloir nous faire emprunter la direction du fossé.

Après un long entretien, ou je lui faisais connaître certaines de mes opinions, le ministre Claude Béchard me disait :

« Je vais redonner la forêt à ses utilisateurs. L'industrie forestière y sera présente, mais aussi les pourvoyeurs, les membres de ZEC, les trappeurs, campeurs, les visiteurs des réserves, tous y recevront leur part d'attention. J'ajoute que les routes forestières profiteront à tous les Québecois et seront bien entretenues. »

C'était avec satisfaction que je quittais son bureau du boulevard René-Lévesque, lui demandant de le rencontrer à nouveau la semaine prochaine.

Chers amis pêcheurs, chasseurs et amants de la nature, si vous avez des questions que vous aimeriez que je pose au ministre Béchard, n'hésitez pas à me les laisser ci-dessous. Cela me fera plaisir de lui poser les plus pertinentes durant un prochain entretien en sa compagnie. Et je peux vous garantir le ministère lit ces chroniques.
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