Québec - Récemment désigné comme espèce vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées du Québec, l'éperlan arc-en-ciel du sud de l'estuaire du Saint-Laurent fait l'objet d'un suivi de sa reproduction sur les frayères de la rivière Fouquette et d'une production artificielle à la station d'incubation au ruisseau de l'Église, à Beaumont.

Ces travaux, réalisés respectivement dans la MRC de Kamouraska et la MRC de Bellechasse, sont inscrits dans le plan de rétablissement mis en œuvre par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune en vue de contrer le déclin de l'espèce.

Un coup de pouce à la nature

La méthode de production artificielle, qui a été adaptée par les biologistes et les techniciens du Ministère, permet de produire plusieurs dizaines de millions de jeunes éperlans qui sont ensuite ensemencés dans le Saint-Laurent. Cette expertise québécoise est maintenant reconnue et importée par nos voisins du Sud aux prises avec les mêmes problèmes.

La méthodologie consiste, avec l'aide de bénévoles et à la tombée du jour, à capturer un certain nombre de reproducteurs à l'embouchure du ruisseau de l'Église. Les femelles et les mâles éperlans sont séparés puis disposés dans des bassins distincts avant d'être transportés jusqu'au bâtiment d'incubation. Au bâtiment d'incubation, les mâles et les femelles sont dénombrés et placés dans un des quatre modules de fraye. Une fois les oeufs récoltés, les éperlans adultes sont retournés au fleuve et les œufs sont placés en jarres pour toute la durée de l'incubation qui s'échelonne sur une période de 12 à 20 jours.

Les données comparatives découlant des travaux de reproduction en milieu naturel et de production artificielle démontrent que le taux de survie des œufs fécondés est beaucoup plus important en incubateur. En milieu naturel, moins de 10 % des œufs survivent jusqu'à l'éclosion des larves. En incubateur, le taux de survie s'élève à 90 %.

Un petit poisson vulnérable

Plusieurs hypothèses ont été examinées afin d'expliquer le déclin de l'éperlan arc-en-ciel du sud de l'estuaire. La détérioration d'habitats de reproduction de qualité s'est avérée la cause première. Les éperlans évitent de fréquenter certaines rivières dont les eaux sont aujourd'hui polluées. Dans les années 90, les spécialistes ont observé que les rivières Boyer, Kamouraska et Trois Pistoles ont été désertées comme sites de fraye. Il ne subsiste maintenant que les frayères du ruisseau de l'Église, des rivières Ouelle, Fouquette et du Loup. La disparition de l'une d'elles représenterait une perte significative difficilement compensable.

L'éperlan arc-en-ciel du sud de l'estuaire est un poisson qui passe majoritairement sa vie en eau salée et vient frayer en eau douce. Pour cette raison, on le dit « anadrome » comme le saumon. Sa taille moyenne ne dépasse pas les quinze centimètres et sa durée de vie en nature n'excède rarement que quatre ans. Dans l'écosystème de l'estuaire, l'éperlan arc-en-ciel est un maillon important de la chaîne alimentaire : il fait les délices de plusieurs espèces de poissons, d'oiseaux et de mammifères marins. Avant que ne disparaisse le bar rayé du fleuve Saint-Laurent, il était pour lui une proie de choix. Bien connu des pêcheurs sportifs de la région de Québec qui le récoltaient jadis en grand nombre pour sa chair succulente, sa capture est maintenant confinée à la région du Bas-Saint-Laurent, l'été sur les quais et l'hiver sur la glace, mais en nombre plus limité.

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