À tous les printemps, un animal fait la manchette. Vous avez deviné sans aucun doute qu'il s'agit de l'ours noir.

Pour une autre fois, je sursautais lorsque j'entendais les propos d'un pseudo connaisseur des mœurs de l'animal disant que l'ours noir était inoffensif. On m'enseignait même, lorsque j'étais sur les bancs d'école, que l'animal était plus farceur que dangereux. Après tellement d'années, certains individus n'y connaissant absolument rien tiennent encore le même langage.

Je prétends, avec preuves à l'appui, que l'ours noir est un pillard et un tueur des plus dangereux. Au cours de ma carrière, j'ai vécu des expériences qui me firent penser différemment des personnes qui disent de cet ursidé : « Il est un gros bouffon de la forêt, semblant avoir endossé un survêtement beaucoup trop grand pour lui. »

Il y eut des printemps où les ours n'étaient pas en pyjama lorsqu'ils sortaient de la forêt, à cause de rareté de nourriture. Mont-Laurier, Saint-Zénon, Saint-Michel-des-Saints et Ste-Émélie-de-l'Energie furent des endroits que j'ai visités en de telles circonstances. Les ours déambulaient un peu partout, cherchant à trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Un hiver tardif et un printemps retardataire provoquaient cette situation. Fort heureusement, il y eut certaines confrontations, mais non d'incidents fâcheux - ce qui aurait pu se produire.

DES ATTAQUES MORTELLES ET AUTRES

Les gens du Nord ont toujours pensé différemment, puisque pour une autre fois, une des leurs se faisait tuer par un ours, alors qu'elle pêchait paisiblement sur le quai de son chalet.

La bonne septuagénaire fut tuée par un ours, animal dont on était encore à la recherche pour l'abattre au moment de rédiger ces lignes. Que dire de ces jeunes de la région d'Ottawa, qui campaient dans la réserve de la Vérendrye? Ils en rapportèrent un bien triste souvenir… un des leurs devait y laisser la vie à la suite d'une attaque imprévisible d'ours. Le jeune homme se fit déchiqueter par les puissantes mâchoires de l'animal. Les jeunes étaient probablement responsables, à ce qu'on disait, ce qui était complètement faux selon les informations que j'obtenais.

Cette attaque vicieuse me porta à réfléchir encore plus, lorsqu'une jeune dame se fit attaquer et tuer par un ours noir à Valcartier. Lorsqu'un tel évènement se produit, certains s'accaparent d'un droit de parole, ils se lèvent pour justifier semble-t-il ces attaques d'ours à l'endroit d'humains. « Ça n'arrive pas souvent ! » disent-ils! En voilà une raison.

Dans un de mes articles rédigé pour la Fédération des Pourvoyeurs, reprenant les paroles de John O. Cartier : « L'ours noir serait un tueur pour qui les êtres humains seraient des proies sans défense, plus faciles à atteindre et à tuer qu'un lièvre. »

Du même texte, avec preuves à l'appui, il m'était permis d'écrire : « Lorsque l'ours noir a perdu sa crainte innée de l'homme, il se comporte de façon imprévisible. »

Une fillette qui se trouvait sur la galerie d'un chalet, dans un parc de l'Ouest canadien, fut attaquée et tuée par un ours - elle avait 12 ans. Une autre de ces bêtes tua une fillette de 3 ans à Sault-Sainte-Marie. Il y eut aussi Lee Randall Morris, âgé de 44 ans, qui fut tué par un ours noir d'Alberta. Il eut la tête broyée entre les puissantes mâchoires de la bête, son corps fut partiellement dévoré, c'était le carnage d'un ours noir.

Non satisfait, il se tourna vers Marty Ellis, âgé de 24 ans, et Carol Ann Marshall. Le couple avait emprunté la même route que Lee Randall. Ils étaient à environ 300 pieds du cadavre déchiqueté. Effrayé par l'ours qui se dirigeait maintenant vers eux, le couple décida de grimper à un arbre. L'ours n'était pas loin derrière, il saisit la jeune fille par le cou, la secoua violemment, la tuant sur-le-champ. Son compagnon pouvait s'en tirer par chance, il était grimpé au sommet d'une épinette, à une vingtaine de pieds du sol. Pourtant après cette double tuerie, l'ours n'était pas encore satisfait, il désirait tuer - faire une troisième victime. Marty s'en tira par chance en s'agrippant à la tête du conifère. L'ours noir fut finalement abattu. Il pesait 310 livres et l'analyse stomacale confirma la présence de chair humaine et de pièces de vêtements appartenant à ses victimes. Les rapports de cette tuerie sont dans les filières de la Gendarmerie Royale, d'où j'avais obtenu l'information.

La journaliste Patricia Gauvreau, archiviste au Edmonton Journal, affirma qu'en deux ans, il y avait eu 14 attaques d'ours noirs à l'endroit d'humains publiées dans son journal.

PAS DE PANIQUE… NOUS VOUS INCITONS À LA PRUDENCE

Le ministère des Richesses Naturelles et de la Faune nous faisait récemment parvenir un communiqué mentionnant les principales règles à suivre, pour éviter les problèmes avec les ours noirs. Nous vous recommandons donc d'en tenir compte et de les observer.

Par contre, je tiens à vous mentionner de nouveau que les ours noirs sont dangereux. N'attendez pas de subir le même sort que la septuagénaire qui, au nord de Val-Paradis, sur son quai de la rivière Théo, se fit tuer récemment par un ours noir.

Un dernier petit conseil, vous en avez le droit : procurez-vous donc une bonbonne de poivre de cayenne si vous campez ou vous déplacez où il y a des ours.

Les attaques mortelles se produisent rarement…mais elles se produisent!