MONTRÉAL – Un an après avoir exposé ses démons dans le cadre de la journée « Bell cause pour la cause », Jonathan Goulet se prépare à leur faire voir du pays.

 

Le 29 février, l’ancien combattant de l’UFC entamera une randonnée de quelque 4000 kilomètres qui l’amènera jusqu’à St. John’s, Terre-Neuve, en suivant le sentier Transcanadien. Dans les neuf mois que dureront son expédition, il s’arrêtera dans les écoles et les gymnases qui lui ouvriront leurs portes afin de sensibiliser les gens aux vertus de l’activité physique dans la prévention de la dépression.

 

« Je prends un sentier parce que je trouve que le parallèle avec la vie est parfait, explique le bourlingueur de 40 ans à quelques semaines du grand départ. C’est une belle métaphore, on pourrait dire. Des fois il y a des hauts, des fois il y a des bas. Des fois il fait beau, des fois c’est plus gris. Il fait chaud, il fait froid. Tu veux souvent être seul, mais tu veux aussi être accompagné. Le parallèle est tellement beau que je ne pouvais l’ignorer. »

 

Goulet a baptisé son projet « Là où la tête va, le corps suit », une devise tirée d’un enseignement jadis prodigué par un entraîneur de lutte et qu’il utilise aujourd’hui comme une boussole.

 

« Avec toutes mes recherches pour savoir où je m’en allais dans la vie, je me suis rendu compte que je le disais tout le temps. Je trouvais ça beau et je me suis dit que j’allais le mettre dans mon projet. »

 

Jonathan Goulet n’a pas toujours eu une vision aussi claire de son itinéraire. En 2013, tourmenté par la fin d’une carrière qu’il considérait comme un échec et angoissé par une suite incertaine, il a plongé dans un état de détresse qui l’a mené au bord du suicide. C’est un retour à la pratique du jiu jitsu brésilien qui, petit à petit, l’a aidé à sortir de la noirceur.

 

De cette renaissance ont germé de beaux et grands projets. Goulet a fondé La Route des Guerriers, une plateforme par laquelle il voulait d’abord recueillir et propager des témoignages favorisant la sensibilisation à une réalité qui touchait en 2012 un Canadien sur huit. Cette initiative –inachevée, mais toujours bien vivante – a fait place à cette idée un peu folle de tracer concrètement cette route et de la fouler, un pas à la fois, dans l’espoir de provoquer les rencontres et les conversations.

 

Goulet n’est pourtant pas un randonneur dans l’âme. Son amour du plein air ne s’est développé que l’été dernier pendant une virée impromptue avec sa fille Meleena. Le goût de la marche s’est ensuite amplifié avec son implication dans le programme « Fitness au boutte » et la validation dont il avait besoin pour se lancer dans l’aventure est venue de Mathieu Hébert, le cofondateur de l’école de survie en forêt Les Primitifs. C’est ce dernier qui a baptisé le tracé qui constituera la ligne de vie de Goulet en 2020 la « BJJ Trail ».

 

Ce chemin mènera notre pèlerin tantôt sur les pavés, tantôt en pleine nature. À sa sortie de Montréal, Goulet fera un crochet vers l’Estrie avant de remonter vers sa ville natale de Victoriaville, où il est déjà attendu par le maire. À Québec, il traversera de nouveau le fleuve Saint-Laurent pour s’aventurer dans Charlevoix.

 

« Ça va être le bout le plus difficile. C’est à peu près 100 km où c’est juste de la montagne et  de la forêt. L’un des sommets que je devrai gravir est à 3000 pieds d’altitude. Ça va me prendre un GPS et un moyen de dire à mon monde que je suis ok. »

 

Selon ses approximations, Goulet devrait quitter le Québec pour traverser au Nouveau-Brunswick aux alentours du mois de mai. Il descendra jusqu’à la baie de Fundy, longera le plan d’eau vers l’est et se laissera peut-être tenter par l’Île-du-Prince-Édouard avant d’entrer en Nouvelle-Écosse. En septembre, un traversier l’amènera sur la province la plus à l’est du Canada. Il se donne deux mois pour traverser les 872 kilomètres qui le sépareront alors de sa destination.

 

Il aimerait effectuer sa dernière foulée le 13 novembre, date du dixième anniversaire du dernier combat de sa carrière en arts martiaux mixtes.

 

À un mois du grand départ, celui qui se battait autrefois sous le sobriquet du « Road Warrior » demeure ouvert à toute proposition d’escale. Les gyms qui veulent l’accueillir pour un séminaire ou les écoles qui souhaitent faire entendre son message seront de précieux partenaires dans son aventure.  

 

« C’est comme un petit projet qui est devenu plus gros que je ne l’aurais jamais pensé. J’en parle, le mot se passe, les gens partagent... et ce n’est même pas commencé! J’ai de la misère à mettre un mot sur mes émotions. Je ne sais pas si c’est ‘angoisse’, ‘fébrilité’ ou juste les deux en même temps. »

 

« Mais je vais réussir, promet-il. Je vais tout faire pour aller jusque au  bout. C’est huit mois et 13 jours de marche. C’est vraiment difficile. Je vais brailler c’est sûr, plusieurs fois. Mais j’ai hâte. J’ai vraiment hâte de partir. »

 

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