MONTRÉAL – Tout au long de son parcours athlétique, Patrick Côté assure n’avoir jamais caché la vérité sur sa consommation de substances illégales. « À toutes les fois qu’on m’a posé la question, je ne l’ai jamais nié. C’est juste qu’on ne m’a pas posé la question souvent », nuance-t-il en riant. 

Côté passe officiellement aux aveux dans un ouvrage intitulé « Dans l’octogone : les dessous des arts martiaux mixtes », qu’il cosigne avec l’autrice Joanie Godin et qui est arrivé sur les tablettes des librairies mercredi.

« Quand on me demande si j’ai toujours été clean, la réponse est non », révèle l’ancien combattant de l’UFC dans les pages de ce nouvel opus. Côté explique ensuite s’être injecté des hormones de croissance « vers 2007-2008 » afin d’accélérer la guérison d’une importante blessure subie en combat de championnat contre le Brésilien Anderson Silva. « Moi, j’ai pris ça pour mon genou, mais c’est la dernière fois que j’en ai utilisé », confesse-t-il. 

« Si je veux que le monde embarque dans le train des arts martiaux mixtes et qu’ils comprennent cet univers, qu’ils croient ce que je dis, je pense qu’il fallait que je sois honnête avec tout le monde dans ce livre-là et c’est ce que j’ai fait », justifie en entrevue celui qui a livré 34 combats professionnels au cours d’une carrière de quinze ans. 

« Ça n’enlève rien à ce que j’ai accompli, je ne pense pas que ça met une tache à mon dossier. D’ailleurs, je n’ai jamais testé positif par la suite. Je n’ai jamais raconté de menterie à personne, je ne me suis jamais mis la tête dans le sable. C’est important de dire la vérité et si tu me poses la question, la vérité, c’est ça. Maintenant, c’est écrit. »

La réalité du dopage dans un monde qu’il a fréquenté pendant quinze ans n’est qu’un des nombreux sujets qu’aborde le jeune retraité dans ce livre de 256 pages publié aux Éditions de l’Homme. Si certains poussent à la réflexion par leur gravité, d’autres viennent déposer une couche de légèreté sur un sport qui propose une violence assumée, mais qui demeure enrobé de préconceptions que Côté s’est donné comme mission de démystifier. 

C’est ainsi qu’à travers des chapitres plus sérieux sur les coupes de poids, l’argent et les relations parfois difficiles avec les partisans, Côté détend l’atmosphère en commentant sur les surnoms des combattants, les chansons d’entrée vers l’octogone et même les oreilles en chou-fleur! 

« Je voulais me donner carte blanche, je voulais que ça soit un livre wide open sur le sport des arts martiaux mixtes. C’est super important que le monde ne pense pas que c’est un livre qui parle de l’UFC. C’est un livre qui parle du sport des arts martiaux mixtes. D’un bout à l’autre je parle de tout ce qui existe dans ce sport-là », explique celui qui se faisait surnommer le « Prédateur ». 

Dans la conversation à laquelle il convie le lecteur, Côté accomplit à la perfection la double mission qu’il s’était donnée d’éclairer le néophyte sans jamais ennuyer le lecteur plus éduqué. « Dans l’octogone » offre au curieux qui n’a jamais vu une clé de bras toutes les informations nécessaires pour bien saisir l’essence des arts martiaux mixtes. Mais l’amateur de la première heure se sentira tout aussi concerné par les détails et les anecdotes qui viennent rehausser la conversation. Même les histoires entendues des dizaines de fois – on pense notamment à celle des débuts de Côté à l’UFC contre Tito Ortiz – contiennent des petites pépites jamais encore déterrées. 

« Je pense qu’avec les années, j’ai trouvé ma façon de vulgariser ce sport-là pour que les fans finis soient intéressés par ce que je dis et en apprennent encore et que ceux qui commencent, je ne les perde pas dans un langage trop technique », estime l’analyste des combats de l’UFC à RDS. 

Des collaborateurs en or 

Aussi crédible puisse être la voix de Patrick Côté dans l’univers québécois des arts martiaux mixtes, elle n’est pas la seule sur laquelle s’appuie le succès de son nouveau livre. Dans ce qui s’avère être l’un des points forts de l’ouvrage, Côté prête sa tribune à quatre amis, quatre combattants aux parcours complètement différents qui ont accepté de mettre leurs tripes sur la table et de partager leur vision d’un sport qui peut être d’une cruelle beauté. 

« C’est moi qui suis sur la couverture, mais ce n’est pas un livre à propos de moi, précise l’ancien cogneur. Au départ, on voulait que je parle de ce que j’ai fait et j’ai coupé ça net. Moi, ça fait des années que j’essaie de donner une belle image à ce sport-là. Le but du livre n’est pas de faire aimer le sport. Je n’essaie pas de convaincre personne. Mais j’aimerais qu’il soit mieux compris et qu’on ait du respect envers les athlètes qui le pratiquent. »

L’invité le plus prestigieux de Côté est David Loiseau, un grand bâtisseur des arts martiaux mixtes québécois qui a sombré dans la dépression après sa défaite en combat de championnat contre Rich Franklin en 2006.

« David est un gars que je respecte énormément. Sérieux, si j’avais pu l’écrire, j’aurais sacré dans ce livre-là parce que son histoire me met hors de moi. Il est le premier combattant québécois à l’UFC, mais personne ne sait c’est qui. Il est tombé dans l’oubli et la manière dont ça s’est fini avec son équipe, j’ai trouvé ça hypocrite. Je voulais mettre la lumière sur lui pour que le monde se souvienne d’où les MMA québécois sont partis. »

Valérie Létourneau, une pionnière des arts martiaux mixtes féminins forcée à la retraite par les blessures, Corinne Laframboise, une jeune de la relève prête à tous les sacrifices pour atteindre l’UFC, et Jonathan Vallée, un athlète qui doit se rendre à l’évidence qu’il est passé à côté de son rêve, sont les autres voix mises de l’avant au gré des conversations.  

« Je voulais faire la relation entre celui qui a réussi et celui pour qui ça n’a pas fonctionné. C’est quoi la différence entre les deux? Des fois, ce n’est pas une question de talent. Il s’agit juste d’offrir la bonne performance où d’être au bon endroit au bon moment. Je trouve ça vraiment cool les témoignages qu’ils ont faits. Qu’on parle de défaites ou de grands moments de réjouissances, il y a des choses vraiment touchantes là-dedans. »