MONTRÉAL – La popularité des arts martiaux mixtes au Québec n’était-elle qu’une mode passagère? L’âge d’or de ce sport qu’on disait il n’y a pas si longtemps en pleine croissance est-il déjà chose du passé sur les terres laissées vacantes par Georges St-Pierre?

« Je ne pense pas », répond d’abord le promoteur Stéphane Patry avant de nuancer son opinion.

« L’UFC peut revenir et faire quelque chose de potable. Si Olivier Aubin-Mercier devient la vedette qu’il a le potentiel de devenir, s’il devient champion du monde et qu’on le met en finale d’un gala à Montréal, il va y avoir 20 000 personnes. [...] Mais est-ce que l’époque où on pouvait mettre 9000 personnes dans le Centre Bell pour voir des combattants locaux est révolue? Ça c’est oui, à 100%. »

Patry a été aux premières loges pour assister aux fluctuations d’un sport qu’il a aidé à mettre sur la mappe au Québec. Les souvenirs de l’organisation TKO, qu’il a mise au monde au début des années 2000, émeuvent encore les nostalgiques. Mais son autre « bébé », Instinct MMA, avec lequel il espérait reproduire le même succès, n’a jamais appris à marcher.

« Dans le temps de TKO, il n’y avait pas d’UFC à la télé trois fois par semaine, il n’y avait pas de Bellator à chaque vendredi. Aller voir TKO, c’était un happening. Aujourd’hui, il y en a trop, du MMA. Pas dans le sens où ça va nuire au sport. Mais ça a assurément un impact sur le nombre d’amateurs qui se déplacent pour assister aux événements. »

Entre ses deux projets, l’homme d’affaires a commencé une réflexion sur l’avenir de son sport. Il est arrivé la conclusion que la vieille recette était dépassée.

« Pour sortir les gens de leur salon et les amener dans un amphithéâtre, tu dois leur offrir quelque chose d’unique, croit avoir compris Patry. C’est ce qu’on va essayer de faire avec le Thaiboxing. »

La semaine dernière, Patry a annoncé la naissance de S-1 Fighting, une nouvelle organisation qui se spécialisera dans le combat debout. « Comme à la boxe, mais qui inclut aussi tous les coups déjà permis en arts martiaux mixtes (coups de pied, coups de coude, coups de genou, techniques de pivot, etc.) », peut-on lire dans le communiqué annonçant les détails de l’initiative.

S-1 Fighting propose des combats d’une durée de quatre rounds de trois minutes, avec un cinquième round décisif en réserve pour éviter un résultat nul. Les combattants porteront des gants de six à dix onces et l’action se déroulera dans un ring à six côtés.

Patry se dit convaincu que son produit saura piquer la curiosité des amateurs qu’il n’était plus capable de rejoindre avec une offre plus traditionnelle.

« Ce sport vient d’une demande populaire. Pourquoi tu penses que les combattants les plus populaires au Québec sont ceux qui restent debout et frappent? C’est ce que le monde veut voir. Quand les gens vont voir l’UFC, ils veulent voir des échanges spectaculaires et des knockouts. C’est ce qu’on va leur donner du début à la fin de nos cartes », promet-il.

Le premier événement de S-1 Fighting est prévu pour le 27 novembre à la Tohu, un édifice à vocation principalement culturelle située dans le quartier Villeray, à Montréal. On annonce pour l’instant une carte de 14 combats dominée par un duel entre le Français Raphaël Llodra et l’Ontarien Mark Holst. Le menu complet de la soirée devrait être dévoilé en conférence de presse au cours des prochaines semaines.

Patry a recruté quelques-uns des athlètes qu’il avait tenté de développer avec Instinct MMA. Sur le site internet de S-1 Fighting, on retrouve notamment les visages de Rémy Bussières et Strahinja Gavrilovic aux côtés de ceux des Francis Charbonneau et Yannick Galipeau. Le promoteur promet également la participation de spécialistes internationaux.

Dans un cas comme dans l’autre, aucune vedette établie, ni de nom accrocheur pour attirer l’attention du grand public.

« La stratégie est un peu la même que lorsque j’ai lancé TKO. Steve Vigneault, David Loiseau, Georges St-Pierre… personne ne connaissait ces noms-là quand j’ai commencé », note Patry.