InterBox se laisse séduire par les MMA
AMM jeudi, 18 oct. 2012. 18:54 vendredi, 13 déc. 2024. 03:45
MONTRÉAL - Olivier Aubin-Mercier continuait de s'entraîner, mais c'était beaucoup plus par habitude que par nécessité. On avait beau parler de lui comme l'un des plus beaux espoirs de son sport au Québec, le souvenir de sa plus récente victoire s'effaçait à mesure que l'été progressait. Et le téléphone ne sonnait pas.
Sa situation n'avait rien d'exceptionnelle. Pour les combattants d'arts martiaux mixtes qui tentaient de se faire un nom sur la scène locale, la dernière année n'a pas été le terrain fertile auquel on les avait fait rêver.
Sur papier, l'arrivée d'une deuxième organisation dans le paysage à l'été 2011 laissait entrevoir une multiplication des possibilités. Les plus optimistes laissaient même entendre que la saine compétition qui s'installerait entre les promotions rivales créerait une surenchère qui ne pourrait que profiter aux athlètes.
La réalité fut tout autre. Instinct MMA et Ringside MMA ont organisé un maigre total de six événements au cours de leur brève et orageuse période de cohabitation. Les deux compagnies, pour des raisons qui leur sont propres, sont aujourd'hui pratiquement disparues de la scène sportive provinciale.
Confiant de réussir où d'autres ont trébuché, le groupe InterBox a décidé de saisir l'opportunité de s'emparer d'un marché négligé et qu'il juge prometteur. Séduite par la vision d'un groupe d'hommes d'affaires mené par Rodolphe Beaulieu, le gérant de Georges St-Pierre, l'organisation a annoncé jeudi le début de son implication dans une autre branche des sports de combat. Lancé en collaboration étroite avec le Tristar Gym, SLAMM est né de la volonté d'offrir une plate-forme aux combattants locaux pour qui les occasions de pratiquer leur art se font trop rares.
Le premier événement est prévu pour le 30 novembre au Centre d'Excellence Sports Rousseau de Boisbriand. Le programme de la soirée, qui devrait comprendre une dizaine de combats, n'est qu'au stade embryonnaire, mais on sait déjà qu'Aubin-Mercier sera l'une des têtes d'affiche du programme avec l'ancien joyau de Ringside Alex Garcia.
«Je suis pas mal content qu'InterBox s'implique là-dedans, se réjouit le jeune homme de 23 ans. Pour moi, c'est un peu comme l'arrivée du messie.»
Une expérience, un nouveau modèle
Autant pour Beaulieu, son collègue Philippe Lepage ou encore Firas Zahabi, le réputé entraîneur du Tristar qui pourra désormais faire l'éducation de ses élèves en sachant qu'ils auront un endroit pour mettre ses conseils en pratique, les avantages d'une collaboration avec une institution solidement établie sont aussi nombreux qu'évidents.
Mais pour InterBox, une entreprise prospère investie dans un milieu traditionnellement conservateur, les bénéfices d'une telle aventure sont plus difficiles à cerner. Après un moment d'hésitation, Beaulieu admet qu'il a dû user d'un pouvoir de persuasion aiguisé pour vendre son idée.
«Est-ce que c'était facile de faire la promotion de la boxe il y a dix ans? Non, rappelle l'un des initiateurs du projet SLAMM. InterBox a commencé tout doucement et a réussi à créer une effervescence autour du sport. Aujourd'hui, on parle de la boxe comme d'un sport en déclin et des combats ultimes comme d'un sport en croissance.»
«On a la structure, le modèle et une histoire à succès avec Lucian Bute, commence à expliquer David Messier, le directeur des communications et des relations publiques de l'entreprise. Quand Jean Bédard s'est lancé dans la boxe en 2004, il l'a fait avec Éric Lucas et Stéphan Larouche. Il était très bien entouré. Pour notre percée dans les arts martiaux mixtes, on fait équipe avec un gymnase qui est bien coté à l'échelle mondiale et des hommes d'affaires suivis d'une très bonne réputation. Alors pourquoi pas? Les conditions gagnantes sont là.»
Les conditions gagnantes, oui, mais InterBox, malgré toute son expérience dans l'organisation d'événements et l'expertise qui l'entoure dans le projet qu'elle a décidé d'épauler, se lance dans l'inconnu.
«Le sport des arts martiaux mixtes est bâti sur un modèle complètement différent de celui de la boxe, soulève Messier. C'est pourquoi l'événement du 30 novembre sera important pour nous. On va pouvoir se faire une bonne idée du marché. On saura à quoi s'attendre au niveau de la vente de billets, de commanditaires et de l'intérêt journalistique, par exemple. C'est une soirée qui va nous servir de barème pour orienter notre modèle.»
SLAMM 1, le ballon-sonde de l'organisation, sera diffusé en circuit fermé dans tous les restaurants «La Cage aux Sports» du Québec. Sur le plancher, on espère attirer 3500 spectateurs. «On va en vivre un et après on se va se rassoir et décider comment on oriente tout ça», précise Messier.
Pas d'idées de grandeur
Rodolphe Beaulieu trempe dans le milieu des arts martiaux mixtes depuis assez longtemps pour s'être forgé sa propre idée sur ce qui peut faire flotter ou couler un projet. Il a aussi pris des notes et évalué le résultat des décisions prises par ses prédécesseurs.
Il a donc établi les bases de SLAMM avec des lignes directrices bien précises. L'une d'elles est de ne pas succomber aux ambitions démesurées qui ont incité d'autres avant lui à sortir les billets verts pour attirer des gros noms qui n'ont pas nécessairement assuré un bon retour sur l'investissement.
«On commence avec la relève et on va terminer avec la relève, assure-t-il. Je me souviens des bonnes années des combats ultimes au Québec. On remplissait l'auditorium de Verdun avec les Vigneau et Joël Leblanc. Le Québec aime le talent local, aime s'approprier ses vedettes et les voir monter.»
Oubliez donc les vétérans usés à la corde qui trouvent encore du boulot grâce à la seule mention qu'ils ont autrefois été à l'emploi du UFC. Cette tactique de promotion ne sera pas utilisée par SLAMM, qui veut plutôt miser sur les jeunes d'ici qui se sont fait les dents dans les rangs amateurs. Aeimann Zahabi, Dominic Trépanier et Ryan Hall sont au nombre de ceux qui feront leurs débuts professionnels le 30 novembre.
«Je pense qu'ici, la culture du MMA n'est pas assez développée pour que ce soit payant de faire venir un gros nom de l'étranger que les gens ici ne connaissent même pas, insiste Beaulieu. De plus, la vedette locale nous permet de garder un show abordable et un lien de proximité avec les amateurs.»
En bon vendeur, Beaulieu invite les amateurs de sports de combat à venir voir à l'œuvre, à prix modique, les grandes vedettes de demain. Aubin-Mercier est celui en qui il fonde les plus grands espoirs. «Un futur champion, sans l'ombre d'un doute», lancera-t-il dans un élan d'enthousiasme qui vient habituellement avec le costume de promoteur.
Mais pour l'instant, le principal intéressé ne s'en fait pas trop avec les compliments et les promesses d'un brillant avenir. Le simple fait de savoir qu'il ne s'entraîne plus pour rien lui suffit.
«Je suis peut-être un peu lunatique, mais je n'ai jamais pensé arrêter. Je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques personnes dans mon entourage qui n'ont pas essayé de me convaincre de faire autre chose de ma vie, mais moi ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Je m'entraîne à chaque jour depuis l'âge de 13 ans. Ça n'aurait pas été normal pour moi d'arrêter tout ça. Je regarde une organisation comme InterBox arriver et ça me confirme que j'ai pris la bonne décision.»
Sa situation n'avait rien d'exceptionnelle. Pour les combattants d'arts martiaux mixtes qui tentaient de se faire un nom sur la scène locale, la dernière année n'a pas été le terrain fertile auquel on les avait fait rêver.
Sur papier, l'arrivée d'une deuxième organisation dans le paysage à l'été 2011 laissait entrevoir une multiplication des possibilités. Les plus optimistes laissaient même entendre que la saine compétition qui s'installerait entre les promotions rivales créerait une surenchère qui ne pourrait que profiter aux athlètes.
La réalité fut tout autre. Instinct MMA et Ringside MMA ont organisé un maigre total de six événements au cours de leur brève et orageuse période de cohabitation. Les deux compagnies, pour des raisons qui leur sont propres, sont aujourd'hui pratiquement disparues de la scène sportive provinciale.
Confiant de réussir où d'autres ont trébuché, le groupe InterBox a décidé de saisir l'opportunité de s'emparer d'un marché négligé et qu'il juge prometteur. Séduite par la vision d'un groupe d'hommes d'affaires mené par Rodolphe Beaulieu, le gérant de Georges St-Pierre, l'organisation a annoncé jeudi le début de son implication dans une autre branche des sports de combat. Lancé en collaboration étroite avec le Tristar Gym, SLAMM est né de la volonté d'offrir une plate-forme aux combattants locaux pour qui les occasions de pratiquer leur art se font trop rares.
Le premier événement est prévu pour le 30 novembre au Centre d'Excellence Sports Rousseau de Boisbriand. Le programme de la soirée, qui devrait comprendre une dizaine de combats, n'est qu'au stade embryonnaire, mais on sait déjà qu'Aubin-Mercier sera l'une des têtes d'affiche du programme avec l'ancien joyau de Ringside Alex Garcia.
«Je suis pas mal content qu'InterBox s'implique là-dedans, se réjouit le jeune homme de 23 ans. Pour moi, c'est un peu comme l'arrivée du messie.»
Une expérience, un nouveau modèle
Autant pour Beaulieu, son collègue Philippe Lepage ou encore Firas Zahabi, le réputé entraîneur du Tristar qui pourra désormais faire l'éducation de ses élèves en sachant qu'ils auront un endroit pour mettre ses conseils en pratique, les avantages d'une collaboration avec une institution solidement établie sont aussi nombreux qu'évidents.
Mais pour InterBox, une entreprise prospère investie dans un milieu traditionnellement conservateur, les bénéfices d'une telle aventure sont plus difficiles à cerner. Après un moment d'hésitation, Beaulieu admet qu'il a dû user d'un pouvoir de persuasion aiguisé pour vendre son idée.
«Est-ce que c'était facile de faire la promotion de la boxe il y a dix ans? Non, rappelle l'un des initiateurs du projet SLAMM. InterBox a commencé tout doucement et a réussi à créer une effervescence autour du sport. Aujourd'hui, on parle de la boxe comme d'un sport en déclin et des combats ultimes comme d'un sport en croissance.»
«On a la structure, le modèle et une histoire à succès avec Lucian Bute, commence à expliquer David Messier, le directeur des communications et des relations publiques de l'entreprise. Quand Jean Bédard s'est lancé dans la boxe en 2004, il l'a fait avec Éric Lucas et Stéphan Larouche. Il était très bien entouré. Pour notre percée dans les arts martiaux mixtes, on fait équipe avec un gymnase qui est bien coté à l'échelle mondiale et des hommes d'affaires suivis d'une très bonne réputation. Alors pourquoi pas? Les conditions gagnantes sont là.»
Les conditions gagnantes, oui, mais InterBox, malgré toute son expérience dans l'organisation d'événements et l'expertise qui l'entoure dans le projet qu'elle a décidé d'épauler, se lance dans l'inconnu.
«Le sport des arts martiaux mixtes est bâti sur un modèle complètement différent de celui de la boxe, soulève Messier. C'est pourquoi l'événement du 30 novembre sera important pour nous. On va pouvoir se faire une bonne idée du marché. On saura à quoi s'attendre au niveau de la vente de billets, de commanditaires et de l'intérêt journalistique, par exemple. C'est une soirée qui va nous servir de barème pour orienter notre modèle.»
SLAMM 1, le ballon-sonde de l'organisation, sera diffusé en circuit fermé dans tous les restaurants «La Cage aux Sports» du Québec. Sur le plancher, on espère attirer 3500 spectateurs. «On va en vivre un et après on se va se rassoir et décider comment on oriente tout ça», précise Messier.
Pas d'idées de grandeur
Rodolphe Beaulieu trempe dans le milieu des arts martiaux mixtes depuis assez longtemps pour s'être forgé sa propre idée sur ce qui peut faire flotter ou couler un projet. Il a aussi pris des notes et évalué le résultat des décisions prises par ses prédécesseurs.
Il a donc établi les bases de SLAMM avec des lignes directrices bien précises. L'une d'elles est de ne pas succomber aux ambitions démesurées qui ont incité d'autres avant lui à sortir les billets verts pour attirer des gros noms qui n'ont pas nécessairement assuré un bon retour sur l'investissement.
«On commence avec la relève et on va terminer avec la relève, assure-t-il. Je me souviens des bonnes années des combats ultimes au Québec. On remplissait l'auditorium de Verdun avec les Vigneau et Joël Leblanc. Le Québec aime le talent local, aime s'approprier ses vedettes et les voir monter.»
Oubliez donc les vétérans usés à la corde qui trouvent encore du boulot grâce à la seule mention qu'ils ont autrefois été à l'emploi du UFC. Cette tactique de promotion ne sera pas utilisée par SLAMM, qui veut plutôt miser sur les jeunes d'ici qui se sont fait les dents dans les rangs amateurs. Aeimann Zahabi, Dominic Trépanier et Ryan Hall sont au nombre de ceux qui feront leurs débuts professionnels le 30 novembre.
«Je pense qu'ici, la culture du MMA n'est pas assez développée pour que ce soit payant de faire venir un gros nom de l'étranger que les gens ici ne connaissent même pas, insiste Beaulieu. De plus, la vedette locale nous permet de garder un show abordable et un lien de proximité avec les amateurs.»
En bon vendeur, Beaulieu invite les amateurs de sports de combat à venir voir à l'œuvre, à prix modique, les grandes vedettes de demain. Aubin-Mercier est celui en qui il fonde les plus grands espoirs. «Un futur champion, sans l'ombre d'un doute», lancera-t-il dans un élan d'enthousiasme qui vient habituellement avec le costume de promoteur.
Mais pour l'instant, le principal intéressé ne s'en fait pas trop avec les compliments et les promesses d'un brillant avenir. Le simple fait de savoir qu'il ne s'entraîne plus pour rien lui suffit.
«Je suis peut-être un peu lunatique, mais je n'ai jamais pensé arrêter. Je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques personnes dans mon entourage qui n'ont pas essayé de me convaincre de faire autre chose de ma vie, mais moi ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Je m'entraîne à chaque jour depuis l'âge de 13 ans. Ça n'aurait pas été normal pour moi d'arrêter tout ça. Je regarde une organisation comme InterBox arriver et ça me confirme que j'ai pris la bonne décision.»